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Soutien à domicile ou relogement d'un aîné en perte d'autonomie, n'ayant pas été déclaré inapte et vivant seul : prise de décision de la triade aîné, enfants et travailleur social

S’il est bien connu que la grande majorité des personnes vieillissantes souhaitent pouvoir vivre dans leur domicile aussi longtemps que possible, pour diverses raisons, il semble que le choix de rester à la maison n’en devienne plus un à un moment ou à un autre dans le processus de perte d’autonomie fonctionnelle pouvant subvenir avec le vieillissement. Ce changement de milieu de vie, lorsqu’il n’est pas le premier choix d’une personne apte à consentir à ce « soin », a suscité notre intérêt, plus particulièrement dans une situation où la personne aînée vit seule à domicile. Comment une personne n’ayant pas été déclarée inapte qui aspire à rester chez elle en vient-elle à la décision de se reloger vers une ressource d’habitation?
L’expérience du processus décisionnel résultant du soutien à domicile ou du relogement d’un aîné en perte d’autonomie, n’ayant pas été déclaré inapte et vivant seul, n’a jusqu’à présent, à notre connaissance, pas fait le sujet d’étude au Québec. Par le biais de cette recherche, nous voulons comprendre ce processus décisionnel important en explorant les perspectives de l’aîné, des enfants impliqués dans la décision et du travailleur social. Les facteurs susceptibles d’influencer le soutien à domicile ou le relogement d’un aîné, les rôles adoptés par chacun des acteurs, le pouvoir décisionnel de chacune des personnes impliquées de même que les perspectives de tout un chacun sur la situation de l’aîné et les limites du soutien à domicile forment le centre de nos questionnements. Beaucoup d’enjeux concernent les décisions prises à l’égard des aînés au nom de leur bien et de leur intérêt et les tensions entre la sécurité et la liberté se rejoignent dans cette recherche pour questionner le rapport au risque de chacune des parties prenantes à la décision de soutien à domicile ou de relogement d’un aîné en perte d’autonomie, n’ayant pas été déclaré inapte et vivant seul.
Cette recherche conduite selon une méthode qualitative procède à trois études de cas pour mieux comprendre le processus décisionnel de relogement d’aînés n’ayant pas été déclarés inaptes et vivant seuls. Chaque cas est formé d’une triade composée d’un aîné, le(s) enfant(s) impliqué(s) dans le processus décisionnel et un travailleur social. L’échantillonnage de type non-probabiliste s’est effectué selon la méthode boule de neige. La collecte de données a été réalisée par des entrevues individuelles semi-dirigées à l’aide de grilles d’entrevues. Cette recherche se distingue par sa méthodologie d’analyse intra-triades et inter-triades, mais aussi dans l’angle du rapport au risque qui apporte une toute nouvelle analyse à un processus décisionnel déjà très peu étudié.
Les résultats démontrent l’implication non-négligeable des enfants dans le processus décisionnel de relogement de leur parent en perte d’autonomie par l’influence que leurs inquiétudes pour la sécurité de leur parent à domicile exercent sur l’analyse de la situation du travailleur social. Dans une sincère intention de faire au mieux pour la personne aînée, les enfants et les travailleurs sociaux tendent vers des interventions de protection en recherchant pour cette dernière une sécurité et une surveillance qu’ils veulent omniprésentes, au détriment de la valorisation de sa capacité à s’autodéterminer et à gérer les risques comme elle l’entend.
Selon les résultats obtenus, il apparaît que de la part des parties prenantes à un tel processus décisionnel, les risques et le fardeau qu’ils représentent chez ceux qui les identifient influencent à la fois leur implication auprès de la personne à domicile et leur rôle dans le processus décisionnel. Plus les risques inquiètent les enfants, plus leur implication au domicile de leur parent augmente, de même que leur risque d’épuisement. Lorsque les enfants atteignent leur limite dans l’accompagnement à domicile de leur parent en perte d’autonomie, leur épuisement s’ajoute comme un élément favorisant le relogement de la personne aînée vivant seule dans l’évaluation du travailleur social. De plus, nous avons observé qu’une différence dans la tolérance aux risques des enfants et de leur parent aîné se manifeste chez le travailleur social comme un besoin d’apaiser les insécurités des enfants. Une négociation s’engage alors entre les travailleurs sociaux, la personne aînée et ses enfants vers une option qui semble pouvoir profiter à toutes les parties : le relogement.

Identiferoai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/11065
Date January 2017
CreatorsCarrier, Julie
ContributorsLambert, Annie
PublisherUniversité de Sherbrooke
Source SetsUniversité de Sherbrooke
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeMémoire
Rights© Julie Carrier

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