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L'Articulation humain/ciel (ren 人 / tian 天) dans la quête de la sagesse selon le ZhuangziJean-Bressani, Antoine 01 1900 (has links)
Les plus anciens passages du Zhuangzi (datés de la fin du 4e s. AEC) méritent une attention particulière pour leur profonde originalité. La sagesse qu’ils illustrent semble se résumer ainsi: il faut s’accorder au « ciel » (tian 天, ce qui est spontané) et se défaire de l’« humain » (ren 人, ce qui est délibéré).
Si, cependant, de s’accorder au ciel signifie de ne plus prendre de partis et de ne pas écarter ce qui s’offre à soi, un problème surgit tout de suite: comment prendre le parti du ciel et écarter l’humain? Comment même admettre une distinction fondamentale entre ce qui est céleste et ce qui est humain? Le Zhuangzi prétend justement dépasser toute distinction établie. Peut-être faudra-t-il dire que ce par quoi la sagesse se définit, i.e. l’opposition du ciel et de l’humain, n’en est qu’une définition « extérieure », une approximation étrangère à la sagesse même, qui est imprescriptible.
Une alternative se présente alors: soit (1) la sagesse est inabordable, et il faudra un prodige (et peut-être quelques techniques préparatoires indirectes) pour qu’elle puisse advenir; soit (2) la sagesse est inévitable, et il n’y a rien à faire. Cette seconde option resterait peut-être invisible si elle ne nous était pas signalée par Guo Xiang (252-312 EC), commentateur canonique du Zhuangzi. De ne rien faire, de ne pas résister à ce qui se passe déjà, fait partie de l’idéal original du sage en tant que personne céleste, où le « ciel » est compris comme le cours même des choses, la spontanéité profonde de l’existence, sa transformation constante, l’émergence et l’évanouissement de toute chose. Pour éviter la contradiction, l’activité humaine doit être, fondamentalement et finalement, spontanée. Pensées, jugements, désirs et décisions naissent d’eux-mêmes. Il faudra dire, en fin de compte, qu’aucun être, être humain y compris, ne peut éviter la « sagesse » du cours des choses. / The core wisdom of the Zhuangzi is commonly epitomized along such lines: one ought to follow “heaven” (tian 天, the spontaneous) and break free from the “human” (ren 人, the deliberate). The present essay questions this abbreviation via an exploration of the oldest sections of the Zhuangzi (dated to the end of the 4th century BCE).
If “following heaven” entails not to take sides, and not to shun whatever presents itself, a problem arises: how should I take the side of heaven and discard the human? How could I even allow a fundamental distinction between the heavenly and the human? Eventually, we may be tempted to concede that the definition of wisdom which generates an opposition between heaven and the human is ‘extrinsic’ to wisdom, which itself must remain imprescriptible.
An alternative then emerges: either (1) wisdom is inaccessible, and it would take a kind of miracle (prepared, as it may be, by some indirect techniques) for wisdom to turn up; or (2) wisdom is inevitable. This second option would perhaps go unnoticed were it not signaled by Guo Xiang (252-312 EC) in his canonical commentary of the Zhuangzi. The idea that wisdom makes no requirement of us – leaving us open to whatever is going on – in fact corresponds to the ideal of the sage as the heavenly person, where “heaven” is identified with the very run of things, i.e. the original spontaneity of existence and its constant transformation, the emergence and fading away of each and every thing. Thereupon, we are gradually led to the conclusion that our situation (‘whatever is going on’) includes human activity, so that even “the human” must be recognized as fundamentally spontaneous: thoughts, judgments, desires, decisions and intentions are born of themselves. Nothing, in the end, avoids the “wisdom” that belongs with the course of events.
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