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Suites de Consonnes en Berbère : Phonétique et Phonologie

Ridouane, Rachid 16 December 2003 (has links) (PDF)
J'ai traité lors de cette thèse de deux aspects liés au phénomène des suites consonantiques en berbère chleuh : les mots sourds et les consonnes géminées. J'ai adopté l'approche dite de " la phonologie du laboratoire " (cf. Kingston & Beckman 1990, Pierrehumbert et al. 1996), selon laquelle les analyses phonologiques doivent s'accorder avec les données phonétiques qui émanent de procédures expérimentales. La phonologie du laboratoire suppose en effet que la phonétique peut apporter des éléments de réponse à certains comportements phonologiques. C'est l'objectif central de ce travail.<br />Le chleuh est un dialecte berbère parlé au Sud et au Sud-Ouest du Maroc. Ce dialecte présente deux phénomènes très rares voire typologiquement uniques. Certains mots peuvent contenir uniquement des obstruantes sourdes (e.g. tsskRftstt " tu l'as séchée ") sans voyelle ou consonne sonore. Des phrases entières peuvent aussi être totalement sourdes (e.g. [tftWtstt tftktstt] " tu l'as roulée (et) tu l'as donnée "). Ce dialecte contient aussi différentes sortes de géminées : lexicales, issues d'une assimilation complète ou issues d'une concaténation de deux consonnes identiques. Les géminées tautomorphémiques sont attestées aussi bien en position intervocalique qu'initiale et finale absolues. Elles peuvent être précédées ou suivies d'une ou de plusieurs consonnes.<br />La thèse est composée de deux parties. La première partie est une analyse phonétique et phonologique des consonnes géminées. Entre autres objectifs de cette partie est de déterminer si l'opposition simple/géminée est une opposition de qualité ou de quantité ou des deux. Différents types d'analyses (acoustique, aérodynamique, fibroscopique, photoélectroglottographique et phonologique) ont été réunis. Ils montrent que la distinction entre les consonnes simples et les géminées est essentiellement une distinction de structure temporelle même pour les occlusives sourdes en position initiale absolue. Les autres corrélats moins fiables de cette opposition peuvent être considérés comme secondaires. La théorie syllabique doit donc permettre des distinctions de longueur qui ne reviennent pas uniquement à une jonction entre deux syllabes. La deuxième partie de cette thèse traite d'un phénomène devenu un des exemples les plus célèbres en phonologie depuis la publication des travaux de Dell et Elmedlaoui sur la structure syllabique en chleuh (1985, 1988, 2002). Le chleuh, selon la thèse initiée par ces deux auteurs et adoptée entre autres par Prince & Smolensky (1993), permet à toute consonne d'occuper le noyau de la syllabe, même une occlusive sourde. Cette analyse a été vivement débattue. Un seul point d'accord est sorti de ce débat : la connaissance des phénomènes à partir des transcriptions tranditionnelles est insuffisante et il faut avoir recours à des expériences phonétiques plus poussées pour résourde les problèmes. Ce sont les résultats de telles expériences que j'ai présentés dans ma thèse. La question à laquelle j'ai tenté de répondre à partir d'un ensemble d'analyses acoustiques, fibroscopiques, photoélectroglottographiques et phonologiques est la suivante : " En chleuh, schwa est-il un segment au niveau des représentations phonétiques ? " Un aspect de cette question est le suivant : si, comme le soutiennent Dell et Elmedlaoui, schwa est simplement un aspect de la réalisation d'une consonne voisine, et non un segment, on ne doit pas trouver de schwa, donc du voisement ou de geste vocalique, dans un mot composé de consonnes sourdes. On ne voit pas quel mécanisme phonétique introduirait du voisement dans un contexte dépourvu de segments [+voisé]. Si par contre ces mots contiennent des schwas on doit en déduire que les représentations phonétiques du chleuh comportent au moins quatre vocoïdes : les réalisations de /a, i, u/ et en plus un segment schwa apte à occuper le noyau de la syllabe. Les résultats montrent d'une manière claire qu'en berbère chleuh, il n'y a aucune trace d'une voyelle sous-jacente dans les mots composés entièrement d'obstruantes sourdes. Les traces trouvées principalement dans certaines réalisations d'un locuteur d'Agadir (sur 7 locuteurs) sont dues à l'influence de