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La diphtongaison et l'apprentissage du registre chanté : étude sociolinguistique de Québécois enregistrés en MauricieBéland, Nancy 12 1900 (has links)
Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal. / Une même chanson interprétée par un Québécois et un Français serait-elle semblable sur le plan phonétique? En ce sens, la rencontre entre la musique et la langue impose-t-elle des contraintes telles que l'on ne pourrait retrouver, dans la chanson, de variantes phonétiques comme la diphtongaison? Matte (1982: 142-143) répondrait probablement à cette dernière question par l'affirmative si l'on s'en remet à sa thèse voulant que, en français, la chanson exige le mode tendu (par opposition au mode relâché) et que celui-ci influencerait l'articulation des sons. De là son idée, en particulier, que le Québécois aurait moins tendance à diphtonguer en chantant. Le but de notre mémoire est de mettre à l'épreuve cette thèse de Matte; il nous apparaît en fait évident que chanson et diphtongaison peuvent se marier sans problème en français québécois. Notre première hypothèse (l) stipule donc que la chanson n'exige pas un mode articulatoire empêchant ou réduisant la diphtongaison. Une deuxième hypothèse (2) porte sur le conditionnement plus ou moins grand de la diphtongaison dans la chanson en français québécois; d'après cette hypothèse, la non-diphtongaison dans la chanson est un phénomène culturel et non linguistique, qui résulte d'un apprentissage provenant à la fois d'un enseignement, implicite ou explicite, de la chanson et de la maturation. Les deux sous-hypothèses suivantes découlent donc de cette deuxième hypothèse: (2.1) toutes choses étant égales, les sujets ayant eu un apprentissage de la chanson diphtonguent moins que les autres lorsqu'ils chantent; (2.2) toutes choses étant égales, les sujets plus âgés diphtonguent moins que les autres lorsqu'ils chantent. Afin de vérifier ces hypothèses, une enquête a été réalisée en Mauricie auprès de 78 locuteurs âgés entre 6 et 25 ans. Ces locuteurs avaient à interpréter la chanson Bonne fête à deux reprises, chaque fois avec un prénom différent, soit Audrey, Martin ou Jacques, selon le cas; ce sont les diphtongues en syllabe entravée du /c:/ de jeté et du /a/ de Jacques de même que celles, en syllabe ouverte, du /e/ de Audrey et du /ë/ de Martin qui sont étudiées dans les productions des locuteurs. Ces productions nous permettent, dans un premier temps, d'observer ce qu'il advient des contraintes inhérentes à la rencontre entre la musique et la langue dans la chanson Bonne fête. Sur plus d'un plan, le prénom problématique est Jacques, étant donné qu'il est monosyllabique et que la chanson Bonne fête est mieux adaptée aux prénoms dissyllabiques. Mais la plupart des locuteurs ont su développer des stratégies pour compenser la syllabe laissée en suspens dans Bonne fête Jacqu'. Quant au résultat des diphtongaisons proprement dit, il est clair que la diphtongaison et la chanson ne sont pas incompatibles. De façon générale, les locuteurs diphtonguent dans plus de 80 % des cas en chantant, ce qui n'est pas sans remettre en question la thèse de Matte. Reste à savoir à qui se réfère exactement ce dernier dans ce qu'il avance: au commun des mortels, au chanteur amateur ou au chanteur professionnel? En effet, il y a une importance à déterminer la sorte de chanteur dont on parle: les données du corpus prouvent que les chanteurs amateurs diphtonguent moins lorsqu'ils chantent que les non-initiés. Force est de conclure que c'est l'apprentissage, implicite ou explicite, de la chanson et non pas la maturation qui semble déterminante dans la non-diphtongaison associée au registre chanté.
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