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La rééducation des jeunes déviants dans les maisons de redressement de l’Espagne franquiste (1939-1975)

Nuq, Amélie 19 November 2012 (has links)
Ce travail de thèse porte sur le destin des enfants et des adolescents envoyés en maisons de redressement (reformatorios) de 1939 à 1975. Il confronte la norme produite par l'État franquiste en matière de déviance juvénile aux réalités de la prise en charge des mineurs dans trois institutions particulières : l'Asilo Durán de Barcelone, la Colonia San Vicente Ferrer de Valence et, dans une moindre mesure, la Casa tutelar San Francisco de Paula de Séville. L'histoire heurtée et le caractère archaïque des reformatorios révèlent les carences de l'État espagnol (manque structurel de moyens, place considérable de l'Eglise catholique). Dans le domaine de la prise en charge de la déviance juvénile, le franquisme n'invente rien ou presque : il se contente d'abroger les réformes limitées mises en place par la Seconde République pour en revenir au dispositif de la Dictature de Primo de Rivera. Les pensionnaires de maison de redressement sont internés pour deux motifs principaux : le vol et l'indiscipline. Ils ne viennent pas majoritairement de quartiers populaires dans lesquels une population ouvrière est installée depuis longtemps : c'est plutôt le déracinement, lié à la guerre et aux mutations profondes de la société espagnole, qui provoque la fragilité et favorise la déviance. Il apparaît que les enfants de « rouges » ne représentent qu'une minorité des pensionnaires de l'Asilo Durán et de la Colonia San Vicente Ferrer. Néanmoins, les reformatorios constituent un des maillons de la chaîne répressive, de contrôle social et de bienfaisance mise en place par la dictature franquiste avec l'appui de l'Eglise catholique. / This dissertation analyzes the fate of children and teenagers sent to Spanish reformatory schools between 1939 and 1975. It compares the official norm of youth deviance produced by Franco's state with the actual treatment of minors in three institutions: the Asilo Durán in Barcelona, the Colonia San Vicente Ferrer in Valencia and, to a lesser extent, the Casa tutelar San Francisco de Paula in Sevilla. The turbulent history of reformatorios and their antiquated methods reflect the failings of the Spanish State (structural lack of means, strong influence of the Catholic Church). The study of laws shows that Francoism innovates very little in the field of youth deviance management. It merely abrogates the limited reforms of the Republican era and reactivates the policy implemented under the Primo de Rivera Dictatorship. The inmates of reformatory schools are incarcerated for two main motives: theft and indiscipline. They are not from traditional working class neighborhoods: social frailty and related deviant behaviors are rather caused by the loss of roots due to the war and the deep mutations of Spanish society. Children of “reds” only accounted for a minority of inmates of the Asilo Durán and of the Colonia San Vicente Ferrer. Reformatorios are nevertheless a component of the policy of repression, social control and charity set up by Franco's dictatorship with the support of the Catholic Church.

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