Notre étude envisage le développement de la yole ronde, « sport traditionnel » pratiqué à la Martinique, département français d’Amérique. Alors que quasiment toutes les disciplines sportives actuelles pratiquées à la Martinique ont été importées d’Europe, preuve d’un conditionnement social et culturel, la voile à la Martinique est restée sous sa forme traditionnelle, et se pratique avec des embarcations locales comme la yole ronde.Au cours de son histoire, la yole ronde a connu de profondes mutations qui ont irrémédiablement transformé les formes de pratique et remis en question son caractère traditionnel. Ce sport « pieds-nus » connaît depuis une dizaine d’années un regain d’intérêt auprès de la population martiniquaise qui la considère comme LA pratique ayant résisté à la longue période d’acculturation occidentale. Mais cette vision de l’activité n’est-elle pas un simple construit social, permettant aux Martiniquais de s’identifier à une pratique signifiant le savoir, l’habileté ou la richesse culturelle d’un peuple en quête d’identité ? N’est-elle pas instrumentalisée par les élites politiques locales afin d’en tirer toute sorte de profits, économiques, politiques ou encore culturels ? Par des informations recueillies au travers de sources documentaires mais surtout par les témoignages d’acteurs qui vivent et pratiquent la yole au quotidien, nous montrons que le processus d’innovation culturelle à l’œuvre dans la yole, tout en se complexifiant, a produit, étape après étape, une configuration systémique de l’expression identitaire et de l’intégration sociale à laquelle sont liés des enjeux socio-économiques et politiques.L’analyse détaillée de cet objet anthropologique singulier gagne à être replacée dans le cadre d’une approche comparée qui nous a permis d’inventorier tout un univers de pratiques et de modèles qui partagent entre eux sinon une insularité (Martinique, Guadeloupe, Polynésie française), à tout le moins une situation périphérique (Bassin d’Arcachon et Pays basque) concomitante à une certaine maritimité et une commune « remise au goût du jour » des anciens gréements ou engins de navigation, identifiée par un processus de « sportivisation ». / Through this document we intend to study the expansion of « yole sailing », a traditional sport practised in Martinique , a French overseas department. Whereas practically all the current sports done in Martinique have been imported from Europe, which reveals social and cultural conditioning, sailing has still maintained its traditional practices, using local skiffs such as the « yole ronde ».All along its history, the « yole ronde » has undergone profound changes that have irreparably altered the conventional practices and called its traditionalism into question. For ten years or so this « barefoot sport »has aroused a renewed interest among the natives of Martinique as they regard it as THE practice that has stood up to the long period of Occidental acculturation. But isn’t that view of yole sailing a mere social trend built up to lead the people of Martinique to identify with a practice bringing out the knowledge, the skill and the cultural richness of a people in search for identity ? Isn’t it an ideological tool used by the main local politicians in order to derive all sorts of economic, political or cultural benefits ?Thanks to information collected through documents, but mainly thanks to the testimonies of the actors daily involved in this practice, we demonstrate that the cultural innovation process implemented in yole sailing, while getting more complex, has produced, step by step, a systemic configuration of the desire for identity and the social integration connected to socioeconomic and political stakes.It will be better for the detailed analysis of this singular anthropological subject to be put back within the context of a comparative approach which has enabled us to make an inventory of a world of practices and of models that share, if not the fact of being islanders (Martinique,Guadeloupe, French Polynesia), then at least a peripheral situation (Bassin d’Arcachon and the Basque country), concomitant to a certain maritimity and a common « bringing up to date » of the old sailing ships or tools, identified by a process of « sports practising ».
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010BOR21765 |
Date | 09 December 2010 |
Creators | Moravie, Maguy |
Contributors | Bordeaux 2, Menaut, André, Callède, Jean-Paul |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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