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Relation entre la performance financière et la performance sociale/environnementale : une analyse critique

Pour un nombre croissant d'épargnants, il ne convient plus d'investir dans les entreprises qui ne respectent pas leurs employés, l'environnement, les droits de l'homme ou les minorités visibles, ou qui adoptent des comportements qui ne sont pas compatibles avec leurs valeurs. Pour l'ensemble de ces raisons, l'investissement socialement responsable (ISR) a connu une croissance fulgurante durant les dernières années. Pour répondre aux besoins de ces investisseurs, des organisations qui certifient ou évaluent la performance sociale des entreprises ont vu le jour partout dans le monde. Plus encore, certains pays ont même adopté des lois pour baliser les externalités des firmes et les Nations Unies, par le biais des principes régissant l'ISR, ont catalysé et renforcé cette tendance. Toutefois, l'argument incontournable de la croissance de l'ISR est la preuve irréfutable qu'investir dans les entreprises socialement responsables est aussi rentable et risqué qu'investir de manière traditionnelle. Malheureusement, jusqu'à maintenant, les diverses recherches n'ont pas réussi à trouver des résultats concluants et convergents. Les trois principales explications avancées pour expliquer cette divergence sont : la diversité des choix méthodologiques, la complexité de la relation et son caractère dynamique. D'un côté, examiner les liens de dépendance entre certains facteurs méthodologiques et la relation entre la performance sociale (PS) ou environnementale (PE) et la performance financière (PF), et d'un autre côté, étudier ce lien dans un cadre conceptuel non contraint linéairement et à travers le temps, revêt donc toute sa légitimité. Cette thèse composée de trois articles consiste principalement à examiner les divers aspects de la relation entre la PS ou la PE et la PF. En utilisant la PS (PE) des entreprises américaines, mesurée par KLD sur la période de 1991 à 2007, nous avons pu tester empiriquement trois problématiques de recherche visant à contribuer à l'avancement des connaissances autour de la relation entre la PS (PE) et la PF. L'objectif du premier article consiste à examiner les différents facteurs expliquant la divergence des résultats quant à la relation entre la performance sociale (PS) et la performance financière (PF). Pour ce faire, nous conduisons une recherche expérimentale afin d'apprécier l'impact des aspects d'ordre méthodologique sur la nature de la relation. Ces facteurs méthodologiques ont trait à la période d'étude retenue, au choix des mesures de PS et de PF, à l'échantillon et à la formulation linéaire. À partir d'un protocole expérimental basé sur la réplique de l'étude de Waddock et Graves (1997), nous testons tour à tour l'effet de chacun de ces facteurs de divergence ainsi que leurs effets conjoints. Nos résultats montrent que la relation varie selon la période retenue, la mesure de PS et de PF, l'échantillon ainsi que leurs effets conjoints et montrent que finalement, cette relation n'est pas forcément linéaire, telle que supposée dans la littérature pertinente. Nos conclusions permettent ainsi de confirmer que la nature de la relation est contingente aux choix méthodologiques et que ces derniers expliquent effectivement la disparité des résultats dans les études antérieures. L'objectif du deuxième article est d'examiner les facteurs sous-jacents à l'impact financier de la performance sociale (PS). Plus précisément, nous analysons la relation dans un cadre non linéaire et moins restrictif qu'une forme concave ou convexe; cadre qui permet d'apprécier l'impact financier à différents niveaux de la PS. Nous testons également, dans une perspective contingente, l'effet de certains facteurs spécifiques à l'entreprise qui modèrent la relation entre la PS et la PF, à savoir la taille, le risque et les dépenses en investissement. Enfin, et pour tenir compte de la dimension temporelle de la relation, nous examinons la stabilité de la relation à travers le temps. Les résultats obtenus permettent de valider une relation en paliers entre la PS et la PF. En effet, l'impact financier est positif pour les entreprises ayant une bonne PS, il est négatif pour les entreprises dont la PS est faible et il est neutre pour les entreprises ayant des niveaux intermédiaires de PS. De plus, cet impact est encore plus marqué pour les entreprises de petite taille, à risque élevé et ayant un niveau élevé de dépenses en investissement. Enfin, l'estimation de la relation à différentes sous-périodes nous a permis de montrer qu'elle n'est pas stable à travers le temps. En effet, l'impact de la PS sur la PF est plus important durant les périodes récentes (i.e. 2001-2007) que durant les précédentes (i.e. 1991-2000). Il semble que l'intensification de la prise de conscience de la RSE et de l'ISR s'est traduite par une relation plus forte traduisant l'importance croissante des critères ESG dans l'environnement financier des entreprises. Le troisième article se concentre sur un enjeu majeur de la PS, soit l'environnement. Enjeu émergent des années 80 et central durant les décennies suivantes, l'environnement est la dimension de la PS la plus défendue par les investisseurs et les activistes américains. L'objectif du dernier papier est d'examiner la dynamique de long terme de la relation entre la performance environnementale (PE) et la performance financière (PF). Plus précisément et pour mieux capturer cet aspect dynamique, nous introduisons des variables retardées de la PE (i.e. 1, 2 et 3 ans). En fonction de la mesure de la PE, deux types d'analyses ont été conduites. La première examine l'impact sur la PF de la mesure agrégée de la PE, qui combine les forces (strengths) et les faiblesses (concerns) environnementales. Les résultats montrent que l'impact courant de la PE sur la PF est négatif. Toutefois, l'estimation de l'effet dynamique de la PE sur la PF révèle que la relation est positive et persistante sur trois ans. De plus, cet effet est marqué de façon plus importante pour les entreprises de grande taille ayant un faible niveau de risque et de dépenses en investissement. La deuxième analyse examine l'impact financier respectif des forces et des faiblesses prises séparément. Les résultats montrent que l'effet contemporain des forces et des faiblesses est négatif sur la PF. L'analyse dynamique montre plutôt un effet négatif persistant du score des faiblesses sur la PF. Cet effet est plus important pour les entreprises les moins risquées et les moins innovantes. L'effet du score des forces sur la PF, quant à lui, est neutre durant les deux premières années. Il devient positif seulement lors de la dernière année. Par ailleurs, cet impact positif est marqué davantage pour les entreprises innovantes.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Performance sociale, performance financière, performance environnementale, facteurs de divergences, non-linéarité, non-uniformité, dynamique.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.5346
Date01 1900
CreatorsTebini, Hajer
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeThèse acceptée, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/5346/

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