Le topos d'une Vienne « bastion de la Chrétienté » naquit, au début du XVIe siècle, d'une menace turque toujours imminente depuis la bataille de Mohács (1526) et le siège de 1529. Ce leitmotiv imprégna pendant près d'un siècle les représentations de la cité mais aussi la pastorale urbaine. Alors que les idées de la Réformation rencontraient à Vienne un réel succès, les princes Habsbourg tentèrent de trouver une voie de compromis déterminée à la fois par leur admiration pour Erasme et les nécessités de la lutte contre la Sublime Porte. Le péril ottoman amena l'archiduc Ferdinand (1522-1564) puis son fils Maximilien (1564-1576) à adopter une politique de compromis religieux face aux Ordres de Basse-Autriche passés majoritairement du côté de la Réformation. La dépendance fiscale accrue du prince face aux Ordres l'incita à exalter l'identité chrétienne commune de ses sujets pourtant divisés religieusement. L'unité demandée par les mandats territoriaux fut relayée par la pastorale et repensée par les membres de l’Eglise établie. La prédication devint le vecteur d’une identité chrétienne adiaphorique qui connut son apogée à Vienne sous Maximilien II. La coexistence qui s'instaura jusqu'au début des années 1580 fut scandée toutefois d'inévitables scandales qui traversèrent la communauté urbaine au rythme des affrontements avec les Ottomans ou selon le calendrier de l'Église établie. Le compromis élaboré dans la cité se fissura alors peu à peu sous l'effet d'une reconquête catholique de plus en plus virulente, pour n'être remis en cause qu'à partir des années 1580 sous l'influence conjuguée des jésuites, de l'évêque Kaspar Neubeck (1574-1594) et de l'archiduc Ernst (1576-1592). / The topos of Vienna as a “bastion of Christianity” emerged in the early centuries of the sixteenth century in the context of the Turkish threat, ever-present since the battle of Mohács (1526) and the siege of 1529. This leitmotif permeated the representations of the city but also urban pastoral for nearly a century. Although Reformation ideas found considerable success in Vienna, Hapsburg princes attempted to find a compromise shaped both by their admiration for Erasmus and the necessity of combatting the Sublime Porte. The Ottoman question prompted Archduke Ferdinand (1522-1564) and then his son Maximillian to adopt a politics of religious compromise concerning the Orders of Lower Austria which had largely sided with the Reformation. The financial dependence accrued by the prince on the Orders forced him to exalt the common Christian identity of his subjects however religiously divided they were. The unity demanded by regional mandates was disseminated by pastoral and spread by members of the established Church. Preaching became the vector of an adiaphoric Christian identity which reached its apogee in Vienna under Maximilian II. The coexistence which held until the start of the 1580s was nonetheless affected by the inevitable scandals that visited the urban community amidst clashes with the Ottomans and disputes concerning the calendar of the established Church. The devised compromise also fractured bit by bit on account of the increasingly virulent Catholic reconquest not to be activated until after the 1580s under the joint influence of the Jesuits, Bishop Kaspar Neubeck, and Archduke Ernst (1576-1592).
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA040200 |
Date | 20 November 2015 |
Creators | Roche, Clarisse Sophie |
Contributors | Paris 4, Universität Wien, Tallon, Alain, Vocelka, Karl |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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