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La postmodernité comme expérience de la fragmentation : genèse et développement de la transition sociétale à partir d'une lecture des formes esthétiquesBoulé, Éric 04 October 2018 (has links)
Du point de vue de la théorie de la société, la sortie de la modernité peut se comprendre comme l’abandon d’un idéal d’unité de la société aussi bien que de cohérence de l’expérience subjective de la vie sociale, un idéal qui fut régi et aiguillé par le principe de la raison universelle. En ce sens, et pour dire les choses de manière imagée, on dira que cette sortie de la modernité est un passage progressif de la verticalité vers l’horizontalité; il n’y a plus alors de principe régulateur et transcendant éclairant l’humanité, la tirant vers lui, le point focal ayant disparu. Le sujet postmoderne évolue dorénavant en prenant contact a posteriori avec ce qui se trouve devant lui, hic et nunc, dans l’instant même de sa constitution et à partir du divers environnant. Cette transformation du rapport à la totalité, typique d’une crise, s’imprime et s’inscrit à l’intérieur de toutes les dimensions de la pratique sociale. La dimension esthétique et expressive de la pratique humaine porte donc elle aussi, forcément, l’empreinte de cette érosion progressive du mode d’être de la modernité et elle s’y présente comme effort de mettre fin au régime de la représentation. Sur le plan de l’opération esthétique, cet effort est sans doute l’une des caractéristiques fondamentales de la sortie de la modernité. La mutation postmoderne du mode d’être propre au monde moderne se traduit objectivement par des volontés expressives qui s’actualisent et se manifestent à l’intérieur des oeuvres qui s’en font l’écho, comme autant d’efforts de rompre avec la représentation. Il est ainsi possible, et c’est ce que je tenterai de montrer dans cette thèse, de lire les différents moments dialectiques de la transition sociétale postmoderne à partir d’une typologie sélective de propositions formelles d’unité expressive qui visent à remplacer, dans les provocations artistiques adressées à la sensibilité, la fonction unificatrice du référent extérieur, qu’il ait été subjectif ou objectif. Ce sont donc des oeuvres (dont je soutiens qu’elles sont archétypales) qui seront examinées ici, des oeuvres issues des domaines de l’architecture, de la peinture, de la musique et du cinéma, des oeuvres qui serviront à mon effort d’illustrer la nouvelle volonté expressive associée selon moi à la mutation générale de la culture dont est porteuse la postmodernité. L’examen de ces oeuvres montrera également qu’un processus de fragmentation est à l’oeuvre au coeur du déploiement de la postmodernité; que cette fragmentation « processuelle » devient aussi pour le sujet, dans sa constatation et dans sa ressaisie, une invitation à la libre composition de mondes possibles. / From the point of view of the theory of the society, the exit from the modernity can be understood as the withdrawal of an unity ideal of the society as well as a consistency one of the subjective experience of the social life, an ideal that has been governed and directed by the principle of the universal reason. In that sense, and for saying it in an imaging way, we will say that this exit from the modernity is a progressive passage from verticality toward horizontality; there is no more regulating and transcendent principle enlightening humanity, pulling it up to its heights, the focal point has been gone. The postmodern subject is from now on evolving by taking contact a posteriori with what is standing in front of him, hic et nunc, in that same moment of its constitution and from the surrounding diversity. This transformation of the relation to the totality, as typical as a crisis, imprints and inscribes itself within all the dimensions of the social practice. The aesthetic and expressive dimension of the human practice then also holds, necessarily, the mark of that progressive erosion of the being mode of the modernity and appears as an effort to end the representation regime. On the aesthetic operation plan, this effort is without a doubt one of the fundamental characteristics of the exit of the modernity. The postmodern mutation of the being mode related to the modern world is objectively translated by expressive wills that are actualizing and showing themselves in artworks which are their echoes, as much as efforts to end with the representation. It is then possible, and that is what I will try to show in this thesis, to read these different dialectical moments of the postmodern societal transition, from a selective typology of formal propositions of expressive unity which aim to replace, within these provocations addressed to the sensibility, the unifying function of the exterior referent, although it was subjective or objective. So these are artworks (that I assert that they are archetypal) that are going to be examined here, artworks that are coming from the architecture, painting, music and cinema domains, artworks that will serve at my effort to illustrate the new expressive will linked to, according to me, the general mutation of the culture held by the postmodernity. The examination of these artworks will also show that a fragmentation process is working at the heart of the deployment of the postmodernity; that this « processive » fragmentation becomes also for the subject, in its constatation and in its re-catching, an invitation to free composition of possible worlds.
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Rangs : une approche systémique du territoireLehmann, Mériol 24 April 2018 (has links)
La deuxième moitié du vingtième siècle a vu se réaliser d’importants changements de paradigmes avec le passage de la société industrielle — l’ère de la machine — à la société postindustrielle — l’ère de l’information. Ces bouleversements ont été à la source de révolutions artistiques, scientifiques et culturelles. La transformation majeure subie par le domaine de l’art à cette époque, passant ainsi de l’art des objets à l’art des idées, s’inscrit directement dans l’esthétique systémique mise de l’avant par Burnham comme théorie générale de l’art, et trouve son application jusque dans les pratiques contemporaines. La présente recherche s’intéresse plus spécifiquement aux pratiques des photoconceptualistes, notamment ceux ayant fait partie de l’exposition New Topographics, qui marque la rupture entre une vision moderniste de la photographie de paysage et une approche photographique systémique du territoire. Comme dans le cas de l’art contemporain, ce paradigme demeure pertinent dans les pratiques actuelles liées au territoire, dans lesquelles s’inscrit justement mon travail artistique. Finalement, la dimension intrinsèque de l’interdisciplinarité dans la pensée systémique m’a mené à étudier le territoire sous un angle géographique. Ceci a permis de m’interroger sur la façon dont ma pratique artistique fait partie du système territorial dans son sens le plus large, en participant aux systèmes de représentation qui forgent à la fois la connaissance et la conception qu’ont les acteurs du monde qui les entoure, et particulièrement dans sa dimension sensible, donc esthétique. / From the machine age of the industrial society to the information age of the post-industrial society, the second half of the twentieth century witnessed important paradigmatic changes, constituents of broad social transformations that led to artistic, scientific and cultural revolutions. In art, the major shift from object-based to ideas-based practices, identified by Heinich as the paradigm of contemporary art, belonged to the realm of Burnham’s theoretical proposal of “system aesthetics”. Within this research realm, I am particularly interested in the photoconceptualists, especially those who were part of New Topographics show, a breakthrough event that marked the rupture between Ansel Adams’ modernist vision of the landscape, and a systems-based approach about the landscape. As in the case of contemporary art, this paradigm remains relevant in current practices related to territory, a notion that is central to my personal artistic practice. Finally, the essential aspect of interdisciplinarity in systemic thinking led me to study the territory from the point of view of geography, thus enabling me to establish how my artistic practice is situated in this broader territorial system, participating in the forms of representation that forge both knowledge and idea, bringing an aesthetic dimension to the representative systems of the world around us.
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