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Femmes, réseaux et subversion : l'organisation féministe de l'avortement illégal au Québec (1969-1988)Raby, Marie-Laurence 20 November 2023 (has links)
Dans ce mémoire, je m'intéresse à l'organisation de services d'avortement par des groupes féministes québécois entre 1969 et 1988, alors que l'avortement est illégal au Canada. Ces réseaux féministes se mettent en place au lendemain du Bill omnibus de Pierre-Eliott Trudeau (1969), qui autorise uniquement les avortements dits thérapeutiques et à condition qu'ils soient pratiqués dans les hôpitaux agréés. Les centres hospitaliers franco-québécois tardent toutefois à offrir ce service et les rares qui le font pratiquent très peu d'interventions au tournant des années 1970. Plusieurs groupes féministes créent donc des services de référence pour diriger les femmes vers des médecins montréalais qui acceptent de pratiquer des avortements dits sur demande¹, donc en dehors du cadre légal instauré par la réforme de 1969. Entre 1973 et 1976 cependant, les militantes se butent à une répression orchestrée par l'État québécois et décident de réorienter leurs services de référence vers New York. Puis, l'arrêt en 1976 des poursuites contre le Dr. Morgentaler crée une jurisprudence favorable à la pratique d'avortements en dehors des centres hospitaliers. À partir de cette date, les gouvernements successifs doivent alors tolérer les avortements effectués dans des cliniques privées étant donné le flou juridique qui entoure désormais cette pratique. Cette timide ouverture de l'État met fin à la période transnationale des réseaux féministes et leur permet de mettre sur pied des centres de santé des femmes offrant des avortements sur demande, ce qui débouche sur l'institutionnalisation de ce type de services. La période couverte par cette recherche se termine en 1988 avec la décriminalisation de l'avortement au Canada par l'arrêt Morgentaler c. la Reine. Cette recherche porte un intérêt particulier à la médicalisation de l'avortement ainsi qu'à l'adéquation entre féminité et maternité qui reflètent la position de l'État sur l'avortement jusqu'en 1988. Les groupes féministes s'opposent à ces prescriptions normatives en prônant la démédicalisation des services d'avortement et en soulignant le caractère sociopolitique du rôle reproductif attribué aux femmes. Ainsi, les réseaux d'avortement qu'ils mettent en place jouent un rôle éminemment subversif. ¹On parle d'avortement sur demande pour désigner les avortements effectués sans l'ingérence d'un comité d'avortement thérapeutique. Cette étiquette renvoie à la capacité de choisir des femmes. Une autre dénomination utilisée est l'avortement libre. / In this essay, I examine the organization of abortion services by Quebec feminist groups between 1969 and 1988, when abortion was illegal in Canada. These feminist networks were set up in the wake of Pierre-Eliott Trudeau's Omnibus Bill (1969), which allowed only therapeutic abortions to be performed in accredited hospitals. However, Franco-Quebec hospitals were slow to offer this service, and the few that did so performed very few procedures at the turn of the 1970s. Feminist groups, which were emerging at the same time, created abortion referral services to direct women to Montreal doctors, performing so-called abortions on demand, outside the legal framework established by the 1969 reform. Between 1973 and 1976, the referral service was subject to state repression. In response to this difficult political climate in Quebec, feminist activists redirected their service to New York. The termination of the prosecution of Dr. Morgentaler in 1976 created jurisprudence favorable to the practice of abortions outside of hospitals, marking the end of the transnational period of feminist networks. Between 1976 and 1988, successive governments interpreted the legal uncertainty surrounding abortion in Quebec to allow abortions performed in private clinics. This timid opening by the state allowed feminists to set up women's health centers where they offered abortions on demand, marking the institutionalization of feminist abortion networks. The period covered by this research ends in 1988 with the decriminalization of abortion in Canada through the Morgentaler v. the Queen decision. This research is particularly interested in the medicalization of abortion and the adequacy of femininity and maternity, which permeate the state's position on abortion in various ways until 1988. Feminist groups oppose these normative prescriptions by advocating the demedicalization of abortion services and emphasizing the socio-political character of women's reproductive role. Thus, feminist abortion networks play a highly subversive role.
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La révolution féministe contemporaine d'après Alison JaggarLanctot, Denis R. 02 March 2021 (has links)
Dans Feminist Politics and Human Nature, publié en 1983, la philosophe américaine Alison Jaggar expose les idéologies des féminismes libéral, marxiste, radical, et socialiste, en fait l’épistémologie, et conclut que le féminisme socialiste est celui qui convient le mieux à la participation' de la femme au renouvellement social. Par ailleurs, les féministes de toutes les tendances proposent des transformations qui, pour la plupart, sont nettement révolutionnaires, d’où le titre de ce mémoire, «La révolution féministe», qui résume, dans les grandes lignes, les thèmes exploités par cette auteure.
