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Avoir et savoir. L'appropriation des plantes médicinales de l'Amérique espagnole par les Européens (1570-1750) / Having and knowing. The appropriation of American Medicinal Plants by Europeans (1570-1750)

Boumediene, Samir 07 October 2013 (has links)
Le but de cette thèse est d’étudier comment, suite à la conquête de l’Amérique, les Européens se sont approprié des plantes médicinales d’origine mexicaine, caribéenne, andine, ou amazonienne. L’usage fréquent que les praticiens européens du XVIIIe siècle font de substances telles que le quinquina, l'ipécacuanha, le bois de gaïac ou encore le chocolat, révèle l’ampleur du phénomène, mais en masque la complexité. L’emploi d’un remède originaire d’Amérique en Europe implique en effet de nombreux processus. Le prélèvement et la mise en culture des végétaux, la transmission des savoirs indigènes et leur traduction par les allogènes, la commercialisation des drogues à travers l'Atlantique, les expériences réalisées sur les remèdes et les expéditions organisées en Amérique entre le XVIe et le XVIIIe siècle sont ainsi au cœur de cette recherche. Plus qu’un « apport » de l’Amérique à l’Europe, ce phénomène d’appropriation doit être appréhendé comme une modalité du fait colonial. Objet naturel, et en même temps savoir naturaliste et médical, la plante médicinale devient à la suite de la conquête de l’Amérique un enjeu politique. Elle suscite, en 1570, l’une des premières expéditions scientifiques de l’histoire, et inspire à la monarchie espagnole divers projets de monopole au milieu du XVIIIe siècle. De l’autre côté de l’Atlantique, elle est au cœur des conflits opposant l’« Indien » à l’Espagnol, lorsque le second interdit au premier d’utiliser des plantes abortives ou hallucinogènes, et lorsque le premier refuse de transmettre ses savoirs pharmacologiques au second. / The aim of this dissertation is to study how, in the aftermath of the Conquest of America, Europeans have appropriated medicinal plants from Mexican, Caribbean, Andean, or Amazonian origin. 18th century European practitioners frequently used substances such as Peruvian bark, ipecacuanha, gaiacum wood, or chocolate – which reveals the extent of the phenomena, yet masks its complexity. Using an American remedy in Europe indeed implied many processes. Crucial to this research are: the sampling and growing of plants; the transmission of indigenous knowledge and its translation by allogenous; the drug trade across the Atlantic; experiences carried out on remedies; and expeditions conducted in America between the 16th and the 18th centuries. More than a “contribution” of America to Europe, this phenomenon of appropriation must be understood as a modality of colonialism. As natural object, and at the same time as naturalistic and medical knowledge, medicinal plants took on a political stake after the Conquest of America. For instance, while in 1570 they had been the target of one of the first scientific expeditions in history, in the middle of the 18th century they also led the Spanish crown to undertake various monopolistic projects. On the other side of the Atlantic, it was at the heart of conflicts between the “Indian” and the Spaniard, when the latter forbade the former from using abortive or hallucinogenic plants, and when the former refused to transmit his pharmacological knowledge to the latter.

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