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Les Psaumes tournés en français (1650-1715) / The Book of Psalms turned into French (1650-1715)Gracieux, Claire 23 November 2011 (has links)
Entre 1650 et 1715, les Psaumes sont le livre biblique le plus souvent mis en français, en vers comme en prose. Ils répondent aux mots d’ordre de la clarté et de l’élégance, qu’ils partagent avec les belles infidèles alors à la mode. Pourtant, le style biblique est sans cesse présenté comme détaché de la rhétorique. Quelle est donc la spécificité de l’elocutio de ces psaumes français ? Elle repose d’abord sur les contraintes nées du Concile de Trente (en matière de texte-source, de traducteur et de lecteur bibliques), cadre qui informe la poétique de la traduction biblique, sur laquelle porte la deuxième partie de notre réponse. La taxinomie élaborée par Gérard Genette dans Palimpsestes trouve ici une limite diachronique. En effet, la traduction biblique de l’époque n’est pas simple : son fonctionnement hypertextuel avoisine celui de l’imitation classique, et surtout elle comporte une forte composante intertextuelle qui établit une tradition française du sacré, en particulier à partir de la traduction port-royaliste. La typologie traditionnelle de la traduction sacrée est par ailleurs revisitée au même moment : le mot à mot est abandonné au profit d’une traduction grammaticale qui côtoie la paraphrase. L’exploration du seuil entre traduction et réécriture, troisième étape, donne plus encore à repenser la frontière entre profane et sacré. Parodie et effet parodique doivent être ainsi distingués, selon une pensée de l’insinuatio qui accorde la primauté à la théorie de la réception : la particularité des psaumes français classiques consiste ainsi à ne pas adopter d’elocutio spécifique afin d’attirer pour mieux convertir. C’est ce que confirme leur entrée dans les théories poétiques et rhétoriques. / Between 1650 and 1715, turning the Book of Psalms into French, whether in prose or verse, was very common while Catholic Church was still reluctant to translating Holy Bible. Moreover, these publications prioritised clarity and aesthetic appeal, alike popular mode of fairly free translation, known as belles infidèles. Biblical style, however, had always been considered separately from classical rhetoric, and held to be free from its structures. What form of elocutio, then, can be ascribed to the French versions of the psalms ? The definition of this distinctive elocutio relies on three elements. The first one consists of the constraints imposed by the Council of Trent upon translators and readers of the Bible, and upon the choice of source-text, since these restrictions governed every biblical translation. Secondly, a reflexion above biblical translation mechanism reveals some peculiarities. On the one hand, translators often borrowed from pre-existing French translations, especially those of Port-Royal, instead of dealing purely with Latin or Hebrew of the Scriptures. On the other hand, the traditional procedure of word-by-word rendering was abandoned in favour of a grammatical translation and of a paraphrase. This development reflected a growing confidence in French. Finally, French psalms explored the boundary between translation and rewriting, and between sacred and secular language. These texts made use of secular styles familiar to the reader in order to attract him, leaving biblical inventio to convert him afterwards. That is what we called the insinuatio thought.
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