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Le nouveau républicanisme: théorie de la non-domination, égalité et différencesWouekam Kuitche, Hermann January 2016 (has links)
Comment résoudre le problème politique de la coexistence des citoyens ? La question est d’actualité, mais elle ne se prête guère à une réponse simple. Face aux transformations modernes de l’identité démocratique, se pose toujours à la philosophie politique la question de savoir comment, dans une société « bien ordonnée » vivante, prendre en compte et en charge la diversité, c’est-à-dire la différence, sans pour autant nuire à l’idéal du respect des droits individuels. Deux modèles de gouvernement du fait diversitaire et des modes de vie sont examinés pour tenter d’y répondre : celui du multiculturalisme libéral, celui du républicanisme. Peuvent-ils s’articuler et à quelles conditions ? Peuvent-ils se suffire à eux-mêmes ?
Le but de ce travail, ni anti-multiculturaliste ni anti-républicain, consiste à analyser par le biais de la philosophie néo-républicaine, qui révèle, à nos yeux, une « philosophie politique originale », la cohérence et la logique des arguments soutenus par les différents penseurs de ces modèles. Ainsi nous employons-nous à développer une position intermédiaire et synthétique qui remet en cause les points de vue opposés l’un à l’autre, soulignant les écueils de chacun. Nous démontrons que le potentiel conceptuel du néo-républicanisme permet à la philosophie politique de dépasser en conciliant, dans un point d’ancrage unique exprimant un même idéal : celui de non-domination dans la relation à l’Autre et aux institutions de gouvernement, la normativité collective du multiculturalisme et les impératifs centraux d’égalité et de liberté individuelle comme autonomie rationnelle du républicanisme.
Selon nous, les valeurs fondamentales que s’efforcent de promouvoir les sociétés modernes multiculturalistes ne peuvent strictement être réductibles à leurs manières respectives d’aborder les processus d’affirmation identitaire. Mais elles devraient irrémédiablement, pour être admises par tous, revêtir le sceau de l’universel et être traductibles dans une valeur humaine d’importance que nous avons de bonnes raisons d’adopter, malgré nos différences : l’idiome de non-domination, idéal transculturel et transcontextuel qui transcende les particularismes, gage de stabilité et d’union sociales.
Parce qu’elle déculturalise les traits d’appartenance pour une conception résolument universaliste de la liberté humaine, la théorie de la non-domination ménage un avenir commun pour tous les citoyens, quels que soient leurs appartenances et traits culturels, et assure à chacun les mêmes chances de liberté et d’égalité ; elle permet à chacun d’être considéré comme un « être moral » d’égale valeur et d’accéder au rang de personne libre. C’est pourquoi nous défendons l’idée-force que les individus porteurs d’identités multiples ne peuvent bénéficier d’une véritable autonomie-indépendance, dans le contexte des sociétés modernes et marchandes, au pluralisme marqué, que s’ils sont immunisés contre le pouvoir ou jugement arbitraire d’autres personnes, et jouissent d’un statut égal. Comment alors assurer cette égalité ?
C’est tout l’enjeu de cette thèse, qui examine la philosophie multiculturaliste du « droit à la différence » et ses implications à la lumière du républicanisme de la non-domination.
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Identité narrative et justice ethnoculturelle. L’exemple israélien / Narrative identity and ethnocultural justice. The example of IsraelTommasi, Juliette 27 September 2019 (has links)
Revendiqué par des auteurs aussi divers que Paul Ricoeur, Alasdair MacIntyre ou Charles Taylor, le modèle narratif de l’identité – qui affirme que c’est l’histoire que nous racontons qui définit qui nous sommes – a fait l’objet de nombreuses critiques dans la littérature académique des dernières décennies. À suivre certaines d’entre elles, l’identité narrative serait une notion intrinsèquement conservatrice, et le récit serait le langage conflictuel par excellence. Ce soupçon jeté sur la narration doit être pris au sérieux compte tenu de la nature toute spécifique des inégalités qui se dessinent en Israël entre les Israéliens juifs et les Israéliens palestiniens, et dont nous montrerons qu’elles doivent être interprétées comme des « inégalités narratives ». Faut-il en conclure qu’il faille tourner le dos au langage des récits ? C’est une autre voie que nous chercherons à emprunter, en tentant de montrer le potentiel normatif et émancipateur de la narration. En nous appuyant sur le travail de Paul Ricoeur, notre hypothèse est qu’il devrait être possible d’accepter certaines prémisses narratives, sans que cela ne débouche sur les implications conservatrices du communautarianisme. Dans la dernière étape de ce travail, je tente d’utiliser les ressources conceptuelles de la narrativité dans le cadre d’une discussion plus vaste sur la justice ethnoculturelle, afin d’ouvrir la voie à un modèle théorique et pratique de réduction des inégalités narratives en Israël, que j’appelle « multinarrativisme ». En définitive, l’ultime finalité de cette recherche consiste à montrer que le modèle narratif de l’identité n’est pas seulement compatible avec l’exigence libérale du respect du pluralisme, mais qu’il permet aussi d’offrir un soutien théorique important aux politiques qui visent à promouvoir une plus forte inclusion démocratique des minorités culturelles. / Claimed by several authors such as Ricoeur, MacIntyre or Taylor, the narrative model of identity —which argues the narratives we tell define who we are— has been the target of much criticism in the academic literature over the last few decades. According to some of these critics, the concept of narrative identity is inherently conservative and a prime example of conflictual language. This discredit brought on narratives must be taken seriously in view of the specific nature of the inequalities that are evolving in Israel between Jewish Israelis and Palestinian Israelis and which we will propose to interpret as narrative inequalities. Does this mean that we have to get out of the narrative language? This is an alternative path that we will attempt to follow, by seeking to demonstrate that we can make an emancipatory use of narrative. By drawing on the work of Paul Ricoeur, our hypothesis is that it should be possible to accept some narrative premises without this leading to the conservative consequences of communitarianism. In the final stage of this work, I attempt to use the conceptual resources of narrativity as part of a broader discussion about ethnocultural justice in order to pave the way to a theoriticalpractical model for reducing narrative inequalities in Israel, which I call ‘multinarrativism’. Ultimately, the main purpose of this research is to show that the narrative model of identity is not merely compatible with the democratic requirement of respect for pluralism, but also provides important theoretical support for policies that aim to promote greater democratic inclusion of cultural minorities.
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