La découverte du manuscrit De l’essence double du langage (paru dans les Écrits de linguistique générale en 2002) suscite un regain d’intérêt pour Ferdinand de Saussure et, surtout, permet une réévaluation de son programme scientifique. Dans cette mouvance, une interprétation nouvelle de ce programme a été développée par Simon Bouquet : celui-ci entend, dans un cadre épistémologique de type galiléen radicalisant le principe de différentialité, unifier les champs de la linguistique de la langue et de la linguistique de la parole. C’est à une présentation critique du modèle de Bouquet – dit linguistique néosaussurienne de l’interprétation – qu’est consacrée la première partie de cette thèse. Dans la seconde partie, on a voulu mettre en évidence le caractère largement impensé du principe de différentialité en science du langage. On examine pour cela, comme un cas d’école, le traitement réservé par les grammaires à la théorie du présent de l’indicatif en français. On constate que les grammaires anciennes (du XVIe siècle à la fin du XIXe siècle), antérieures à la divulgation du principe de différentialité par le Cours de linguistique générale, tout autant que les grammaires modernes, postérieures au Cours, sont enferrées dans le paradoxe d’une continuité théorique conjuguée à l’absence d’une théorie satisfaisante et partagée ; et l’on argumente que ce paradoxe tient précisément à ce que ces grammaires rejettent de facto le principe saussurien de différentialité. Une conclusion, en forme d’ouverture, esquisse ce que pourrait être une grammaire décrivant, du point de vue de la langue, le système sémantique du présent en français, ainsi que des lois de corrélation postulées par une linguistique néosaussurienne pour rendre compte de l’essence double du langage qui est d’être simultanément langue et parole. / The discovery of the manuscript De l’essence double du langage [The double essence of language] (which appeared in the Écrits de linguistique générale [Writings in General Linguistics] in 2002) gave rise to a renewed interest in Ferdinand de Saussure and, above all, allowed for a revaluation of his scientific project. As part of this movement, a new interpretation of his project has been developed by Simon Bouquet: this involves bringing together the fields of linguistics of both langue and parole within a Galilean epistemology that radicalises the principle of differentiality. The first section of this thesis is dedicated to a critical presentation of Bouquet’s model – known as the linguistique néosaussurienne de l’interprétation. The second section explores the largely understudied nature of the principle of differentiality in the science of language. The way in which grammar books treat the theory of the present indicative in French is examined as a case in point. It is posited that the old grammar books (dating from the 16th to the 19th century), which preceded the diffusion of the principle of differentiality with the ‘Cours de linguistique générale’; and modern grammar books, coming after the Cours; are enmeshed within the paradox of a theoretical continuity conjugated with the absence of a satisfying and shared theory; and it is argued that this paradox conforms exactly with that which these grammar books reject de facto as the Saussurean principle of differentiality. The conclusion, in the form of an opening, outlines the possibility of a grammar which describes, from the perspective of language, the semantic system of the French present tense; as well as the laws of correlation postulated by a neosaussurean linguistics; to give an explanation of the double nature of language which is at once both langue and parole.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA100162 |
Date | 09 December 2014 |
Creators | Băltăreţu Thénault, Virginica Créola |
Contributors | Paris 10, Bouquet, Simon |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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