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Une étude des conceptions de l’opinion publique chez les chroniqueurs politiques et éditorialistes québécoisBouthillette, Jean François 11 1900 (has links)
Dans les démocraties occidentales, la notion d’opinion publique occupe une place importante dans l’action des politiciens et le discours des médias. Elle y renvoie généralement à la somme des opinions individuelles des citoyens, aux résultats de sondages. Or, les limites de l’opinion publique ainsi conceptualisée apparaissent de plus en plus clairement aux chercheurs en sciences sociales, et cela jette un doute sur sa valeur comme guide des politiques publiques. Pour mieux comprendre la place de l’opinion publique dans le processus démocratique québécois, nous avons cherché à connaître les conceptions qu’en ont certains acteurs-clés : les chroniqueurs politiques et éditorialistes francophones du Québec. Au moyen d’entrevues, nous avons documenté leurs « théories profanes » à ce sujet, c’est à dire leurs façons de voir l’opinion publique et sa place dans le processus démocratique. L’exercice nous apprend que ces « commentateurs habituels » distinguent plusieurs formes d’opinion publique, de valeur inégale. Celle qui revêt le plus d’intérêt pour eux est une « opinion publique latente », qui intègre des dimensions d’intensité et de propension à changer. Ils jugent les sondages utiles mais insuffisants pour appréhender l’opinion publique; aussi l’interprètent-ils à partir de conversations et d’un certain « sens de l’opinion publique ». Selon eux, les médias peuvent influencer l’opinion publique, mais surtout influencer la tenue d’une délibération publique et la façon dont les décideurs lisent l’opinion publique. Ils estiment aussi pouvoir, par leur travail journalistique, favoriser l’émergence d’une opinion publique raisonnée, ce qui est conforme à leur idéal de démocratie participative. / The notion of public opinion is central to political action and media coverage of politics, in western democracies. It usually refers to the sum of all citizens’ individual attitudes, and to survey results. Yet, the limitations of public opinion thus conceptualized appears ever more clearly to scholars, calling into question its value as an input to the political process. In order to better understand the role of public opinion in the political process in Quebec, we have been seeking to understand how some important political actors — elite francophone political columnists and editorialists — view public opinion. By interviewing those journalists, we gathered their “lay theories”, i.e. the way they understand public opinion and its place in the democratic process. We found out that these pundits distinguish different types of public opinion, which are of unequal value to them. They are mostly interested in “latent public opinion”, a concept that includes dimensions of intensity and transformation potential of opinion. They believe surveys are somewhat useful, but incomplete tools for assessing public opinion. Therefore, they turn to other means of knowing it: conversations, and a certain “public opinion sense”. According to them, the media can have an influence on public opinion, but above all it can have an influence on public deliberation and on the way politicians view public opinion. Respondents also believe they can contribute, by their journalistic work, to the construction of a more considered public opinion — which is in tune with their ideal of participatory democracy.
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Une étude des conceptions de l’opinion publique chez les chroniqueurs politiques et éditorialistes québécoisBouthillette, Jean François 11 1900 (has links)
Dans les démocraties occidentales, la notion d’opinion publique occupe une place importante dans l’action des politiciens et le discours des médias. Elle y renvoie généralement à la somme des opinions individuelles des citoyens, aux résultats de sondages. Or, les limites de l’opinion publique ainsi conceptualisée apparaissent de plus en plus clairement aux chercheurs en sciences sociales, et cela jette un doute sur sa valeur comme guide des politiques publiques. Pour mieux comprendre la place de l’opinion publique dans le processus démocratique québécois, nous avons cherché à connaître les conceptions qu’en ont certains acteurs-clés : les chroniqueurs politiques et éditorialistes francophones du Québec. Au moyen d’entrevues, nous avons documenté leurs « théories profanes » à ce sujet, c’est à dire leurs façons de voir l’opinion publique et sa place dans le processus démocratique. L’exercice nous apprend que ces « commentateurs habituels » distinguent plusieurs formes d’opinion publique, de valeur inégale. Celle qui revêt le plus d’intérêt pour eux est une « opinion publique latente », qui intègre des dimensions d’intensité et de propension à changer. Ils jugent les sondages utiles mais insuffisants pour appréhender l’opinion publique; aussi l’interprètent-ils à partir de conversations et d’un certain « sens de l’opinion publique ». Selon eux, les médias peuvent influencer l’opinion publique, mais surtout influencer la tenue d’une délibération publique et la façon dont les décideurs lisent l’opinion publique. Ils estiment aussi pouvoir, par leur travail journalistique, favoriser l’émergence d’une opinion publique raisonnée, ce qui est conforme à leur idéal de démocratie participative. / The notion of public opinion is central to political action and media coverage of politics, in western democracies. It usually refers to the sum of all citizens’ individual attitudes, and to survey results. Yet, the limitations of public opinion thus conceptualized appears ever more clearly to scholars, calling into question its value as an input to the political process. In order to better understand the role of public opinion in the political process in Quebec, we have been seeking to understand how some important political actors — elite francophone political columnists and editorialists — view public opinion. By interviewing those journalists, we gathered their “lay theories”, i.e. the way they understand public opinion and its place in the democratic process. We found out that these pundits distinguish different types of public opinion, which are of unequal value to them. They are mostly interested in “latent public opinion”, a concept that includes dimensions of intensity and transformation potential of opinion. They believe surveys are somewhat useful, but incomplete tools for assessing public opinion. Therefore, they turn to other means of knowing it: conversations, and a certain “public opinion sense”. According to them, the media can have an influence on public opinion, but above all it can have an influence on public deliberation and on the way politicians view public opinion. Respondents also believe they can contribute, by their journalistic work, to the construction of a more considered public opinion — which is in tune with their ideal of participatory democracy.
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