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L'art de conter, ou, L'art de la conversation dans Les mille et une nuits

Ouakaf, Karima 05 1900 (has links) (PDF)
Les Mille et une nuits, contes arabes de sources orales et écrites et d'influences nombreuses, se figent par l'écriture, dans la traduction française classique d'Antoine Galland qui prend pour modèle la langue et le style de la conversation spirituelle de son époque. Méprisés et tenus autrefois à l'écart de la littérature arabe, l'érudit orientaliste, Antoine Galland, opère, grâce à son talent singulièrement inventif, un changement de statut de ces contes, qui accèdent alors au panthéon de la littérature. Préservant l'originalité du conte, Antoine Galland, traducteur, conteur et écrivain, invente ainsi un nouveau genre littéraire français : le conte oriental. Il s'agit donc de se demander d'abord, comment Galland est resté fidèle à la parole vivante du conte d'Orient dans l'œuvre écrite et traduite en français. Quelle a été sa stratégie narrative pour figurer la performance conteuse orientale? Comment parvient-il à préserver la dynamique orale des Mille et une nuits tout en respectant les caractéristiques propres du conte d'Orient dans une version obéissant à l'esthétique française et arabe? Et sur quoi précisément repose ce nouveau genre littéraire, le conte oriental, inventé par Galland? Ce mémoire, par des approches méthodologiques multiples se veut donc une réflexion sur l'art de conter et plus particulièrement sur la figuration de la performance conteuse orientale à l'écrit, dans la version traduite, exclusivement d'Antoine Galland. Nous situons d'abord, par une approche historique, le contexte de l'œuvre et de l'auteur afin de comprendre le cheminement d'Antoine Galland dans la récupération et la traduction des contes arabes. Celui-ci se caractérisant originellement par la performance orale, il nous faudra dès lors la définir à partir des analyses folkloristes qui en ont dégagé des observations et une terminologie pragmatiques. La traduction et la transcription de la performance conteuse des Nuits de Galland se situent dans un contexte historique français particulier, soumises aux règles de la bienséance, obéissant ainsi à l'esthétique classique qui régit l'ensemble des œuvres littéraires. Dans une première étude textuelle, nous relevons que les Nuits sont adaptées pour le public occidental sur l'horizon d'attente de la poétique classique, mais surtout en fonction de la propre vision littéraire et philosophique d'Antoine Galland. Nous montrons dans une seconde étude, à partir des approches narratologiques de la polyphonie et celles historico-rhétorique et linguistique de la conversation que Galland a figuré la performance conteuse orientale par une production polyphonique et une réception conversationnelle civile et lettrée, adaptée à la singularité des Nuits, respectant son procédé d'énonciation originelle. Ce chef-d’œuvre métissé occidento-oriental, qui accueille de nombreuses influences littéraires et philosophiques, influences qui marquent par-là même, son originalité et qui ont contribué grandement à son invention, rassemble aussi l'ensemble des savoirs de Galland. Cette œuvre de vulgarisation, dans le prolongement même des principes classiques du savoir et de l'esprit rhétorique de la conversation spirituelle, est avant tout l'héritage d'un patrimoine culturel d'un homme et d'une époque. ______________________________________________________________________________

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