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Corps et lumières : les "docteurs régents de la faculté de médecine en l'Université de Paris" au XVIIIe siècle / Bodies and enlightenment : the « doctors regents of the Medical Faculty of the University of Paris », in the 18th centuryCoquillard, Isabelle 17 December 2018 (has links)
Cette thèse étudie l’histoire des médecins au XVIIIe siècle, à travers les docteurs régents de la faculté de médecine de Paris. Partageant une même formation médicale donnant accès à la qualité de « régent », les docteurs sont les membres d’un corps puissant -la Faculté- dirigé par son doyen. Enseignants et chercheurs, ils investissent les institutions savantes, participent à la modernisation, à la circulation et au contrôle des savoirs médicaux non seulement auprès des professionnels de la santé mais aussi auprès des profanes. Également médecins libéraux, les docteurs régents prennent position dans le marché thérapeutique avec les autres professionnels de santé et les « charlatans ». Les inventaires après décès montrent l’adaptation de leur cadre de vie à leurs besoins professionnels (choix du quartier d’installation, possession d’un cabinet-bibliothèque, de carrosses et chevaux). Ils révèlent aussi combien leur activité, lucrative, les intègre dans la bonne bourgeoisie parisienne. Enfin, les actes notariés permettent d’identifier la clientèle des docteurs régents et de reconstituer leurs échanges avec les patients-clients, de la nature des services médicaux proposés aux honoraires. Les docteurs régents apparaissent aussi comme des conseillers techniques et des administrateurs des services de santé publique. La monarchie, soucieuse de l’encadrement sanitaire des populations, au quotidien et en temps de crise, les mobilise ici et là. En raison de leur expertise, ils sont mobilisés pour la transformation de l’hôpital, à l’organisation d’un système d’assistance dans la capitale, mais aussi dans les espaces ruraux et militaires, dans les colonies.Les docteurs régents conjuguent logiques corporatives et liberté professionnelle pour étendre leurs espaces d’intervention et demeurer au sommet de la hiérarchie des professions de santé. / This thesis studies the history of Paris doctors to the XVIIIe siècle, through the case of that of the “doctors regents” of its medical faculty. Doctors shared the same medical formation necessary to gain access to the quality of “regent” and to affiliation to a powerful community, under the supervision of its senior member. As teachers and researchers, they got access to erudite institutions, took part in the modernization, circulation and control of the medical knowledge not only in relation with the other medical practitioners but also with the neophytes. Considering their private clientele, the doctors regents took a stand in the therapeutic market with other health-related occupations and “charlatans”. The inventories after death show the adaptation of their living environment to their professional needs (choice of occupational location, ownership of cabinet-libraries, carriages and horses). They reveal also how much their profitable employment contributed to their integration to the upper Parisian bourgeoisie. Lastly, notarial deeds helps documenting the “docteurs-régents” customers and reconstituting their exchanges with the patient-customers, of the nature of the medical services covered by medical fees. The doctors regents also acted as technical advisors and administrators of the public health services. The monarchy, concerned by its subjects’ medical control, on an everyday basis and in times of crisis, mobilized them here and there. Due to their expertise, they are required for the transformation of hospitals, and for the organization of medical assistance not only in the capital city, but also in the rural and military areas and in the colonies. The “docteurs-régents” combined professional strategies and occupational freedom to extend their realms of agency and to remain at the summit of medical occupations’ hierarchy.
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Encadrer les crises biographiques irréversibles.<br />Les contradictions dans la prise en charge des personnes âgées dépendantesRimbert, Gérard 23 November 2006 (has links) (PDF)
A la fin du 19ème siècle, la gestion collective de la vieillesse était essentiellement une forme particulière d'encadrement de l'indigence. La généralisation des systèmes de retraite a ensuite permis la constitution d'un « troisième âge », consacrant une sorte de renaissance après la vie active. Mais certaines personnes âgées voient leurs facultés physiques et mentales, et donc leur autonomie au quotidien se dégrader, entrant ainsi dans la « dépendance ». Ces crises biographiques ont pour effet de reposer la question de l'encadrement des vieux « inutiles au monde », mais dans les catégories de pensée issues du troisième âge, qui impliquent l'humanisation des pratiques d'accompagnement (« respect », « projet de vie », « individualisation des soins », « bientraitance », etc.). Dans les structures d'encadrement des personnes âgées dépendantes, cette évolution se manifeste par une tension entre, d'une part, l'enchantement qui conduit à percevoir l'activité d'accompagnement de la dépendance comme l'occasion de nouer des liens affectifs et/ou de satisfaire une « fibre » humaniste et, d'autre part, le « sale boulot » auprès des grabataires dont l'état rend problématique cet enchantement. Cette tension semble d'autant plus caractéristique de la gestion institutionnelle de la vieillesse qu'elle s'observe dans des univers aussi différents qu'une maison de retraite privée médicalisée et qu'une association (les petits frères des Pauvres) proposant aux personnes âgées isolées des vacances encadrées par des bénévoles. Si elle peut parfois habiter l'activité d'une même personne, cette tension s'organise principalement autour de groupes qui transgressent la frontière entre salariés (ou bénévoles) et personnes âgées dépendantes. Les personnes âgées se différencient en fonction de leur état physiologique. Interprétés et pris en main de façon différenciée selon l'appartenance sociale, les divers cas de figure observables se structurent selon l'opposition entre une attitude qui valorise le sacrifice de l'intimité en échange du maintien d'une sociabilité courtoise ; et une autre qui consiste à défendre par la force et les cris les frontières de l'espace intime, fut-ce au prix d'un effondrement des chances de maintenir des relations « sympathiques » avec le personnel. Et les personnes âgées qui acceptent de voir une intrusion dans leur intimité tendent à maintenir une certaine distance avec les autres. De son côté, le personnel d'encadrement se différencie selon que le travail consiste ou non en un gardiennage des corps, entendu comme simple entretien des fonctions vitales de l'individu. Ce penchant est en partie déterminé par le niveau de qualification et la position institutionnelle (qui oriente vers les vieillards d'un type plutôt que de l'autre). Ces facteurs laissent pourtant une marge de manœuvre : alors que la dépendance a tout d'une situation désespérée, certains individus se comportent en réparateurs, considérant qu'« il y a toujours quelque chose à faire ». En définitive, il apparaît que la conviction dans une possible réparation – dans un contexte d'accompagnement de crises biographiques pourtant irréversibles – peut être autre chose qu'une simple vision enchantée si elle prend appui sur l'atténuation de la division des tâches entre prescripteurs et exécutants ainsi que sur le rassemblement d'individus prédisposés à recevoir des « primes de désintéressement » (que ce soit par philosophie religieuse ou par plaisir pris aux échanges affectifs) et suffisamment ajustés entre eux pour produire une définition consensuelle de l'intérêt des personnes âgées.
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