À l’heure du plein exercice d’une médecine à la logique technoscientifique, fondée sur les preuves et le factuel, appelée aussi Evidence Based Medicine, reposant sur les principes scientifiques de quantification, de visualisation et d’universalité de la biomédecine ; à l’heure d’une santé désormais définie par la statistique, de la souffrance humaine étalonnée sur le modèle du simple fonctionnement cérébral, l’homme postmoderne se trouve pris dans une hyper-médicalisation de l’existence. Ce présent travail de thèse souhaite rendre compte d’une réalité clinique du soin en milieu gérontologique. La logique de rentabilité obsédante, l’évaluation chiffrée systématisée, leur alliance avec la pulsion de mort et les dérives qui en résultent, tant dans leurs discours que dans leurs mises en actes, ainsi que le défi éthique lancé à la société qu’elles représentent devront être analysées. La seule valeur marchande que le patient peut représenter dans la recherche de rendement et de bénéfice nous pousse à interroger directement le devenir de la subjectivité et à poser inévitablement les questions relatives à l’ontologie, à l’anthropologie d’un sujet vivant la postmodernité et réduit, en tant que patient, à incarner ce qu’Hannah Arendt a nommé l’« Œuvre ». Car en effet : cette postmodernité dont nous sommes contemporains, via le progrès scientifique rejette purement et simplement le manque structural fondateur de tout sujet, pour viser une certaine artificialisation de l’être. Il s’agit alors de démontrer que la psychanalyse peut encore, de par sa méthode et son herméneutique, répondre aux exigences éthiques actuelles. Dès lors, s’engager dans une écoute des signifiants que le malade adresse équivaut à garantir, dans un tel contexte, ce que Michel Foucault appelait « un processus de re-subjectivation » et occasionne la réintroduction d’une « errance éthique minimale » désormais indispensable afin d’éviter toute clôture définitive du sujet malade. In fine accepter de considérer qu’un autre discours subjectif subsiste, même paré des traits de l’erreur a priori, et qu’il ne constitue pas un « néant de savoir au vrai » mais un savoir intuitif cherchant à se constituer du côté du sujet malade selon sa propre logique, atteste que cette éthique psychanalytique est de nature pleinement anthropologique. / When medicine based on a techno-scientific logic is widely practised based upon proofs and facts, this ‘Evidence Based Medicine’ is supported by the scientific principles of quantification, presentation and the universalism of biomedicine. When health is defined by statistics, when human suffering is measured on a simple model of brain function, the postmodern citizen is taken over by a hyper-medicalisation of existence. This thesis seeks to account for a healthcare actuality in geriatric medicine. The obsessive logic of value for money, systematic statistical evaluation and their alliance with the death drive and its consequences in discourse and action, as well as the ethical challenge they pose to the society that they represent require analysis. The sole market value the patient represents in research for return and advantage requires us to examine the issue of the future of subjectivity directly and inevitably to ask questions about the ontology, and anthropology of the living postmodern subject reduced, as a patient to an incarnation of what Hannah Arendt termed ‘work’. Indeed, our contemporary postmodernity, through scientific process rejects purely and simply the fundamental structural lack of each subject, creating a certain artificiality of being. The task then, is to demonstrate that psychoanalysis through its methods and hermeneutics can still respond to contemporary ethical demands. Consequently focusing on listening to the signifiers the patient evokes works to safeguard, in this context, what Michel Foucault termed ‘a re-subjectivation proces’ and offers the opportunity to reintroduce the ‘minimal ethical errance’ currently indispensable in avoiding definitive closure of the ill subject. Finally, we accept the consideration that an alternative subjective discourse remains, even dressed up in errors, and that it does not constitute a ‘negation of truth knowledge’ but an intuitive knowledge created by the ill subject according to their own logic, attesting that these psychoanalytical ethics are clearly anthropological in nature.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011AIX10073 |
Date | 12 September 2011 |
Creators | Aillaud, Jean-Daniel |
Contributors | Aix-Marseille 1, Del Volgo, Marie-José |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0028 seconds