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Réformer les syndicats. Une sociologie politique du syndicalisme états-unien des mouvements sociaux des années 1960 aux années 2010 / Reforming Labor Unions. A Political Sociology of US Unionism from the Social Movements of the 1960s to the 2010sJulliard, Emilien 30 November 2018 (has links)
À partir d’une enquête portant sur deux syndicats majeurs et des centres universitaires spécialisés sur le syndicalisme et les relations professionnelles, cette thèse traite des transformations du syndicalisme états-unien, des mouvements sociaux des années 1960 aux années 2010. Souvent associées à l’idée d’une « revitalisation syndicale », ces mutations sont analysées ici comme des processus de mise en réforme réalisés par des acteurs pluriels (syndicalistes, universitaires, éducateurs syndicaux, consultants, militants associatifs) qui, pour des raisons différentes, ont promu un rapprochement du champ syndical de l’espace des mouvements sociaux et du monde associatif. Des stratégies et des modes d’action devant permettre de syndiquer de nouveaux membres ont été valorisés, de même que des recettes organisationnelles utilisées ailleurs (dans des entreprises et des associations principalement). Ces acteurs ont entendu faire des syndicats des organisations plus « militantes » et « efficaces », en recourant à des savoir-faire et à des représentations de mobilisations des années 1960, ainsi qu’à des dispositifs managériaux. Contrairement à d’autres contextes, notamment à cause d’une adhésion généralement obligatoire pour bénéficier d’une représentation syndicale et être couvert par les accords collectifs négociés avec les employeurs, la réponse apportée à la « crise du syndicalisme » a moins été de chercher à assimiler les adhérents actuels et potentiels à des clients d’organisations leur fournissant des services, qu’à des militants. La thèse montre que ces entreprises réformatrices ont conduit à partiellement délégitimer des pratiques syndicales, des formes d’organisation et les acteurs qui les portent. Elles ont également contribué à structurer les mobilisations syndicales sous forme de campagnes pilotées par des permanents spécialisés, où les membres ne sont bien souvent amenés qu’à jouer un rôle symbolique, éphémère et dirigé. / Based on a study of two large labor unions and labor centers, this dissertation deals with the transformations of unionism in the United States from the social movements of the 1960s to the 2010s. Usually associated with the idea of “union revitalization”, these changes are analyzed here as reform processes conducted by various actors (unionists, academics, labor educators, consultants, activists) who—for different motives—advocated for reducing the gap between the labor union and social movement fields as well as the non-profit sector. Actions for organizing new members were promoted in addition to organizational recipes utilized elsewhere (mainly in corporations and in non-profit organizations). Those actors wanted to make labor unions more “militant” and “effective” by mobilizing tools and views from mobilizations of the 1960s as well as managerial techniques. Contrary to other settings, partly due to union shop—a form of union security clause which requires that any new employees of a unionized worksite become members within a certain amount of time—the answer to the “crisis of labor unionism” has not been to make current and potential members clients of organizations who provide them services, but instead to encourage them to be activists. The dissertation shows that these reforming enterprises led to partially delegitimize labor union practices, forms of organization and the actors who embody them. They also contributed to shaping labor union mobilizations in the form of campaigns managed by specialized staff, in which members tend to have little initiative and only play a symbolic, short-lived part.
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