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La question de l'interprétation en traduction : le traducteur comme copiste / The question of interpretation in translation : the translator as copyistTalbot, Aurélien 24 January 2014 (has links)
Il est communément admis que la traduction est liée à l'interprétation, ce dont témoignent des formules telles que « comprendre c'est traduire » ou « interpréter pour traduire ». Cette thèse se donne pour objectif de parcourir les principales articulations du nœud entre interprétation et traduction et d'évaluer les chances de le desserrer. Pour ce faire, deux axes sont retenus. D'une part, l'opposition entre le bon sens et les paradoxes qui recoupe l'opposition entre les théories traditionnelles et critiques de la traduction. D'autre part, une lecture des réflexions sur la traduction au regard de certaines notions mises en avant par des penseurs assimilés à ce qui a pu être appelé la « théorie française », puis reprises en critique littéraire.Les hypothèses de George Steiner concernant la traduction et les principes de la Théorie Interprétative de la Traduction développée à l'ÉSIT sont ainsi étudiés et confrontés aux propositions d'Henri Meschonnic et d'Antoine Berman. Pour approfondir l'enquête et tenter de délimiter la portée du modèle herméneutique du sens en traduction, les travaux notamment de Saussure, Benveniste, Derrida, Deleuze, Ricœur ou Barthes jusqu'à ceux, plus récents, d'Agamben, Rancière et Huyghe sont convoqués.Dans ce sillage, la thèse invite enfin à considérer la traduction comme une technè ouverte et indéterminée et suggère d'aborder le lien entre traduction et interprétation du point de vue des réflexions sur la répétition et la représentation qu'ont pu inspirer le personnage du copiste et sa place croissante en littérature depuis Flaubert. / It is commonly accepted that translation and interpretation are linked, as is reflected in phrases such as “understanding as translation” and “interpret to translate”. The objective of this thesis is to examine the main threads of the knot that joins interpretation and translation, and to evaluate the chances of untangling these threads.Two approaches were used to do this. The first approach examines the conflict between common sense and the paradoxes raised by comparing traditional and critical theories of translation. The second approach considers reflections on translation in the light of certain notions advanced by thinkers associated with what can be called the “French theory” and then adopted in literary criticism.Thus, George Steiner’s hypotheses concerning translation and the principles of the Interpretative Theory of Translation developed at the ÉSIT are assessed and contrasted with propositions put forward by Henri Meschonnic and Antoine Berman. Works by de Saussure, Benveniste, Derrida, Deleuze, Ricœur, and Barthes, as well as by more recent authors such as Agamben, Rancière, and Huyghe, are appraised in order to develop this analysis further, and to try and define the range of the hermeneutic model of meaning in translation.The results of these analyses suggest that translation should be considered an open and indeterminate techne, and that the link between translation and interpretation can be addressed via reflections on the repetition and the representation inspired by the character of the copyist and its growing place in literature since Flaubert.
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L'ouverture de l'image dans les oeuvres de Claude Simon, Peter Handke et Richard Powers. / The Opening of the Image in the Works of Claude Simon, Peter Handke and Richard PowersLucas-Leclin, Emilie 06 December 2011 (has links)
Le propos de cette thèse est d’analyser le pouvoir d’ouverture de l’image dans des récits écrits après les années 1980 : Le Jardin des Plantes de Claude Simon, Mein Jahr in der Niemandsbucht et Der Bildverlust de Peter Handke, et Three Farmers on Their Way to a Dance de Richard Powers. La catégorie du visuel, empruntée à Georges Didi-Huberman, nous a permis d’interroger l’image à partir de son pouvoir d’ouverture dans "la certitude visible" : parce qu’elle est travail de l’entre et de l’autre, l’image trouble les partages entre voir et savoir, visible et invisible, actuel et virtuel. Ce principe d’inquiétude de l’image, nous l’avons relié à un double mouvement : d’une part, une démarche visant à délier pensée et réalité afin de donner à voir l’idiotie d’un réel sans raison ; d’autre part, la dynamique instable d’une économie psychique engageant une dialectique entre deuil et désir, angoisse de la perte et ouverture à la virtualité du possible. L’absence, foyer originaire de l’image, est le moteur de cette tension entre rétention mélancolique et protension désirante. L’image est ainsi au cœur d’un paradoxe temporel : mémoire d’un passé qui ne passe pas et revient hanter le présent, elle engage aussi dans les textes du corpus une paradoxale "mémoire du présent". C’est dans cette discordance entre deux images possibles du temps qui vient, l’une hantée par la catastrophe historique, l’autre cherchant à rouvrir l’espace du présent comme lieu d’un agir historique, que s’esquisse une politique de la forme esthétique : une forme intérieurement divisée, fondée sur le refus