l'arabe sur le parler des locuteurs bilingues arabe-berbère. La théorie syllabique doit permettre des syllabes sans vocoïdes. Cette thèse présente aussi une contribution nouvelle à l'étude du comportement laryngé en appliquant pour la première fois les techniques de fibroscopie et de photoélectroglottographie à l'étude du berbère. Vu ses caractéristiques linguistiques, le berbère permet d'approfondir nos connaissances sur les mécanismes du contrôle laryngien et sur la nature des rapports temporels entre les gestes glottaux et supraglottaux. Les études précédentes se limitaient pour l'essentiel à l'étude des segments simples (principalement les occlusives aspirées) dans certaines langues germaniques, plus le japonais. Parmi les aspects analysés dans cette thèse, le mécanisme du contrôle de l'aspiration des occlusives simples et géminées, l'aspiration quelque peu atypique dans les groupes initiaux fricative-occlusive et la configuration glottale pendant la tenue des consonnes glottales, pharyngales et uvulaires (précédemment à peine étudiée). L'aspect de ce travail qui peut avoir des ramifications importantes est celui concernant les mots sourds. De telles données n'ont en effet jamais été étudiées auparavant. La modélisation des gestes laryngés pendant la tenue de ces formes entièrement dévoisées a été présentée fondamentalement en adoptant le modèle " cible-et-interpolation " (Pierrehumbert & Beckman, Keating). Les résultats montrent d'une manière quelque peu inattendue que la glotte ne reste pas simplement ouverte durant ces énoncés sourds, mais que l'aperture glottale est sans cesse modulée et peut être systématiquement mise en relation avec celle des segments individuels présents dans la suite sourde. On pourrait en effet s'attendre à ce que dans de tels énoncés, le geste " de dévoisement " soit considéré comme superflu par le locuteur et simplement éliminé. Or il n'en est rien. Ces résultats montrent d'une manière éclatante à quel point les gestes glottaux et les gestes supraglottaux sont liés.
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La gémination en tarifit : considérations phonologiques, étude acoustique et articulatoire / Gemination in Tarifit berber : phonological considerations, acoustic and articulatory study

Bouarourou, Fayssal 08 December 2014 (has links)
Ce travail se focalise sur le parler du tarifit de la province de Nador, afin d’étudier la gémination dans cette variante du berbère, parlée au Maroc. Il s’agit d’une investigation articulatoire cinéradiographique et acoustique. Un aperçu général du système phonologique du tarifit est proposé. Dans la revue critique de l’état de la question, nous avons tenté, d’abord, de montrer les différents arguments relatifs à la représentation des géminées en un seul segment ou en une suite de deux segments. Nous avons ensuite évoqué les débats contradictoires sur les notions de tension et de gémination. Notre recherche est conduite dans le cadre du paradigme de la perturbation et des réajustements, en variant la vitesse d’élocution. Les résultats principaux dans le domaine acoustique montrent, pour toutes les consonnes, simples et géminées, produites en vitesse d'élocution normale ou rapide, que la durée de la tenue consonantique est l’indice principal qui permet de les distinguer. Au niveau articulatoire, l’étude du timing des paramètres articulatoires indique, entre autres, que c’est le contact apical, vélaire et uvulaire, plus long pour la géminée, qui est le paramètre préférentiel de la distinction phonologique simple vs. géminée. L’analyse des vues de profil donne les résultats suivants en ce qui concerne l’étendue de contact (mm) : a) l’étendue de contact des occlusives est systématiquement plus importante pour les géminées que pour les simples ; b) l’étendue de contact augmente de la consonne apical, au vélaire (réalisée plutôt palatale), puis à l’uvulaire. Les résultats sont discutés en termes de relations articulatori - acoustiques. / This work focuses on tarifit of the provinces of Nador, in order to study gemination in this variant of Berber spoken in Morocco. This is an acoustic and articulatory X-ray investigation. A general overview of the tarifit phonological system is proposed. In a critical review of the literature, we tried, first, to show the different arguments concerning representation of geminates as one or