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Dans les interstices du droit formel : responsabilité sociale des entreprises, soft law et gouvernance contractuelle de la chaine d’approvisionnement mondiale

D’essence interétatique, le droit international public semble fermer ses frontières à toute responsabilité des entreprises transnationales. Cette imperméabilité à la reconnaissance d’une responsabilité juridique per se des pouvoirs économiques globaux n’a cependant pas empêché l’ordre international d’être réactif et d’évoluer en douceur. Face à l’apparition de plusieurs scandales liés à de graves violations des droits de l’homme, notamment dans le cadre des chaînes d’approvisionnement globales, il n’était plus concevable pour l’opinion publique de laisser les entreprises transnationales profiter du vide juridique existant. D’un cafouillis normatif émerge une régulation globale fortement imprégnée par le mouvement de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Cette institutionnalisation de la RSE s’appuie sur plusieurs instruments normatifs parmi lesquels les principes directeurs des organisations internationales occupent une place centrale. Ces principes ont vocation à guider les actions des entreprises indépendamment de leur localisation géographique par le biais d’une sorte de toile normative uniforme pour tout le globe. En revanche, la mise en œuvre de cette régulation globale de la RSE n’est possible que par les pressions des acteurs sociaux (société civile et marché) qui tendent à promouvoir la responsabilité des entreprises et facilitent ainsi la transformation de la nature de ses normes. Des normes d’origine privée tendent progressivement à devenir une valeur incontournable dans la gouvernance des chaînes d’approvisionnement globales. En intronisant la RSE dans les relations contractuelles, cette gouvernance signerait l’avènement de nouvelles formulations de la RSE. Cette normativité nouvelle et innovante entend dès lors combler l’espace normatif inoccupé par les États. / Destined, in essence, to regulate interstate relations, public international law seems closed to the idea of recognizing liability of transnational corporations. However, this imperviousness to recognizing legal responsibility per se of global economic powers has not prevented a soft evolution of the international order. Following several scandals related to violations of human rights, some in the context of global supply chains, civil society could no longer allow transnational companies to take advantage of the existing legal vacuum. As a result, a global regulation strongly influenced by the trend of corporate social responsibility (CSR) emerged from a normative muddle. This institutionalization of CSR is based on several instruments, including guiding principles on Business and Human Rights which occupy a central position in this regulatory trend.
It is intended that these principles will apply as a uniform, global normative canvas. Therefore, they should guide actions of companies regardless of their geographic location. The implementation of this CSR global framework is possible due to substantial pressure exerted by non-governmental actors, such as civil society and the market. These actors seek to promote CSR and facilitate the transformation of this regulation. Particularly, private standards are playing an increasingly important role in the governance of global supply chains. By establishing CSR in contractual relations, this governance would mark the advent of new regulatory tools which seek to fill in the public law gaps.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/24444
Date06 1900
CreatorsBen Matoug, Khadija
ContributorsGaudreault-DesBiens, Jean-François
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse

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