Le traitement actuel de la violence exprime nos inquiétudes et nos préoccupations devant un monde rendu de plus en plus incertain. Cette violence nous convie à de nouveaux paradigmes, imaginaires, signes et représentations. Conséquemment, l'inflation des images de la violence entretient le désordre et le chaos de notre monde moderne, en plus d'en faire la propagande sous la forme d'un spectacle convenable et standardisé. À partir du roman Shame de Salman Rushdie, il sera montré que les images de la violence proposées par cet écrivain font émerger une violence fondatrice, un objet de pensée riche en interprétations, contrairement à une violence spectaculaire dénuée d'ambiguïtés et de nuances. À ce propos, les positions de plusieurs penseurs sur la question de la violence, du rapport à l'image et à la fiction seront abordées afin de mieux comprendre le rôle de la figuration de la violence dans l'œuvre romanesque de cet écrivain. L'étude du processus de figuration servira à dégager un réseau de figures construites autour de la violence et caractérisées par le dualisme et l'altérité. À partir du personnage principal de Shame, une idiote qui incarne et transcende le sentiment de honte, il s'agira d'examiner la relation subversive qu'entretiennent figure et affect. Dans ce cas-ci, la figure de l'idiot qui est à la fois une puissance d'affect et de concept, nous autorise à penser l'origine de la violence, mais permet aussi de poser un regard neuf sur le monde. Ce mémoire dépeint la manière singulière dont le récit décante le processus de figuration, c'est-à-dire en mettant une distance avec ses propres figures consentant ainsi à la prise de recul nécessaire d'une posture critique. Une critique de la violence deviendra donc le moteur d'une écriture peuplée de ruptures, de répétitions et d'exacerbations visant à détourner la violence contemporaine en l'attaquant avec ses propres armes. La figuration de la violence autorise la représentation de l'irreprésentable et l'aveu de l'inavouable et est en ce sens perçue comme une stratégie de subversion narrative et textuelle qui détruit les formes sclérosées de la littérature et vient modifier l'acte de lecture. Cette violence qui s'immisce dans l'imaginaire de Rushdie, en plus d'exposer les complexités de l'identité et notre rapport avec l'Autre, se mêle aux procédés littéraires des romans postmodernes afin de les transformer et les enrichir. Ce mémoire propose enfin une étude des particularités de la métafiction, de l'imaginaire contemporain, ainsi que de la satire, tactique de subversion par excellence.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Violence, figuration, imaginaire, subversion, dualisme, identité, métafiction, postmodernité, Salman Rushdie, Shame.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.3898 |
Date | 08 1900 |
Creators | Châteauvert, Ann |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/3898/ |
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