Cette thèse examine les mutations des organisations policières et leurs implications sur les pratiques des acteurs du maintien de l’ordre dans les villes de l’espace belge de la fin de l'Ancien Régime à la fin du Premier Empire. Elle interroge plus largement les rapports entre la modernisation administrative et la construction de l’État et se penche sur l’articulation des éléments hérités des structures préexistantes avec ceux apportés au moment des conquêtes révolutionnaires. L’approche proposée est celle d’une histoire de la police napoléonienne « par le bas » et ancrée dans les traces de ses prédécesseurs d’Ancien Régime. Riche en découvertes, elle fait ressortir les mutations à la fois lentes et profondes des organisations policières des villes.L’analyse se concentre tout d’abord sur les mutations des systèmes policiers urbains dans la dernière décennie de l'Ancien Régime, au moment où les Pays-Bas autrichiens et la principauté de Liège sont marqués par des politiques réformatrices et par de fortes tensions révolutionnaires. Ensuite, les transformations des structures et des pratiques survenues à l’occasion des occupations des territoires belges de 1792 à 1795 et des troubles de l’époque du Directoire sont abordées. Cette partie permet de mettre en lumière les polices urbaines sous le Directoire restées, jusqu'à présent, largement méconnues. La thèse se concentre ensuite sur le Consulat, principalement sur la bureaucratisation de l'administration de la police. Les deux chapitres suivants montrent les continuités et les changements dans les pratiques de maintien de l'ordre au cours de la période 1780-1814. Enfin, le dernier chapitre tente d'évaluer comment la police de l'État et les polices urbaines s’articulent, dans la collaboration ou la concurrence, pendant les dernières années de l'Empire napoléonien.Au-delà du passage d’une police de type englobant à une police considérée comme plus moderne car davantage orientée vers la sécurité des personnes, ce parcours chronologique met en lumière les transformations à la fois endogènes et exogènes survenues dans les appareils policiers des villes, bien avant l’annexion des territoires belges à la République française et l’avènement du régime bonapartiste. Les continuités importantes mais aussi le dynamisme et l’autonomie des polices urbaines face à la centralisation de l'État nuancent et rendent plus complexe l’analyse de la construction politique napoléonienne. Cette thèse donne également la mesure des similitudes entre les épisodes de troubles (1787-1795, 1809, 1813-1814) dans les pratiques de surveillance ou le recours à l’armée.Au terme de l’expérience napoléonienne, les polices municipales léguées par le Premier Empire apparaissent davantage comme le résultat d’un syncrétisme entre des éléments proprement locaux et originaux et d’autres importés et digérés par les villes de l’espace belge. La personnalité forte de certains individus appelés à remplir des fonctions de police, y compris sur le terrain, peut avoir une influence importante dans la mise en place, la diffusion et l’appropriation de nouvelles pratiques. Dès lors, la modernité policière – qui n’est pas nécessairement synonyme de centralisation – émerge, selon les lieux, en des temps et sur des objets différents. Elle se donne à voir surtout à travers cette synthèse qui s’opère entre des éléments locaux, héritage éventuel des structures d’Ancien Régime, et des éléments importés à l’occasion des conquêtes révolutionnaire et napoléonienne. / This thesis examines the changes in police organizations and their implications for the practices of actors maintaining public order in cities of Belgian territories from the end of the Ancien Régime to the end of the first Empire. More broadly it questions the relationships between administrative modernization and construction of the State, and concentrates on the interrelationships between elements inherited from pre-existent structures with those introduced at the moment of revolutionary conquests. The approach suggested is that of a history of the Napoleonic police “from the bottom up”, one anchored in traces of its predecessors from the Ancien Régime. Rich in discoveries, it lays emphasis on what are slow but profound changes in city police organizations.The analysis, first of all, concentrates on changes in urban police systems in the last decade of the Ancien Régime, at the moment when the Austrian Netherlands and the principality of Liège were marked by reform policies and strong revolutionary tensions. Subsequently, transformations in structures and practices occurring during the occupations of Belgian territories from 1792 to 1795 and the disorders of the Directory period are approached. That section allows us to shed light on the urban police forces under the Directory, something that has been so far largely ignored. The thesis then concentrates on the Consulate, principally on its bureaucratization of police administration. The following two chapters show continuities and changes in practices in the maintenance of public order during the 1780-1814 period. Finally, the last chapter seeks to evaluate how the State police force and the urban police forces got along, in collaboration or competition, during the last years of the Napoleonic Empire.Beyond transiting from a comprehensive type of police force to a police force considered more modern in being more oriented towards the security of people, this chronological itinerary sheds light on both the endogenous and exogenic transformations occurring in the city police apparatuses, well before the annexation of Belgian territories to the French Republic and the advent of the Bonapartist regime. Important continuities, as well as the dynamism and autonomy of the urban police regarding State centralization simultaneously nuance and make analysis of Napoleonic political construction more complex. This thesis also assesses the similarities between the episodes of disorders (1787-1795, 1809, 1813-1814) in surveillance practices and recourse to the army.At the end of the Napoleonic experiment, the municipal police forces bequeathed by the First Empire appear to be more the result of a syncretism between strictly local and original elements and others imported and digested by cities in Belgian space. The strong personality of certain individuals called upon to exercise policing functions, including in the field, may have had an important influence on the installation, the dissemination and the adoption of new practices. Consequently, police modernity – which is not necessarily synonymous with centralization – emerged, depending on the places, times and various objects. This can be seen above all through the synthesis which took place between local elements, the possible inheritance of structures from the Ancien Régime, and elements imported on the occasion of revolutionary and Napoleonic conquests.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016LIL30001 |
Date | 07 January 2016 |
Creators | Renglet, Antoine |
Contributors | Lille 3, Université catholique de Louvain (1970-....), Denys, Catherine, Tixhon, Axel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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