La « crise environnementale » médiatisée sous la forme d'une série de dommages et de menaces qui pèsent sur la survie de notre espèce (Larrère, 1997) oblige nos sociétés à prendre en compte des êtres et des phénomènes qui ne sont pas humains et que nous avions exclus de notre sphère morale. Plus largement, ces enjeux questionnent la façon dont nous nous organisons pour agir dans les espaces que nous partageons de facto avec une pluralité d'entités. Cette recherche doctorale s'intéresse plus particulièrement aux pratiques de gestion des « espaces de nature ». Les gestionnaires de ces espaces sont amenés à répondre à une multiplicité de demandes et d'injonctions, autrement dit à « écologiser » leurs façons de faire. Mais bien traiter la « nature » ou l'environnement ne peut se faire au détriment d'un bon accueil des publics. Nous observons et décrivons la mise en place de quatre initiatives se disant « éthiques » ou « responsables » sur des terrains variés, du plus urbain (espaces verts de Grenoble) au plus « sauvage » (Mt Jefferson Wilderness, en Oregon). Il apparaît que la responsabilité du devenir de ces espaces n'est pas uniquement celle des gestionnaires : elle est distribuée le long d'une chaîne d'humains et de non-humains. Les acteurs comptent sur une pluralité de personnes, d'êtres et de choses pour maintenir ces espaces. Leurs pratiques relèvent d'expérimentations tout à la fois scientifiques, politiques et morales (Latour, 1995 ; Hache, 2011). Ils construisent des compromis situés et précaires, selon une éthique du faire-avec. Dans ce mouvement, les parcs et jardins – comme figures de la séparation et de la domestication – cessent d'être la seule échelle pertinente de réflexion et d'action : d'autres formes socio-spatiales émergent. Une géographie des associations hétérogènes (Murdoch, 1997) nous apparaît alors féconde pour rendre compte des liens, des emboîtements d'échelles et des évènements éthiques fragmentaires qui se jouent dans le travail continu de ces collectifs qui œuvrent à construire un monde commun constamment renégocié. / The “environmental crisis”, made public through various damages and threats that challenge the survival of our species (Larrère, 1997), urges our societies to include beings and phenomena that are not solely human into our moral sphere. Also, it requires to re-think the way we plan our activities in spaces than we share de facto with a large number of entities. This doctoral research focuses on “natural areas” management policies. Park and wilderness managers have to comply with an increasing diversity of norms and rules, they have to “ecologize” the way they do things. But caring for “nature” or the environment can hardly exclude the well-being of humans. We analyse four management projects labelled as “ethical” or “responsible” on different terrains, from Grenoble city parks (France) to Mt Jefferson Wilderness (Oregon). The responsibility concerning the future of these “natural areas” appears to no longer be only that of the managers: it is distributed along a chain of humans and non humans. People in charge of these areas count on many individuals and things. Their actions can be considered as experiments that are altogether scientific, politic and moral (Latour, 1995; Hache, 2011). They build site-specific precarious compromises following an ethics of coping. In this context, parks and wildernesses cease to be relevant scales of action and other socio-spatial forms emerge. A geography of heterogeneous associations (Murdoch, 1997) seems to offer one interesting means of following the links operating in these attempts to build a common world.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012GRENH028 |
Date | 10 December 2012 |
Creators | Tollis, Claire |
Contributors | Grenoble, Bourdeau, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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