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Du territoire ressource au territoire paysage, un changement de paradigme en aménagement : le cas du projet de paysage humanisé de L’Île-BizardCoghlan, Emily 04 1900 (has links)
Au Québec, le statut de paysage humanisé a été adopté en 2002 et, en 2021, l’ouest de l’île Bizard a été le premier territoire à recevoir le statut de paysage humanisé projeté. Ce statut vise à protéger la biodiversité qui découle de l’agriculture et des bocages datant du régime français sur le territoire de l’île. Avant l’adoption du statut de paysage humanisé, la protection des milieux agricoles a fait l’objet de plusieurs lois, politiques ou de projets d’aménagement. Malgré la multiplication des plans, les terres agricoles continuent d’être reprises à des fins de développement et continuent de perdre leur usage agricole.
Selon nous, le statut de paysage humanisé propose un changement de paradigme où la perception du territoire comme ressource doit faire place au territoire comme paysage. En nous penchant sur le cas du paysage humanisé projeté de l’île Bizard, nous souhaitons explorer comment le statut de paysage humanisé s’articule à la loi sur la protection des terres et des activités agricoles (LPTAA) pour la protection des paysages agricoles. Comment le statut permet-il de protéger les usages agricoles en considérant le changement de paradigme ? Est-ce que le rôle des agriculteurs doit changer pour atteindre les objectifs du statut et, si oui, comment le plan de conservation propose-t-il d’accompagner ce changement de rôle ?
L’analyse de la documentation issue de consultations publiques, les documents du paysage humanisé projeté ainsi que les règlements municipaux en parallèle avec la LPTAA a permis de constater que le statut de paysage humanisé ne rend pas explicite ce changement de rapport au territoire. L’articulation entre ce type d’aire protégée et la LPTAA est complexe, car les deux outils ont des visions divergentes de la conservation. Au niveau du ministère de l’Environnement (MELCC), responsable du statut de paysage humanisé, les pratiques de conservation préservationnistes et la mentalité de la gestion du territoire comme une ressource sont encore fortement ancrées. Ainsi, le statut de paysage humanisé n’agit pas directement pour la conservation des usages agricoles et pourrait même devenir un frein. Cependant, le statut permet à la communauté locale et à la Ville de Montréal de réfléchir et de se donner des objectifs en matière de conservation du paysage à long terme qui peuvent porter fruit si la sensibilisation des propriétaires et du public conduit à la création d’initiatives de conservation volontaires. La gouvernance du projet et les ressources disponibles pour la mise en œuvre du projet seront cruciales pour le développement du projet. L’une des lacunes du projet selon nous est le manque de connaissances détaillées à propos des activités humaines, de la biodiversité et des interactions entre ces deux dimensions cruciales du projet. Le rôle des agriculteurs est peu défini, mais une connaissance plus fine et spatialisée des pratiques agricoles bénéfiques et compatibles avec la biodiversité viendrait grandement préciser ce rôle et permettrait une meilleure conservation du paysage agricole. Dans le contexte de l’île Bizard, ces derniers ne semblent pas conscients de leur rôle de gardiens du paysage et de la biodiversité qui y est associée. / In Quebec, the “humanized landscape” (paysage humanisé) status was introduced in 2002 and in 2021. The western part of l’île Bizard was recognized as the first protected area of that type. This project is aimed at protecting the bocage landscape created by the agricultural practices dating back to the first French settlement on the island and the biodiversity that is associated with those practices. Before the adoption of this status, the protection of agricultural and rural areas was the subject of multiple laws, policies or planning projects. In spite of all these measures, agricultural land keeps losing ground to urban sprawl.
According to our research, the humanized landscape status proposes a new paradigm in urban planning where the territory isn’t viewed as a resource, but as a landscape. Through a case study of the Île-Bizard humanized landscape project, we want to explore how the new protected area proposes to preserve the agricultural activities within this new framework of landscape protection. How is the status linked to the existing Loi pour la protection des terres et des activités agricoles (LPTAA)? What role do farmers have to play in this transition, and if their role has to change, how will this change be managed within the project’s framework?
The review of documents pertaining to the humanized landscape project, the results of the public consultation and the municipal bylaws in relation to the LPTAA has led us to conclude that the project doesn’t render the paradigm shift explicitly. The links in between the LPTAA and the humanized landscape status are complex because each has a different vision for the preservation of agricultural land. Furthermore, the ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques de la Faune et des Parcs (MELCCFP), which is responsible for the application of the status, is entrenched in preservationist conservation practises and a framework that views the territory as a resource. Thus, the humanized landscape doesn’t directly act to protect the agricultural activities and could even become an impediment. However, the status may allow the local community and the city of Montreal to reflect and to devise plans and objectives through which long-term landscape conservation may be achieved. In order to do so, raising awareness with landowners and the public and fostering a culture of stewardship towards the protection of the environment and the landscape will be necessary. Also, ensuring that the project properly managed and funded are crucial to the achievement of conservation objectives. As of now, the role of farmers is poorly defined and more knowledge needs to be acquired about agricultural practices and their interactions with the biodiversity of the island. This may allow more precise interventions and offer a clearer picture of the responsibilities of farmers regarding the protection of biodiversity. Within the Île-Bizard humanized landscape project, farmers and landowners don’t seem conscious of their role as stewards of the land.
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