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Les féministes et le changement social en Belgique: programmes, stratégies et réseaux / Feminists and social change in Belgium, 1918-1968: program, strategy and networksJacques, Catherine 13 December 2007 (has links)
Les Féministes et le changement social en Belgique (1918-1968). Programmes, stratégies et réseaux. Catherine Jacques. <p>Thèse de doctorat présentée sous la direction de Mme Eliane Gubin (Université libre de Bruxelles)et de Mme Christine Bard (Université d’Angers) en vue d’obtenir le titre de docteure en histoire.<p><p>Alors que l’histoire des femmes est relativement bien implantée en Belgique, il n’existe encore aucune étude qui envisage l’ensemble des mouvements féministes dans leur rapport à la société civile et politique. L’époque choisie s’étend de 1918 à 1968. Si les prémisses du féminisme et ses activités jusqu’en 1914, ainsi que sa reconversion durant les années de guerre, ont fait l’objet d’un certain nombre d’études, en revanche de multiples pans de l’activité féministe de l’entre-deux-guerres aux années 1960 demeurent largement méconnus. Pour les aborder, il convient d’évaluer d’abord l’impact de la guerre 14-18 sur les mouvements féministes et sur la condition des femmes. En effet le conflit les a profondément marquées, et les féministes en particulier qui s’étaient fortement impliquées dans le courant pacifiste de la Belle Epoque. Pendant la guerre, toutes ou presque, se sont engagées dans des activités patriotiques ou caritatives et certaines, au lendemain des hostilités, les prolongent au sein du mouvement féministe, dont elles deviennent d’importantes représentantes. <p>L’armistice conclue, les différentes associations féministes se reconstituent mais elles adaptent leurs revendications au contexte nouveau :la thèse analyse entre autres les relations entre féministes d’avant et d’après guerre, afin d’évaluer dans quelle mesure il y eut transmission (ou non) d’un savoir militant et d’expériences antérieures. En effet, aux côtés des associations féministes existant avant 1914 et reconstituées après 1918, naissent de nouveaux groupes, surtout à partir de la fin des années 1920. Ils se composent de femmes venues d’horizons sociaux relativement différents des militantes précédentes. Souvent universitaires, engagées dans une vie professionnelle, ces féministes formulent des revendications nettement plus radicales :c’est le cas par exemple du Groupement belge de la porte ouverte (1929) qui s’oppose clairement à toute législation protectionniste du travail différenciée selon les sexes, telle qu’elle est prônée par le Bureau international du Travail ;c’est le cas d’Egalité, une association dirigé par l’avocate et future sénatrice cooptée libérale Georgette Ciselet, qui affiche un programme féministe relativement radical en matière d’égalité civile et politique.<p>Le contexte a ici toute son importance :le féminisme d’entre-deux-guerres est en effet confronté à la mise en place de nouveaux processus d’intervention de l’Etat et aux conséquences des politiques natalistes menées par tous les gouvernements. L’idéal féminin que l’on tente d’imposer est marqué par l’assimilation quasi totale de l’identité féminine à la fonction maternelle et à la fécondité. Cette tendance, déjà forte avant guerre, s’accentue encore sous la pression de la grande crise et du chômage, que l’on croit pouvoir résorber en dégageant des postes de travail par le renvoi des femmes au foyer. Or ces tendances sont en totale contradiction avec l’implication des femmes dans l’espace public (elles sont devenues électrices communales), avec leur accès à de nouvelles filières professionnelles (infirmières, assistantes sociales), avec leur arrivée plus nombreuse dans l’enseignement secondaire et même supérieur. <p>De quelle manière et dans quelle mesure les deux générations de militantes ont-elles collaboré ?En d’autres termes, comment et par quels biais s’est assurée la transmission féministe ?Ces questions sont également abordées pour la période qui suit immédiatement la Seconde Guerre Mondiale. Celle-ci reste un domaine pratiquement inexploré, complètement occulté par l’explosion du néo-féminisme des années 1970. Longtemps, on a cru qu’en signalant l’accès des femmes au suffrage en 1948, on avait tout dit ;pour beaucoup, ces années seraient caractérisées par un mouvement féministe affadi, en léthargie en quelque sorte. Cette version, généralement admise, doit être largement nuancée. Les années 1950 et 1960 voient fleurir au contraire des revendications réformistes, même si elles adoptent encore un ton mineur et qu’elles doivent être replacées dans le contexte de l’époque. Elles sont énoncées de manière telle que les contemporains puissent les entendre. Ce féminisme en réalité très vigoureux engrange des succès et mène des combats fondamentaux, tels que l’accès complet à la citoyenneté des femmes, la féminisation des études supérieures, la réforme du code civil et des régimes matrimoniaux. Il balise à bien des égards la voie pour les revendications de la seconde vague féministe, il est donc erroné et réducteur de les présenter en rupture totale. <p>La thèse privilégie une approche thématique des revendications féministes :une partie traite des avancés dans la sphère publique (pour l’essentiel la question du droit à la citoyenneté économique et politique) et l’autre dans l’espace privé (réforme du code civil, droits des mères et réflexions sur la sexualité). <p>Ce type d’analyse permet de mieux contextualiser les revendications en les mettant en rapport avec les enjeux contemporains. A terme les éléments dégagés éclairent les processus de construction des citoyennetés civile, politique et sociale des femmes.