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L’idéalisme de Fichte et la question de la philosophie comme science / The idealism of Fichte and the question of philosophy as a science

Ce travail s’interroge sur le projet, commun à Fichte et à Hegel, de réaliser la philosophie comme système. Pour eux, la philosophie doit se résigner à n’être qu’une curiosité, ou devenir une science. Faut-il pour cela qu’elle imite les mathématiques, les sciences expérimentales ? Ou peut-on faire l’hypothèse qu’il existe un objet qui par nature échappe au savoir des sciences, et en conséquence, un autre savoir que celui des sciences particulières ? Pour Fichte comme pour Hegel, la philosophie a pour tâche d’explorer ce que les sciences ne peuvent pas connaître, d’être une science des « évidences » ou des « préjugés » qui demeurent présupposés dans les autres domaines du savoir. Mais une science absolue est un savoir qui ne présuppose rien, qui ne s’appuie sur aucun fait donné, qui ne tient aucun objet pour assuré. Que reste-t-il alors ? Pour Fichte, rien d’autre que ce qu’il appelle le Moi, c’est-à-dire la pensée ou la conscience en tant qu’activité libre, autonome, activité qui, dans le savoir philosophique, doit se démontrer comme étant la source créatrice du monde objectif qui nous entoure et que nous considérons spontanément comme indépendant de notre conscience. Voilà l’objet ou le savoir « absolu » dont s’occupe en particulier la Doctrine de la science. C’est pourquoi l’exigence d’absoluité de la philosophie ne peut être satisfaite que dans la figure d’un savoir circulaire, qui reprend et justifie à la fin ce qui semblait n’être à son début qu’un présupposé arbitraire. Pourtant, le système de Fichte a ceci de particulier qu’aussi impeccable que soit la chaîne de ses déductions, il débute par une fêlure qui, loin de se résorber dans la suite, est si bien assumée et travaillée, qu’elle prend finalement la forme d’une contradiction fondamentale qui est à la source de toute notre vie consciente : l’activité libre, qui doit se démontrer comme productrice d’objectivité, est en même temps ce qui par essence est le plus impossible à objectiver… / This work examines the project, common to Fichte and Hegel, to establish philosophy as a system. For them, philosophy must either resign itself to being a mere curiosity, or become a science. Should it then imitate mathematics, experimental sciences? Or can we make the assumption that there is an object that by nature remains beyond the realm of scientific knowledge, and consequently, another knowledge than that of particular sciences? For Fichte as for Hegel, philosophy has the task of exploring what science cannot know, to be a science of “truisms” or “preconceptions” that remain assumed in other areas of knowledge. But an absolute science is a knowledge that assumes nothing, that is not based on any particular fact, that does not regard any object as certain. What is left, then? For Fichte, nothing but what he calls the Ego, that is to say, thought or consciousness as a free, autonomous activity, which in philosophy must be proven as the creative source of the objective world that surrounds us and that we spontaneously consider as independent of our consciousness. That is the object or the “absolute” knowledge that the Doctrine of Science specifically deals with. Therefore the requirement of philosophical absoluteness can only be satisfied through the figure of a circular knowledge, which reproduces and in the end justifies what initially appeared to be nothing more than an arbitrary assumption. However, Fichte’s system is unique in that, as flawless as its chain of deductions can be, it starts with a crack which, far from disappearing thereafter, is so completely accepted and elaborated, that it finally takes the form of a fundamental contradiction which is at the source of our entire conscious life: free activity, which has to be proven as a producer of objectivity, is at the same time, by essence, that which is most impossible to objectify…

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2012PA040028
Date26 February 2012
CreatorsChédin, Maxime
ContributorsParis 4, Courtine, Jean-François
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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