Selon les données de l’Association des centres jeunesses du Québec (ACJQ), les signalements retenus concernant la violence physique subie et d’exposition à la violence conjugale durant l’enfance sont en constante augmentation alors que l’agression sexuelle représente 5,6 % des signalements retenus en 2011 et 2012 (ACJQ, 2012). Ces traumas de nature interpersonnelle peuvent avoir un impact important sur le développement comportemental, cognitif et émotionnel des victimes. Certaines études rapportent des niveaux d’empathie émotionnelle et cognitive plus faibles chez les enfants victimes et témoins de violence familiale (Davis, 1996; Hinchey & Gavelek, 1982; Straker & Jacobson, 1981), ce qui est aussi rapporté à l’âge adulte (Simons, Wurtele, & Heil, 2002). Les enfants témoins de violence conjugale et victimes de violence physique auraient tendance à être eux-mêmes impliqués dans une relation amoureuse violente à l’âge adulte (Jose & O’Leary, 2009; Stith et al., 2000) alors que l’agression sexuelle vécue durant l’enfance prédirait la violence conjugale physique émise par les hommes adultes (Fang & Corso, 2008). Des études montrent que la violence conjugale psychologique est liée à un plus faible niveau d’empathie cognitive (Covell, Huss, & Langhinrichsen-Rohling, 2007; Péloquin, Lafontaine, & Brassard, 2011) alors que la violence conjugale physique est liée à une moindre empathie globale (Clements, Holzworth-Munroe, & Schweile, 2007). La présente étude vise à évaluer les liens entre deux traumas interpersonnels vécus durant l’enfance (témoin ou victime de violence familiale, agression sexuelle), l’empathie dyadique (émotionnelle et cognitive) et la violence conjugale émise à l’âge adulte (psychologique et physique) au sein d’une
population clinique. À leur admission à un service d’aide pour difficultés conjugales, 198 hommes adultes ont complété des questionnaires auto-administrés d’empathie dyadique, de caractéristiques sociodémographiques (incluant les expériences de traumas durant l’enfance), de désirabilité sociale et de perpétration de violence conjugale. Des analyses de régression hiérarchique révèlent un lien négatif entre l’agression sexuelle et l’empathie dyadique émotionnelle ainsi qu’un lien marginalement significatif entre la violence familiale et l’empathie dyadique cognitive. La violence familiale est négativement liée à la perpétration de violence conjugale physique. L’agression sexuelle est liée à l’émission de violence conjugale physique (tendance) et psychologique. Des analyses de covariance montrent que les hommes ayant vécu deux types de traumas émettent davantage de violence conjugale psychologique que ceux qui ont vécu un seul trauma, mais ils ne diffèrent pas de ceux qui n’ont pas vécu de traumas. L’empathie dyadique cognitive est négativement liée à la violence conjugale physique et psychologique tandis que l’empathie dyadique émotionnelle est positivement liée à la violence conjugale psychologique émise. De plus, l’empathie dyadique émotionnelle est une variable médiatrice du lien entre l’agression sexuelle et la violence conjugale psychologique tandis que l’empathie dyadique cognitive est une variable modératrice du lien unissant ces deux variables. Au plan clinique, les résultats mettent en évidence les conséquences néfastes de l’agression sexuelle et l’importance de cibler l’empathie dyadique cognitive dans le traitement de la violence conjugale chez les hommes.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/104 |
Date | January 2014 |
Creators | Charbachi, Noëlle |
Contributors | Brassard, Audrey |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse |
Rights | © Noëlle Charbachi, Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.5 Canada, http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.5/ca/ |
Page generated in 0.002 seconds