<p>Les stratégies élaborées par les féministes sont au cœur de notre réflexion. Une attention particulière est accordée aux personnes qui conçoivent et portent ces revendications, de manière à réintégrer dans le processus d’émancipation des femmes des réseaux et des relais insérés dans des courants autres que féministes (partis politiques, syndicats, associations féminines). La mise en évidence de ces relais montre comment certaines idées, nées au sein des mouvements féministes, ont pénétré dans des groupes qui réfutaient toute adhésion à la cause féministe mais qui, à terme, en ont adopté les demandes et les ont diffusées dans un public plus large. La manière dont ces revendications féministes parviennent à “ remonter ”, à la fois au sein de structures politiques et associatives, et atteindre ainsi un grand nombre de femmes (et d’hommes) est central dans l’analyse proposée.<p>Mais faire l’étude des mouvements ou des associations sans tenir compte des personnes qui les composent, laisse subsister des zones d’ombre. La sociabilité des militantes est interrogée. Celle-ci est, sans doute, un élément d’explication à la constance de certains engagements. <p>Notre étude si elle se situe sur le plan national, envisage conjointement l’impact de l’international sur l’évolution du féminisme belge. Au plan international, l’ensemble des organisations faîtières dont dépendent de nombreuses associations nationales trouvent leur place dans notre étude :le Conseil international des Femmes qui chapeaute le Conseil national des Femmes belges, l’Open Door pour le Groupement belge de la Porte Ouverte, etc. L’angle d’approche n’est pas l’organisation faîtière en tant que telle mais bien les rapports entretenus avec l’association nationale. Sans oublier les instances internationales (SDN puis ONU, OIT, BIT,etc.) auprès desquelles les associations internationales féministes exercent depuis leur création un lobbying serré en faveur des intérêts féminins qui, mesuré aux nombres des conventions et des accords en tout genre indiquent que leur influence est réelle et attestent de l’existence de véritables stratégies féministes dans l’entourage des organismes internationaux. <p>Au terme, la thèse permet de mieux comprendre le processus d’inclusion des femmes dans la société belge et éclaire sur les mécanismes de démocratisation de celle-ci par l’intégration de ses citoyennes./Feminists and social change in Belgium<p>(1918-1968)<p>Program, strategy and networks<p><p><p>Although women history is rather well established in Belgium, no survey has been made on all the women movements in the frame of their relationship with civil and political society. The studied area spans from 1918 till 1968.<p>The context is important :feminism for the inter bellum period and after the second world war must face the increasing impediment of the State in public life, generating new discriminations. This thesis uses predominantly a thematic approach of the different feminist demands :one part will deal with the progress made in the public domain (mainly the issue of the right to economic and political citizenship) and another one in the private domain (civil code reform, mothers’ rights and considerations on sexuality).<p>In the long run, the points brought forward bring to light the building process of civil, political and social citizenship of women.<p>The strategies elaborated by the feminists lie at the heart of our thought. A special point of attention is made for the people conceiving and bringing forward these demands, in order to integrate in the emancipation process of women the networks and relays used outside the women sphere (political parties, unions, women societies).<p>Even if this survey is made at the national level, it also involves the impact of what is happening at the international level on Belgian feminism.<p>Eventually, the purpose of this thesis is to better understand the inclusion process of women in Belgian society and to bring to light the impact the integration of women had on the democratization mechanism of the same Belgian society.<p><p><p><p><p> / Doctorat en Histoire, art et archéologie / info:eu-repo/semantics/nonPublished
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Institutionnalisation du féminisme et représentation politique: le cas du Chili depuis la fin des années 1980 / Institutionalization of feminism and political representation: the case of Chile since the end of the 1980'sStoffel, Sophie 28 August 2008 (has links)
Cette recherche doctorale propose de discuter le concept de représentation politique afin de pouvoir le mobiliser dans l’examen empirique de la dynamique d’institutionnalisation du féminisme au Chili. La thèse défendue est que les organisations féministes institutionnalisées « font » de la représentation politique bien qu’elles n’appartiennent pas à l’espace politique formel défini par les élections et qu’elles ne sont pas impliquées dans une relation d’autorisation et de reddition des comptes avec les personnes qu’elles entendent représenter. Il s’agira donc de combler l’approche conventionnelle de la représentation politique, ancrée dans l’histoire du gouvernement démocratique libéral, et qui ne permet pas de rendre compte d’un pan de la représentation politique :celle qui ne s’articule pas autour des élections et qui est le fait d’acteurs évoluant en dehors de l’espace politique formel. L’étude du cas chilien, selon une démarche de sociologie historique du politique, permettra de tester cette hypothèse. / Doctorat en sciences politiques / info:eu-repo/semantics/nonPublished
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