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Le traitement de l'oubli : épreuve de l'incorporation des antirétroviraux et temporalités des traitements du sida en Centrafrique.

Cette thèse propose une description ethnographique et une analyse sociologique de l’arrivée des traitements antirétroviraux (ARV) à Bangui, c’est-à-dire de cette rencontre singulière entre un programme international à l’ampleur inédite et une société locale durement touchée par l’infection. S’appuyant sur trois années de terrain entre 2005 et 2011, la démarche qualitative vise à répondre à la question suivante : de quoi les antirétroviraux sont-ils vraiment l’incorporation ?
Les programmes d’accès au traitement constituent un pouvoir thérapeutique qui se structure comme une « politique de la vie » mettant en lien ARV, ONG et une histoire postcoloniale. La distance entre les prétentions et les réalités du pouvoir thérapeutique explique les ambivalences ressenties lors de l’incorporation biologique et sociale des ARV. Le pouvoir thérapeutique dans le contexte social centrafricain se caractériserait alors moins par des formes exclusivement biomédicales de subjectivité, que par un processus d’individuation fragmenté, basé sur des pratiques biomédicales souples, démonstratives et oublieuses.
Il apparaît alors clairement que les programmes internationaux de traitement de l’infection à VIH contribuent à produire de l’oubli ou plus précisément à écrire l’oubli à partir des « pratiques scriptuaires »: l’oubli des histoires individuelles enchâssées dans des inégalités sociales insurmontables, mais aussi l’oubli d’une Histoire plus longue qui montre que l’infection à VIH est l’incorporation d’un passé colonial. Prendre un temps pour reconnaître ces temporalités du traitement paraît alors de plus en plus nécessaire pour construire un présent qui émancipe, plutôt qu’il ne répète. / This thesis proposes an ethnographic description and a sociological analysis of the arrival of antiretroviral (ARV) in Bangui. It highlights the encounter between an international program with an unprecedented scale and a local society hardly hit by the HIV infection. The qualitative approach, based on three years of fieldwork from 2005 to 2011, aims at answering the following question: what are ARVs really the incorporation of?
Treatment programs represent a therapeutic power that is structured as a « politics of life » linking medicines, NGOs and postcolonial history. The distance between the claims and the realities of therapeutic power explains the ambivalence felt in the biological and social inclusion though ARVs. Eventually, we observe that the therapeutic power in the Central African social context is less characterized by exclusive biomedical forms of subjectivity than by a fragmented process of individuation based on flexible, demonstrative and forgetful biomedical practices
It appears then increasingly clear that international programs for the treatment of HIV infection contribute to produce oblivion or more precisely write oblivion with "scriptural practices", which is to say the oblivion of individual stories embedded in insurmountable social inequality, but also the omission of a longer history which shows that HIV infection is the incorporation of a colonial past. Taking time to recognize these temporalities of treatment then appears increasingly necessary to build a present that empowers, rather than repeats. / Réalisé en co-tutelle avec le laboratoire Santé-Individu-Société, Ecole doctorale Interdisciplinaire Sciences et Santé, Université de Lyon, avec l'obtention du grade de docteur en sociologie.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMU.1866/10559
Date04 1900
CreatorsDavid, Pierre-Marie
ContributorsCollin, Johanne, Nguyen, Vinh-Kim, Locher, François
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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