Il est fréquemment observé en clinique que les femmes sont plus susceptibles de vivre une douleur récurrente, des niveaux de douleur plus sévères et de la douleur de plus longue durée, que les hommes (UNRUH, 1996). Plusieurs facteurs ont déjà été pris en considération pour expliquer cette réalité, qu'ils soient psychosociaux ou physiologiques. Cependant, certaines évidences nous permettent de croire que les hormones sexuelles ont un important rôle à jouer dans ces différences de perception et de modulation de la douleur entre les hommes et les femmes. En effet, les seuils de douleur et la prévalence de certaines maladies varient selon le statut hormonal de l'individu (avant la puberté, pendant le cycle menstruel, pendant la grossesse, après la ménopause et l'andropause). Afin de nous permettre d'étudier le rôle individuel des principales hormones sexuelles (oestrogène, progestérone et testostérone) chez les deux sexes, un modèle animal de douleur de type inflammatoire, le test à la formaline, a été utilisé. L'intérêt de ce test réside dans le fait que les phénomènes nociceptifs observés sont multphasiques [sic] : une phase aiguë, une phase d'inhibition et une phase tonique. Ces phénomènes s'apparentent à différents types de douleurs observées en clinique. Ainsi, le premier projet présenté dans cette thèse nous a permis d'évaluer, par l'administration de ces hormones à des rats gonadectomisés, l'effet hypoalgésique ou hyperalgésique de chacune des hormones sexuelles sur la perception et la modulation de la nociception suite à un test à la formaline. Ces tests effectués chez les douze groupes de rats utilisés pour ce projet nous ont permis d'observer que (1) la testostérone joue un rôle hypoalgésique sur les phases dites nociceptives (aiguë et tonique) et que (2) les hormones sexuelles femelles ont une action modulatrice sur le mécanisme inhibiteur observé en interphase du test à la formaline. Cet effet sélectif des hormones sexuelles femelles sur une phase inhibitrice, l'interphase, a été la source d'inspiration pour le deuxième projet rapporté dans cette thèse, soit l'étude de l'implication des opioïdes endogènes dans ce mécanisme inhibiteur. C'est d'ailleurs par l'injection de naloxone, un antagoniste non spécifique des récepteurs opioïdes, que nous avons tout d'abord évalué la composante opioïdergique de l'interphase. La première conclusion tirée de cette étude est que l'interphase est opioïdergique chez les femelles et non opioïdergique (ou faiblement opioïdergique) chez les mâles. Suite à cette observation, nous avons ensuite décidé d'explorer d'avantage ce phénomène chez la femelle en évaluant à quel niveau du système nerveux (périphérique, spinal ou supraspinal) cette action prenait place. Différentes combinaisons d'antagonistes spécifiques pour chaque type de récepteurs opioïdes ([mu], [delta], et [kappa]) ont été également administrées aux rats femelles afin de déterminer le mode d'action spécifique de l'interphase.Il nous a été possible d'observer que cette action des opioïdes se fait principalement au niveau spinal mais également au niveau supraspinal et que l'activation combinée des récepteurs [delta] et [kappa] était nécessaire pour expliquer ce phénomène. Finalement, ces projets nous ont permis de mieux comprendre le rôle des hormones sexuelles dans les différences de douleur observées entre les hommes et les femmes et nous servirons à orienter des recherches futures vers des traitements adéquats selon le sexe de l'individu.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/4258 |
Date | January 2007 |
Creators | Gaumond, Isabelle |
Contributors | Marchand, Serge |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse |
Rights | © Isabelle Gaumond |
Page generated in 0.0024 seconds