Cette thèse porte sur les bouffons rituels (kɔrɔdugaw) de la région de Ségou au Mali, elle analyse d’une part leur place dans la société malienne, d’autre part les procédés qui leur permettent d’élaborer cette forme bouffonne reconnaissable quelle que soit l'aire culturelle considérée. Caractérisée par un type de comportement à première vue contraire aux conduites sociales ordinaires, la figure du bouffon captive l’attention par des intrusions à la fois ludiques et subversives dans la vie quotidienne comme dans les cérémonies. Qualifié au Mali de « sans honte », ce type de comportement bouffon soulève plusieurs questions concernant ses mécanismes, son efficacité, l’équilibre entre norme et transgression, ou encore le positionnement dans la structure sociale d’une catégorie qui transcende à première vue tous les cadres.Pour y répondre, la bouffonnerie est appréhendée ici à partir des acteurs et de la description minutieuse de leurs interventions, de manière à explorer la manière décalée dont ils investissent la société. Les activités des bouffons sont tout d’abord mises en regard avec celles d’autres intervenants cérémoniels, comme les griots, les chasseurs et les forgerons avec qui ils partagent certains attributs, producteurs de musiques et de danses, gens de savoir, contre-sorcier ou encore agents suscitant des dons. En second lieu, la focale est mise sur la forme bouffonne par l’étude des situations forgées, des procédés récurrents mobilisés, et de leurs usages dans des contextes cérémoniels particuliers. Enfin, la morphogenèse de la catégorie sociale kɔrɔdugaw est analysée de même que la manière dont elle se positionne dans la structure sociale. Il se dégage de l’analyse un mode de présence complexe et processuel à la frontière entre l’individu et la société, par lequel émerge un pouvoir-faire adapté aux différents rôles sociaux qui leurs sont attribués. / This research is about the ritual clowns (kɔrɔdugaw) of the region of Segou, in Mali. It analyses both their place in the Malian society and the processes that allow them to develop this recognizable clowning form observed in every cultural areas. The figure of the ritual clown is characterized by a type of behaviour that seems in opposition to the ordinary social conducts. Both playful and subversive, it’s intrusion in everyday life or in ceremonies captivates the attention of all participants. This behaviour, qualified in Mali as "shameless", raises several questions concerning its mechanisms, its efficiency, the balance between standards and transgressions, or the positioning in the social order of such a category which, at first sight, transcends all the frames. To explore the unconventional way ritual clowns invest the society, the analysis rely on the meticulous description of these social actor’s interventions. Firstly, the activities of the clowns are compared with those of other ceremonial participants, such as the griots, the hunters and the blacksmiths, people with whom they share certain attributes as producers of music and dance, people of knowledge, agents against witchcraft, agents generating ritual gifts. Secondly, the focus is put on the clowning form through the study of the situations they create, their recurring processes, and their uses within particular ceremonial contexts. Finally, the morphogenesis of the social category kɔrɔdugaw is analysed as well as the way it positions itself within the broader social structure. Ritual clowning appears from the analysis as a complex and processual mode of presence that is on the border between the individual and the community, by which emerges a capacity to act, adapted to the various social roles it endorses.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA100094 |
Date | 25 September 2015 |
Creators | Carbonnel, Laure |
Contributors | Paris 10, Houseman, Michael |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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