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L’incapacité au travail liée aux troubles musculosquelettiques : aspects théoriques et différences de genre

Introduction : Cette thèse est constituée de trois articles liés les uns aux autres. Le premier s’attache à clarifier les perspectives théoriques et problèmes conceptuels entourant la notion de capacité/incapacité au travail, sa définition et son évolution au fil du temps. Les deuxième et troisième articles visent à évaluer les effets différentiels selon le genre de déterminants du retour au travail (RAT) et de la durée d’indemnisation ainsi que les coûts associés, dans une population de travailleurs indemnisés à long terme pour troubles musculosquelettiques (TMS).
Méthodes : Dans le premier article, une revue systématique des définitions de l’(in)capacité au travail et une analyse comparative basée sur la théorisation ancrée débouchent sur une carte conceptuelle intégrative. Dans le second article, une cohorte de 455 adultes en incapacité à long terme pour TMS au dos/cou/membres supérieurs est suivie cinq ans au travers d’entretiens structurés et de données d’indemnisation. Des modèles de Cox stratifiés par genre ont été utilisés pour évaluer la durée jusqu’au premier RAT. Dans le troisième article, une cohorte populationnelle de 13,073 hommes et 9032 femmes en incapacité prolongée pour TMS au dos/cou/membres supérieurs a été suivie pendant trois ans à l’aide de données administratives. Des modèles de Cox stratifiés par genre ont été utilisés pour étudier la durée d’indemnisation et détecter les effets dépendants du temps. Les coûts ont également été examinés.
Résultats : Les définitions analysées dans la première étude ne reflètent pas une vision intégrée et partagée de l’(in)capacité au travail. Cependant, un consensus relatif semble émerger qu’il s’agit d’un concept relationnel, résultant de l’interaction de multiples dimensions aux niveaux individuel, organisationnel et sociétal. La seconde étude montre que malgré des courbes de survie jusqu’au RAT similaires entre hommes et femmes (p =0.920), plusieurs déterminants diffèrent selon le genre. Les femmes plus âgées (HR=0.734, par tranches de 10 ans), d’un statut économique perçu comme pauvre (HR=0.625), travaillant ≥40 heures/semaine en ayant des personnes à charge (HR=0.508) et ne connaissant pas l’existence d’un programme de santé et sécurité sur leur lieu de travail (HR=0.598) retournent moins vite au travail, tandis qu’un revenu brut annuel plus élevé (par $10,000) est un facteur facilitant (HR=1.225). Les hommes de plus de 55 ans (HR=0.458), au statut économique perçu comme pauvre (HR=0.653), travaillant ≥40 heures/semaine avec une charge de travail physique perçue élevée (HR=0.720) et une plus grande précarité d’emploi (HR=0.825) retournent moins rapidement au travail. La troisième étude a révélé que trois ans après la lésion, 12.3% des hommes et 7.3% des femmes étaient encore indemnisés, avec un ratio de coûts homme-femme pour l’ensemble des réclamations de 2.1 :1. L’effet de certain prédicteurs (e.g. revenu, siège de lésion, industrie) varie selon le genre. De plus, l’effet de l’âge chez les hommes et l’effet de l’historique d’indemnisation chez les femmes varient dans le temps.
Conclusion : La façon de définir l’(in)capacité au travail a des implications importantes pour la recherche, l’indemnisation et la réadaptation. Les résultats confirment également la pertinence d’investiguer les déterminants du RAT et de l’indemnisation selon le genre. / Introduction: This thesis consists of three interrelated papers. The first one set out to clarify conceptual issues surrounding the notion of work ability/disability, its definition and its evolution over time. The aims of the second and third paper are to assess the differential effect of the determinants of time to return-to-work (RTW) and compensation duration by gender, as well as the related costs, in workers receiving long-term compensation benefits for musculoskeletal injuries (MSIs).
Methods: The first study consists of developing an integrative concept map of work (dis)ability through the systematic scoping review of its definitions and a comparative analysis based on the grounded theory approach. In the second study, a cohort of 455 adults on long-term disability due to work-related MSIs of the back/neck/upper limb was followed for five years through structured interviews and administrative databases. Cox regression modeling stratified by gender was used to assess time to a first RTW of at least three days. In the third study, a register-based cohort of 13,073 men and 9032 women with long-term claims related to neck/back/upper-limb MSIs was followed for three years. Main outcomes were compensation duration and costs. Gender stratified extended Cox models were used to study the compensation duration and detect time-varying effects.
Results: The definitions analyzed in the first study do not reflect a shared, integrated vision of the exact nature and attributes of work (dis)ability. However, there seems to be a relative consensus that work (dis)ability is a relational concept resulting from the interaction of multiple dimensions at different ecological levels (individual, organizational and societal). The second study showed that despite similar survival curves of time to RTW between men and women on long-term disability (p=0.920), several factors influencing RTW differed by gender. Women’s risk factors included older age (HR=0.734 - in 10 years unit), poor perceived economic status (HR=0.625), working ≥40 hours/week and having dependents (HR=0.508) and awareness of workplace-based occupational health and safety program (HR=0.598); higher gross annual income (in $10,000s) was a facilitator (HR=1.225). In men, being over 55 years old (HR=0.458), poor perceived economic status (HR=0.653), working ≥40 hours/week and high perceived physical workload (HR=0.720) and higher job insecurity (HR=0.825) negatively influenced time to RTW. The third study revealed that three years post-injury, 12.3% of men and 7.3% of women were still receiving compensation benefits, with a male-female cost ratio of 2.1:1 for all compensation claims. Effects of certain predictors (e.g. income, injury site or industry) differed markedly between men and women. Age and claim history had time-varying effects in men and women’s models respectively.
Conclusion: The way work (dis)ability is defined has important implications for research, compensation and rehabilitation. Results also confirm the importance of gender-sensitive studies to investigate the determinants of RTW and time on compensation benefits.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/10530
Date08 1900
CreatorsLederer, Valérie
ContributorsRivard, Michèle
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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