Cette thèse analyse les représentations de l’Indien dans les débuts de la construction nationale péruvienne. La période comprise entre 1821 et 1879 a jusqu’ici été très peu étudiée, alors même qu’il s’agit d’une charnière fondamentale entre la fin du gouvernement espagnol et ce que l’on considère habituellement comme la naissance de l’indigénisme. Comment pense-t-on l’Indien au moment où s’invente une nouvelle communauté ? Nous examinons, à partir de discours extrêmement variés (législation, presse, littérature, historiographie, arts visuels, etc.), la façon dont se forgent des paradoxes identitaires. La première partie de notre travail concerne les représentations de l’Indien « du passé » : si les Incas sont érigés en ancêtres de la nation, cela ne signifie pas que les Indiens du XIXe siècle apparaissent comme leurs dignes descendants. Cela nous conduit à nous intéresser à la population indienne dans la nouvelle République péruvienne. La deuxième partie illustre la façon dont se construit une représentation de l’Indien comme un individu bientôt semblable aux créoles, grâce à sa future assimilation politique, sociale et économique : c’est ce que nous appelons « l’Indien projeté », qui est un Indien « désindianisé ». Dans la troisième partie, nous montrons comment l’Indien reste finalement toujours « présent » : son statut officiel est plus ambigu qu’il n’y paraît, les lois intégratrices de la République étant par ailleurs constamment remises en cause, et l’altérité de l’Indien étant renforcée par la permanence de stéréotypes. De ces diverses contradictions surgit la conscience d’un problème : la quatrième partie montre l’émergence de l’Indien comme une « question nationale ». / This dissertation looks at the representations of the Indian at the beginning of Peruvian national construction. The period between 1821 and 1879 has been given little consideration so far, even though it is a pivotal moment between the end of Spanish rule and what is generally regarded as the beginning of Indigenism. How is the Indian conceived at a time when a new community is being invented? By looking at an extremely diversified array of discourses (legal texts, newspapers, literature, historiography, visual arts, and so on) this dissertation shall investigate the way paradoxes of identity are built. Its first part deals with the representations of the “Indian of the past”: although the Incas were established as the ancestors of the Nation, the Indians of the Nineteenth Century were not necessarily perceived as their rightful descendants. This leads to an investigation of the Indian population in the New Republic of Peru. The second part of this dissertation scrutinizes the construction of a representation of the Indian as an individual on the verge of becoming similar to the Creole population, thanks to his upcoming political, social and economic assimilation: this is what we term “the projected Indian”, who is a “de-Indianized” Indian. The third part of this study will show how after all, the Indian always remains “present”: his official status is more ambiguous than it seems, since the integrative laws of the Republic are constantly questioned and the Indian’s otherness is constantly reinforced by the continued presence of stereotypes. These diverse contradictions give rise to an awareness of a significant issue: the fourth part illustrates the emergence of the Indian as a “national question”.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA030120 |
Date | 29 November 2014 |
Creators | Yvinec, Maud |
Contributors | Paris 3, Lavallé, Bernard |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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