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La pratique d’activité physique à travers la vie : relations avec la santé à un âge avancéBoisvert-Vigneault, Katherine January 2015 (has links)
Les maladies cardio-métaboliques (MCM), c’est-à-dire des maladies chroniques en lien avec la fonction cardio-respiratoire ou le métabolisme, constituent aujourd’hui un enjeu important en santé publique. Le Canada, comme plusieurs pays occidentaux, est caractérisé par une très forte prévalence de ces maladies, celles-ci représentant jusqu’à 70% de la mortalité au pays. Malgré les efforts investis dans la quête d’une solution pour diminuer l’ampleur de ce fléau, ces conditions de santé demeurent en augmentation au sein de la population, cela tant au Québec qu’au Canada.
Non seulement le vieillissement se fait-il de plus en plus présent dans nos sociétés, mais la prévalence des MCM est d’autant plus importante avec l’avancée en âge à cause des changements physiologiques associés au vieillissement.
Dans le développement des MCM, l’inactivité physique serait le deuxième facteur de risque comportemental en importance au Canada, après le tabac, lorsqu’il est question d’association à la mortalité. Les taux d’inactivité physique sont les plus élevés chez les personnes âgées. D’un autre côté, si le manque d’activité physique (AP) mène au développement de MCM, l’adoption d’une pratique régulière d’activité physique est largement acceptée comme une mesure de prévention efficace pour diminuer le risque de développer ces maladies. Toutefois, malgré tous les bénéfices hautement reconnus associés à la pratique régulière d’AP, les taux d’inactivité physique sont encore très hauts au Canada. Dans l’objectif premier de diminuer la prévalence de l’inactivité physique dans nos populations, des recommandations d’activité physique ont été publiées et améliorées au fil du temps. Les dernières recommandations d’AP au Canada, publiées en 2011, stipulent que « [les adultes âgés de 18 ans et plus] devraient faire chaque semaine au moins 150 minutes d’AP aérobie d’intensité modérée à élevée par séance d’au moins 10 minutes ».
Puisque l’adhérence aux recommandations d’AP est très variable dans la population, il semble que la pratique d’AP soit influencée par un ensemble complexe de facteurs. Les nombreux déterminants associés à la pratique d’AP ainsi que la modulation de la pratique d’AP selon les événements importants de la vie laissent supposer que la pratique d’AP ne décline pas linéairement à travers les années, mais propose plutôt des variations.
Même si les signes des MCM n’apparaissent que plus tard dans la vie, il est reconnu que l’origine de plusieurs d’entre elles repose sur la petite enfance. Il y aurait donc un lien, direct ou indirect, entre la pratique d’AP à un jeune âge et la santé à un âge plus avancé. La littérature actuelle ne nous révèle que quelques études qui ont démontré l’impact de différentes trajectoires d’AP au cours de la vie sur les facteurs de risque de MCM à un âge avancé. Toutefois, ces études présentent des lacunes méthodologiques au niveau de la mesure des AP, de la population étudiée ainsi que du devis utilisé, ce qui ne nous permet pas de généraliser les résultats aux personnes âgées de 65 ans et plus, en bonne santé.
Ainsi, notre étude vise principalement à déterminer si la pratique d’AP à travers la vie adulte est associée aux facteurs de risque de MCM à un âge avancé. Nous supposons que l’adoption d’un mode de vie actif à un âge avancé procurera des bénéfices similaires au niveau des facteurs de risque de MCM que le maintien d’un mode de vie actif tout au long de la vie.
Afin de répondre à cette problématique, 1 378 hommes et femmes âgés entre 68 et 82 ans, provenant de l’étude longitudinale québécoise sur la nutrition comme déterminant d’un vieillissement réussi ont été inclus dans les analyses. L’AP à l’âge de 15, 25, 45, 65 ans et au moment de l’étude (moyenne d’âge de 74 ans) a été rapportée rétrospectivement, par une entrevue dirigée, en utilisant une version modifiée du questionnaire « Lifetime Total Physical Activity Questionnaire ». Les quatre domaines d’AP sont rapportés : les AP de loisirs (APL), les AP domestiques (APD), les AP de transport (APT) et les AP reliées à l’emploi (APE). Lors de leur visite, les participants ont aussi été soumis à une série de mesures : l’indice de masse corporelle, la circonférence de taille, la circonférence des hanches, la tension artérielle au repos, le glucose à jeun ainsi que les masses grasse et maigre par absorption biphotonique à rayons X. Le nombre ainsi que la gravité des conditions chroniques ont été auto-rapportés à l’aide du questionnaire « Modified Version of the Older American Ressources and Services Questionnaire ».
Les résultats ont démontré que la pratique d’AP varie différemment selon le sexe : les hommes avaient une dépense énergétique de l’AP plus élevée que celles des femmes à tous les moments de la vie, et les variations dans leur pratique d’AP étaient plus prononcées bien qu’elles étaient dans le même sens. Pour les deux sexes, les APL et les APD augmentaient entre les âges de 25 et de 65 ans. Les APT diminuaient entre 15 ans et le moment de l’étude. Les APE augmentaient entre les âges de 15 et de 45 ans et diminuaient entre 45 ans et le moment de l’étude, tout comme la dépense énergétique totale de l’AP.
D’un autre côté, chez les hommes, les APL sont inversement associées aux mesures anthropométriques, tandis que chez les femmes, aucun domaine d’AP n’est associé aux facteurs de risque de MCM. Quant au moment de la vie, il semblerait que, chez les hommes et les femmes, ce soient les AP pratiquées au moment de l’étude, tout domaine confondu, qui avaient le plus d’influence sur les facteurs de risque de MCM. Lorsque le domaine est combiné au moment de la vie, les APL pratiquées actuellement chez les hommes étaient les meilleurs déterminants des facteurs de risque de MCM, tandis que chez les femmes, aucune régression n’était significative.
Finalement, il n’y aurait pas d’effet cumulatif de l’AP à travers la vie, mais plutôt un effet à court terme, suggérant que l’AP actuelle serait bénéfique pour améliorer les facteurs de risque de MCM à un âge avancé, et ce, autant chez les hommes que chez les femmes.
En conclusion, nous affirmons que l’AP n’évolue pas de la même façon selon les domaines d’AP à travers la vie et le sexe. De plus, les domaines d’AP influencent les facteurs de risque de MCM différemment entre les hommes et les femmes. Finalement, les bénéfices reliés à la pratique d’AP semblent être à court terme. Ces résultats sont intéressants dans le développement de recommandations d’AP à tout âge, notamment après l’âge de 65 ans, afin de prévenir le développement de MCM. Toutefois, d’autres études devront être menées afin de confirmer nos résultats.
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