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Phénoménologie et éthique des valeurs selon Husserl / Husserl’s phenomenology and ethics of values

La philosophie de Husserl est guidée par la volonté d'atteindre une connaissance objective du monde. La description de l'expérience de la conscience qu'elle propose porte en effet d'abord sur l'expérience des vécus par lesquels nous prenons connaissance du monde et sur les différences qu'il existe entre une connaissance authentique et une simple présomption, une croyance ou une illusion. Mais cette priorité de la connaissance objective dans l'ordre de la méthode ne doit pas occulter l'antériorité, dans l'ordre réel, de l'expérience non-conceptuelle et inobjective des biens. En effet, le monde se donne à nous d'abord comme un monde de biens et comme la manifestation sensible de certaines valeurs. Nous voyons de beaux objets, nous trouvons l'espace utile ou pratique, nous sommes attirés par un bruit, gênés par une lumière, etc. Comment concilier ces deux exigences, celle de la méthode et celle de l'expérience ? Cette question porte sur les conditions de possibilité de la phénoménologie elle-même, puisque cette méthode, pour intégrer le nouveau genre de problèmes que posent les valeurs, dans l'ordre esthétique ou éthique, doit s'amender en permanence. Les valeurs touchent en effet aux limites de la description des actes objectivants, car elles relèvent d'une dimension qui n'est pas assimilable à celle de la nature objective des choses. Les valeurs éthiques, plus précisément, touchent aux limites de l'exigence phénoménologique de l'unité de la raison et du strict parallélisme entre les différents types d'actes correspondant aux divers registres de l'expérience (théorique, axiologique et pratique). Ainsi, l'injustice ou la vertu ne se donnent pas à la manière dont se donnent les choses dans la perception sensible et ne sauraient faire l'objet d'une « constitution intentionnelle » depuis les prestations subjectives. Le sens d'une valeur ne dépasse-t-il pas toujours et par principe les possibilités constitutives du sujet ? En d'autres termes, peut-on penser les valeurs éthiques comme des « analoga » des propriétés empiriques des objets, dont il faudrait rendre compte et qu'il faudrait parvenir à connaître de manière objective, ou bien n'y a-t-il pas là un ordre qui échappe à la description, voire au rêve husserlien d'une science de tous les phénomènes et d'une description pure de tous les types d'expérience ? Pour répondre à cette question, nous procédons en deux temps. Le premier s'interroge sur les conditions de possibilité d'une théorie des valeurs élaborée au fil de la méthode phénoménologique, c'est-à-dire au moyen d'un double réquisit – analogique et transcendantal. Le second montre comment la compréhension du sens des valeurs éthiques implique des glissements et des réélaborations de cette méthode qui ont pour fonction de révéler, à la racine des actes d'évaluation et de volition qui se rapportent aux valeurs, la vie et l'œuvre du sujet éthique. / Husserl's philosophy is an attempt to obtain objective knowledge on the world, which offers a description of the cognitive consciousness, in order to distinguish a presumptive or an illusory belief and an authentic knowledge. However, such a methodological precedence of the objective knowledge should not hide the actual priority of a non-objective and pre-predicative experience of the world. Indeed, the world first appears to us as a practical and valuable world. We can see beautiful objects, useful tools, pleasant landscapes. One is drawn by a sound or disturbed by a light. How are these two points of view to be reconciled? May we conciliate the methodological priority of theoretical consciousness and the empirical precedence of values and goods? This question deals with the possibility of phenomenology itself, because this philosophical method has to transform itself in order to take into account the idiosyncratic kinds of problems that raise the experience of values. Values reach the limits of the “objectifying consciousness's” possibilities. Because they do not belong to the realm of nature, values are not one of the empirical properties of things. More precisely, ethical values query the need of unity in Reason and the need of a strict parallelism between different intentional acts. May injustice or virtue appear as do so colours or shapes in the sensible world? Can these values be intentionally constituted? Does the meaning of values ever exceed the constitutive capabilities in the subject? In order to answer these questions, two fields shall be developed. The first one questions the possibility of a value theory, which is brought by the phenomenological method, that is to say, through a demand of analogy and a demand of transcendental constitution. The second one indicates how the understanding of ethical values implies some shifting and new elaborations in the methodology itself, in order to show, behind the rationality of emotional and volitional acts, the life and work of the ethical subject.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2013REN1S174
Date29 November 2013
CreatorsLe Quitte, Samuel
ContributorsRennes 1, Porée, Jérôme
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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