Plusieurs analyses ont tenté d’analyser l’accident de Fukushima Dai Ichi. Ces publications proposent surtout des mesures préventives et mobilisent des approches classiques de la sécurité nucléaire. Ainsi, l’aspect humain de la gestion de la crise en temps réel trouve peu de place.Les auditions par le Gouvernement de Yoshida, le directeur de la centrale, permettent de combler ce vide. Nous les considérons comme un récit de vie, dans lequel le directeur dépeint son vécu en situation extrême. Durant quatre jours, le collectif autour de lui fait face à des conditions d’intervention extrêmement entravées et avec des ressources très limitées. Malgré une menace de leur intégrité physique, psychologique et sociale, ils parviennent à surmonter la difficulté et à éviter le pire.Le concept de "coping" désigne justement les efforts effectués dans des situations stressantes. Ces efforts dépendent de la représentation que l’individu a de la situation. Dès lors, une approche qualitative du récit de Yoshida nous permet d’étudier les stratégies de coping mobilisées pendant l’accident et les différents facteurs qui les ont influencés. Nos résultats montrent que si ces stratégies sont actives au début de la crise, l’impossibilité d’agir et le tarissement des ressources rendent Yoshida passif et le plongent dans des considérations morbides. L’anticipation et l’élaboration de solutions alternatives laissent leur place à la résignation.D’autre part, hormis les explications techniques et opérationnelles, le directeur nous décrit dans son récit les conditions émotionnelles, cognitives et relationnelles de la gestion de l’accident. Il rend hommage à ses travailleurs qui sont décrits comme des héros méconnus. La construction du récit de vie lui permet de réhabiliter son collectif en se représentant comme membre d’un groupe ayant sauvé le Japon en prenant des risques inouïs, sans être soutenu.Les récits de vie nous donnent un accès aux événements tels qu’ils ont été vécus. Ils nous éclairent sur les ressorts qui permettent aux organisations de redéfinir leur action dans des situations à la fois dangereuses et urgentes. Ils remettent ainsi l’humain au centre des analyses des accidents. / The Fukushima Dai Ichi nuclear accident was analysed in many publications. These studies followed classical approaches and focused on drawing lessons to improve nuclear facilities’ preventive measures. Therefore, the human aspect of the crisis management is not addressed enough.The hearings of the plant’s superintendent Yoshida by the Government’s inquiry Committee may help us tackle this issue. We consider that the transcriptions of the hearings are a life narrative of superintendent Yoshida. This narrative depicts his experience throughout an extreme situation. During four days, the workers around him dealt with extremely harsh conditions and had very limited resources available. Despite the threat to their physical, psychological and social integrity, they managed to overcome the hardship and prevented the worse from happening.Coping is a notion that refers to the specific efforts carried out to adjust to stressful situations. These efforts depend on the representation the individual forms of the situation. A qualitative study of Yoshida’s narrative allows us then to understand coping strategies carried out and the individual and contextual factors that came into play. We found that coping strategies were active after the arrival of the tsunami, but with the scarcity of resources and the impossibility to intervene on the reactors, Yoshida became more passive and began having morbid thoughts. As the crisis unfolded, anticipation and elaboration of alternative solutions left room to resignation.The narrative provides us technical and operational explanations, but Yoshida also describes emotional, cognitive and relational aspects of the crisis management. He pays tribute to the workers depicted as unsung heroes. The construction of his life narrative allows him to rehabilitate his collective of workers that took incredible risks to save Japan with very little support.Life narratives provide us with events as they have been experienced. They highlight the mechanisms that help organisations redefine their action in dangerous and urgent situations. Life narratives help us put the human back at the centre of accidents analyses.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PSLEM057 |
Date | 19 December 2017 |
Creators | Afrouss, Aissame |
Contributors | Paris Sciences et Lettres, Guarnieri, Franck |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0023 seconds