Dans la formation collégiale générale et dans les cours de français, langue et littérature, l'acquisition d'un fonds culturel commun par les élèves (MELS, 2011; MÉQ, 1998) revêt une importance capitale, ce qui entre toutefois en contradiction avec les réalités suivantes : les devis ministériels ne fournissent que peu d'indications quant à la définition de ce concept (Roy, 2000), en même temps qu'ils donnent des directives peu précises pour la sélection des textes littéraires qui doivent contribuer au développement de ce fonds culturel commun (Roy, 2000). Dans ce contexte, et en tenant compte du constant débat autour des contenus littéraires à enseigner (Dezutter et al., 2012; Dufays, 2010; Gaudreau, 2011; Roy, 2000), il appert que connaitre les représentations des enseignants quant à ces éléments pourrait conduire à une meilleure compréhension de leurs pratiques de sélection. Ainsi, notre recherche exploratoire à visée descriptive s'est fixé les objectifs suivants : (1) décrire les représentations qu'ont les enseignants de français du niveau collégial de l'objectif ministériel d'acquisition d'un fonds culturel commun, (2) décrire leurs représentations quant aux directives ministérielles pour la sélection des textes littéraires et (3) décrire leurs pratiques de sélection pour les textes littéraires à mettre au programme de lecture des élèves. En tenant compte des liens étroits qui existent entre culture, fonds culturel commun, littérature et éducation (Balandier, 1992; Dumont, 1968; Forquin, 1989; Rocher, 2012; Simard, 2004; Zakhartchouk, 1999), et en nous appuyant sur les théories relatives à l'étude des représentations (Abric, 1994a, 2003b), nous avons élaboré un questionnaire d'enquête afin de procéder à la collecte des données auprès de 30 enseignants de français du niveau collégial de l'ile de Montréal. L'analyse qualitative interprétative des résultats a révélé que les enseignants, qui se voient majoritairement comme des passeurs culturels (Zakhartchouk, 1999), ont des représentations relativement variées du concept de fonds culturel commun, qu'ils sont nombreux à apparenter à la culture générale; la dimension commune du fonds culturel commun semble être l'élément qui fait le moins consensus au sein de notre échantillon. Les directives ministérielles sont satisfaisantes pour la majorité des enseignants, bien qu'ils soulignent toutefois leur perception de quelques irritants, liés notamment à la nature restrictive, ou à l'inverse, peu précise des directives. Enfin, en ce qui concerne le corpus sélectionné par les enseignants, nous avons constaté, à l'instar de Dezutter et son équipe (Babin et al., 2011; 2012; Dezutter et al., 2012), que le corpus est significativement éclaté, en plus d'être marqué par une relative dominance de textes français issus des siècles passés. Pour les enseignants, les éléments qui sont les plus déterminants au moment de faire leurs choix de textes concernent la valeur littéraire des textes et les apprentissages qu'ils rendent possibles. Le bagage antérieur des élèves ne figure pas parmi les données importantes à considérer par les enseignants, ce qui nous fait envisager un risque de dissonance culturelle (Lahire, 2004) accru pour un certain nombre d'élèves.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : représentations, culture, transmission culturelle, fonds culturel commun, texte littéraire, pratiques de sélection, choix de corpus
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.5936 |
Date | 12 1900 |
Creators | B. Deshaies, Catherine |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/5936/ |
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