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"Le Cadavre encerclé", un voyage au bout de la nuit de Kateb Yacine / "Le Cadavre encerclé", a Kateb Yacine’s journey to the end of the nightMoney, Chloé 13 June 2017 (has links)
En 1954, lorsque Kateb Yacine publie Le Cadavre encerclé dans la revue Esprit, le metteur en scène Jean-Marie Serreau s’enthousiasme pour ce texte. Jean-Marie Serreau est alors un acteur très important de l’avant-garde théâtrale, qui mène une recherche esthétique et politique. Il est alors en train d’œuvrer à ce que la critique appellera plus tard le théâtre de la décolonisation. Le texte, publié dans une revue militante, mis en scène par un homme de théâtre engagé, représenté à Bruxelles lors d’une soirée très ouvertement politique, est d’emblée interprété comme un texte de militant. Pourtant, une étude de ce texte par le biais d’une approche sociocritique, en le confrontant à la production littéraire face à laquelle Kateb Yacine va se positionner ainsi qu’au discours ambiant, permet de porter un autre regard sur ce texte. À la lumière des archives de l’auteur, de sa production littéraire de jeunesse, systématiquement occultée par la critique, il apparaît que le texte relève plutôt d’un geste créateur typiquement romantique, dans la lignée des poètes romantiques qui furent les modèles de Kateb Yacine. Le texte est investi d’un matériau autobiographique très important, qui va être totalement occulté au moment de la réception du texte : en 1954, en plein commencement de la guerre d’Algérie, ce n’est pas un poète lyrique que les milieux littéraires réclament, mais un auteur militant. Les travaux de Jérôme Meizoz sur la notion de posture permettent de cerner les stratégies que Kateb a peu à peu élaborées pour négocier son apparition sur la scène littéraire. Le matériau autobiographique de l’œuvre, quant à lui, tentera de ressurgir au cours de la collaboration entre Kateb Yacine et Jean-Marie Serreau, pour finalement réapparaître dans la dernière œuvre de Kateb. Cette pièce sur la vie de Robespierre, Le Bourgeois sans-culotte, devient alors une pièce testamentaire, une cérémonie d’adieux de Kateb Yacine. / When Kateb Yacine publishes Le Cadavre encerclé in the review Esprit, in 1954, Jean-Marie Serreau praises this text immediately. At this time, Jean-Marie Serreau was a famous stage director and a very important pioneer of the dramatic avant-garde. His researches were both aesthetic and political at the same time. When he discovered Kateb Yacine, he was working on a very special kind of theatre, with the critics called the decolonisation theatre. Kateb’s text was published in a militant review, put on stage by someone who was an activist and performed in Brussels as part of a militant event : the text is immediately interpreted as militant itself. But a different analysis method – the sociocritical one – enables us to promote a different point of view. Studying how the text faces the contemporary litterary production makes appear how the writer tries to invent his position. The writer’s archives, his youth poems and letters, help us to understand that he does not write as a militant writer but as a romantic one – his models are XIXth century writers. The text shelters an important autobiographical material, which is condamned to be denied by the critics : in 1954 the war starts in Algeria, and the litterary circles do not want a lyrical poet but a commited writer to claim for decolonisation. Jérôme Meizoz’ works on the position concept enables us to stydu how Kateb Yacine constantly negociated the image he was assimilated to in this circles, his identity and position as a writer. Concerning the autobiographical material, Kateb Yacine will try to make it reappear all through his collaboration with Jean-Marie Serreau. It will finaly reappear in Kateb’s last play, Le Bourgeois sans-culotte. Originaly dedicated to Robespierre’s life, the play becomes Kateb’s testimony.
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