as a sequence of two segments. We then discussed the contradictory debates on the concepts of tension and gemination. Our research is carried out within the perturbation and readjustments paradigm, by varying speech rates. Main results in the acoustic domain show for all consonants, singletons and geminates, produced in normal or fast speech, that consonantal closure is the main cue that allows distinguishing them. On the articulatory level, the study of the timing of articulatory parameters indicates, among other things, that it is the apical, velar and uvular contact, longer for geminates, which is the preferred parameter of the singleton vs. geminate phonological distinction. Analysis of profile views gives the following results regarding contact extent (mm) : a) contact extent for plosives are systematically larger for geminates than for singletons ; b) contact extent increases as one goes from the apical consonant to the velar (rather palatal) consonant, then to the uvular consonant. Results are discussed in terms of articulatory - acoustic relations.
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Consonant gemination in West Greenlandic

Stefanelli, Alex Matthew 08 1900 (has links)
Ce mémoire analyse, à l’aide du Sérialisme Harmonique, un processus de gémination consonantique s’opérant à travers des frontières de morphème en groenlandais de l’ouest. Une partie intégrante de cette analyse se base sur les restrictions sur les formes de surface des consonnes géminées et le comportement général des consonnes chez les frontières de morphème. Le processus de gémination discuté implique l’assimilation consonantique régressive quand un affixe qui commence par une consonne se rattache à un stem qui se termine par une consonne. Un processus d’effacement consonantique en fin de stem s’opère dans le même contexte. Ces deux processus empêchent des groupes consonantiques d’apparaître dans des représentations de surface. Bien que la distribution de ces processus ne soit pas évidente, cette analyse propose une explication basée sur des mores flottantes qui déclenchent l’assimilation. En outre, l’analyse implémente une série d’opérations qui imposent des restrictions sur les représentations de surface des consonne géminées et établit une relation formelle entre ces représentations et leur position dans un morphème. L’objectif de ce mémoire est de proposer un exemple de comment une analyse plus moderne et unifiée de la grammaire du groenlandais pourrait être accomplie par le Sérialisme Harmonique. Alors que la majorité des travaux antérieurs sur la phonologie groenlandaise sont entièrement descriptifs ou impliquent des règles de réécriture ne pouvant pas être formellement reliées, ce mémoire suggère une approche à l’aide d’un cadre théorique sérial et basé sur des contraintes comme une option viable. / This thesis proposes an analysis in Harmonic Serialism of a cross-morpheme consonant gemination process in West Greenlandic. Central considerations to the analysis are surface restrictions on geminate consonants as well as general consonant behavior at morpheme boundaries. The gemination process at hand involves regressive consonant assimilation when a consonant-initial affix is introduced to consonant-final stem. This operates alongside a process of stem-final consonant deletion, with both processes serving as mutually exclusive strategies to prevent heterorganic consonant clusters from surfacing in West Greenlandic. While the distribution of these processes is not surface-apparent, it is explained through the proposal of unattached moras that function as triggers for assimilation. Additionally, the analysis implements a set of operations that impose restrictions on the output forms of geminate consonants and establishes a formal relationship between these output forms and their position within a morpheme. The objective of this thesis is to propose an example of how a more modern, unified analysis of West Greenlandic grammar could be modeled in Harmonic Serialism. While the majority of earlier works on West Greenlandic phonology are either purely descriptive in nature or involve rewrite rules that cannot share a formal relation or output goal, this thesis proposes an approach within a serial, constraint-based framework as a viable alternative.

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