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Oubli, mémoire et réminiscence chez Aristote : étude de λήθη sur les plans physique et psychologique et du De memoria et Reminiscentia

Cette thèse analyse l’oubli et les verbes de même famille sur les plans physique et psychologique au sein du corpus aristotélicien, analyse qui à notre connaissance n’a encore jamais été menée. Cette étude apporte aussi un commentaire du De memoria et reminiscentia en examinant les conceptions de la mémoire et de la réminiscence d’Aristote. À travers l’analyse des occurrences de l’oubli et de ses verbes, elle émet l’hypothèse d’un sens cohérent de l’oubli. L’oubli serait une destruction partielle d’un état particulier de science et de réminiscence. Il serait provoqué par la présence du contraire de la science, l’ignorance. Son genre serait intellectuel. Il serait permanent, quoique rare et exceptionnel, ne faisant pas partie du processus normal d’apprentissage de la connaissance. Bien que l’oubli n’apparaisse pas dans le De memoria, sa définition est utile afin de faire rejaillir la nature sensitive de la mémoire et la particularité de la conception aristotélicienne de la réminiscence. En ce qui a trait à la mémoire, cette thèse suggère qu’elle est une sorte particulière d’affection et de possession de choses perçues ou conçues par le passé après un écoulement de temps. La mémoire permet une unification des multiples souvenirs que l’on acquiert au cours de son vécu, unification qui a lieu non seulement par rapport à différents souvenirs, mais aussi en ce qui concerne les diverses facettes d’un seul souvenir. En localisant la mémoire dans la sensation première, Aristote fournirait une description de l’âme sensitive nécessaire pour qu’un animal possède la mémoire. En considérant que la mémoire applique la notion du temps aux objets sensibles comme intellectuels, Aristote montrerait sa conception synergétique des fonctions psychiques interagissant entre elles. Le fait de se dire en son âme que l’on a auparavant perçu ou appris ne serait pas une affirmation excluant les animaux, le processus décrit étant entièrement sensitif, et l’expression « se dire en son âme » décrivant un fonctionnement de l’âme sensitive. La mémoire, selon Aristote, aurait besoin de l’image. Mais cette thèse suggère de lire les lignes I 450a24-25 et I 451a14-17 en insistant sur la spécificité de l’objet de mémoire. Ces lignes insisteraient sur le fait que bien qu’accidentellement une image, le souvenir ne serait pas imaginaire, mais serait au contraire une copie des choses perçues et apprises par le passé. Les défaillances mnémoniques seraient des phénomènes physiologiques et sensitifs qui ne seraient pas des oublis. La réminiscence serait une délibération donnant les moyens de remonter vers des souvenirs et connaissances que l’intellect aurait établis en tant que fin. Elle permettrait de soigner le souvenir en contemplant à répétition l’objet de mémoire. Elle apporterait une capacité de synthétisation des souvenirs et permettrait de se remémorer une connaissance que l’intellect souhaiterait contempler. Elle emploierait des mouvements nécessaires ou habituels et un point de départ. Les problèmes de réminiscence seraient de nature physiologique, la réminiscence étant un exercice de l’intellect interagissant avec le composé corps-âme. Ces problèmes ne seraient pas non plus des oublis. / This thesis examines forgetfulness in Aristotle on a physical as well as psychological level. It also offers a commentary of De memoria et reminiscentia, studying memory and reminiscence in this treatise. It examines the various occurrences of forgetfulness and verbs of the same family and deduces its definition from these excerpts. It thus appears that forgetfulness is a destruction of science which does not destroy the whole living being, but only the state of knowledge which is affected by its contrary, ignorance. Forgetting is therefore permanent, but it is exceptional and it does not destroy the intellect. While forgetfulness does not appear in the De memoria, its definition is useful in order to insist on the fact that memory belongs to the sensitive part of the soul and in order to show how Aristotle’s conception of reminiscence is particular.
With respect to memory, this thesis mainly suggests that, as a special sort of possession and affection of perception and science, it is able to unify multiple memories that are acquired throughout life. It unifies not only different memories, but also different aspects of a single memory. The De memoria actually describes to us how an animal’s sensitive soul must be in order for it to have memory. Located in the primary perception, memory would be an example of Aristotle’ synergetic conception of the soul, since it would apply the sense of time both to intellectual and perceptual objects. The expression “saying in one’s soul’’ that one has perceived or learned is not one which excludes animals, because it describes a sensitive process. While memory requires an image, it is not a product of our imagination. This thesis thus reads the lines I 450a24-25 and I 451a14-17 as meaning that objects of memory are not objects of imagination. Of course, Aristotle does state that memory needs images. But he nevertheless stresses that objects of memory are copies and are not phantasies. Memory problems are physiological or related to the sensitive part of the soul. They are not a destruction of science like forgetfulness is. Reminiscence is a deliberation which finds the means to attain a specific memory or knowledge determined as an end by the intellect. Reminiscence can preserve memory through the repetitive contemplation of its object as a copy. It can synthesize memories and can recollect a knowledge which the intellect wishes to contemplate. Starting from a principle, it uses necessary or habitual movements. Since recollecting is an intellectual exercise which interacts with the sensitive part of the soul, difficulties in recollecting are caused by physiological problems. These problems are not destructions of science and they are not equivalent to forgetting.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/28321
Date08 1900
CreatorsArviset, Vanessa
ContributorsDorion, Louis-André
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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