Cette thèse traite de l'effet de la fréquence des mots en rappel sériel immédiat (RSI) et différé (RSD). L'un des objectifs de cette thèse est de vérifier si l'absence d'un effet de fréquence en listes mixtes (contenant simultanément des mots rares et fréquents) est due à l'utilisation de stratégies conscientes d'encodage de la part du participant. Les résultats montrent que l'absence de l'effet de fréquence est également observée lors de l'utilisation d'une tâche de rappel incident, réfutant ainsi l'hypothèse des stratégies d'encodage. Un second objectif est de vérifier si le paradoxe des listes mixtes est présent aussi bien en RSI qu'en RSD. Les résultats obtenus montrent une très grande similitude entre ces deux paradigmes. Par ailleurs, aucune des hypothèses explicatives vérifiées ne peut rendre compte des résultats obtenus. Une hypothèse reposant sur un système d'encodage à capacité limitée où la familiarité est calculée à l'encodage est mise de l'avant.

Ce mémoire vise à évaluer l’effet de la lexicalité sur le rappel des items et de leur ordre en rappel sériel immédiat. Dans ce contexte, le type de devis expérimental et le type de présentation des listes sont également manipulés. Les résultats montrent un effet bénéfique de la lexicalité sur le rappel des items et une influence négative de la lexicalité sur le rappel de l’ordre. Ce patron de résultats subsiste indifféremment du devis expérimental ou du type de présentation des stimuli utilisés. Ces observations ne soutiennent pas les prédictions découlant de l’hypothèse de DeLosh et McDaniel (1996) où un meilleur rappel de l’ordre pour les mots est postulé dans un devis inter-sujets. Ces résultats confirment les prédictions dérivées de l’hypothèse de récupération (Poirier et Saint-Aubin, 1996; Saint-Aubin, 1998; Saint- Aubin et Poirier, sous presse).

Dans une première étude, vingt-quatre sujets exécutent le rappel sériel immédiat ou différé de listes phonologiquement similaires ou dissemblables, tout en exécutant une suppression articulatoire. L'effet de similarité phonologique se maintien même lorsque la suppression se poursuit pendant un délai de rétention de 10 secondes. Dans une seconde étude (N=24), ce patron de résultats est également observé avec des stimuli verbaux non pertinents. Ces résultats contredisent les prédictions de l'hypothèse spécifique d'estompage associée au modèle de mémoire de travail verbale (Baddeley, 1986). Celle-ci prédit plutôt une disparition des effets étudiés: en l'absence d'autorépétition, les codes phonologiques soutenant les dits effets ne devraient pas survivre au-delà de deux secondes.

Cette étude s’intéresse à l’effet de la fréquence sur le rappel sériel immédiat (RSI) et sur le rappel sériel différé (RSD). Au plan méthodologique, l’objectif est de déterminer si les patrons de résultats obtenus pour le rappel des items et de l’ordre de ces items sont similaires dans les deux paradigmes. Au plan théorique, le but est de tester les prédictions effectuées par deux études, soit celles de Poirier et Saint-Aubin (1996) en RSI et DeLosh et McDaniel (1996) en RSD. Vingt-quatre sujets effectuent une étude comportant à la fois du rappel immédiat et différé, où la fréquence des mots entre les listes est manipulée (haute et basse fréquence). Tel que prédit, les résultats démontrent que les items fréquents sont mieux rappelés dans les deux types de délais et que la fréquence n’a pas d’incidence sur le rappel de l'ordre en RSI. Toutefois, l’hypothèse de départ selon laquelle les mots fréquents étaient favorisés pour le rappel de l’ordre en différé n’a pas été confirmée, remettant ainsi en question la nécessité d’une distinction théorique entre le RSI et le RSD pour expliquer l’effet de la fréquence.

La présente étude s'intéresse à la contribution de la mémoire à long terme lors du rappel sériel immédiat. Afin de vérifier la compatibilité de cette hypothèse avec le modèle de la mémoire de travail de Baddeley (1986, 1990a, 1990b,1992a, 1992b), deux expérimentations ont été mises sur pied. Suite à la validation de listes de mots et de non mots en regard du critère d'homogénéité des vitesses d'articulation, les empans pour ces différents types d'items sont mesurés tant en présence de même qu'en absence de suppression articulatoire. Préalablement, il avait été postulé que l'additivité d'une contribution de la mémoire secondaire à celle de la boucle phonologique devrait générer des effets significatifs du type de stimuli employé et de la suppression articulatoire ainsi qu'une absence d'interaction entre ces deux facteurs. En dépit de la présence d'une interaction contribuant à expliquer un faible pourcentage de la variance totale expliquée par le modèle statistique, les résultats obtenus ont permis de vérifier cette hypothèse. En ce qui a trait à la dynamique de l'additivité, elle a été élaborée à partir de la formulation de Hulme, Maughan et Brown (1991). Ces derniers ont proposé que la familiarité des items facilitait la reconstitution du contenu de la boucle phonologique lors du rappel.