de clore le débat entre catastrophe et promesse. / The aim of this thesis is to analyse the ‘opening’ power of the image in narrative texts written after the 1980s : Claude Simon’s Le Jardin des Plantes, Peter Handke’s Mein Jahr in der Niemandsbucht and Der Bildverlust, and Richard Powers’ Three Farmers on Their Way to a Dance. The category of the visual, as articulated by Georges Didi-Huberman, has allowed us to question the image from the vantage point of its power to rend open ‘visible certainty’: as a work of the between and of the other, the image disrupts the distinction between seeing and knowing, visible and invisible, actual and virtual. We have related this principle of disruption proper to the image to a double movement : on the one hand, a strategy aiming to dissociate thought and reality in order to reveal the idiocy of a real without reason ; on the other, the unstable dynamic of a psychic economy entailing a dialectic of mourning and desire, of the anxiety of loss and the opening onto the virtuality of the possible. Absence, the originary source of the image, is the motor of this tension between melancholic retention and desiring protention. The image thus harbours a temporal paradox : memory of a past that will not pass and returns to haunt the present, the image also generates a paradoxical ‘memory of the present’. It is within this discordance between two possible images of a time yet-to-come (one haunted by historical catastrophe, the other seeking to reopen the space of the present as a site of historical agency and action) that a ‘politics of aesthetic form’ can be sketched : an internally divided form founded on the refusal to close the debate between catastrophe and promise.
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Mécanismes de la fatalité et construction d'un élan vital dans les nouvelles de Theodor Storm et de Guy de Maupassant / Mechanisms of fate and construction of a life force in the short stories of Theodor Storm and Guy de MaupassantLolliot, Rachel 20 April 2015 (has links)
La nouvelle étant un récit bref, elle est à même de représenter le tragique de l'existence : elle attrape sur le vif tous les événements de la vie et les présente dans une économie restreinte. Theodor Storm et Guy de Maupassant ne manquent pas à cette règle et proposent des récits marqués par l'empire de la fatalité. Celle-ci est la manifestation du destin et/ ou du hasard qui transparaissent à travers la description de paysages réalistes et à travers la mise en avant d'objets clé qui entraînent avec eux la décrépitude des personnages. La technique narrative est également au service de la mise en scène de ce déterminisme, ainsi, l'un et l'autre auteur se permettent d'enchâsser les histoires, de revenir en arrière dans la narration pour mieux faire peser le poids du destin et/ ou du hasard afin de souligner que chacun fonctionne comme un mécanisme à ressort se déroulant tragiquement. Pourtant, même si tout laisse supposer le contraire, ces nouvelles ne sont pas qu'imprégnées de pessimisme. En effet, de cette fatalité empreinte de destin et/ ou de hasard se dégage un élan vital caractéristique de la pensée philosophique et sociale du XIXe siècle. Le destin et/ ou le hasard est en fait l'expression aveugle d'une volonté qui détermine le choix des personnages. Aussi ces nouvelles mettent-elles l'accent sur l'illusion du libre arbitre des personnages qui pensent pouvoir se déterminer eux-mêmes. De là, l'élan créatif issu de l'écriture permet une suspension de ce déterminisme. Ainsi, ce sont ces mécanismes de la fatalité qui sont démontés dans ce travail afin de repérer cet élan vital, salvateur et libérateur propre à la conception philosophique et littéraire du XIXe siècle. / A short story is a brief narrative and therefore can represent the tragic of existence : it catches on the spot all the events of life and presents them in a restricted economy. Theodor Storm and Guy de Maupassant obey the rule and offer narratives marked by fatality, which is the demonstration of fate and/ or chance shown through the description of realistic landscapes and through the emphasis of key objects which pull with them the decline of the characters. The narrative technique also serves the fabrication of this determinism. So, both authors allow themselves to intersperse stories, to go back into the narration, so that the weigh of fate and/ or chance is heavier and works as a spring mechanism taking place tragically. Nevertheless, even if everything suggests the opposite, these short stories are not so pessimistic. Indeed, a life force typical of the philosophical and social thinking of the 19th century arises from this fatality marked with fate and/ or chance. Fate and/ or chance is in fact the blind expression of a will which determines the choice of characters. So these short stories emphasize the illusion of characters' free will who think they can decide of their life. From there, the creative impulse stemming from the writing allows a interruption of this determinism. So, it is those mechanisms of fate that are defused in this work to observe this saving and liberatoring life force, inherent to the philosophic and literary concept of the XIXth century.
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