Il y a plus d’un siècle que des recherches préhistoriques sont menées sur une vaste zone de l’Asie du Sud-ouest qui s’étend du Levant au Zagros et au Caucase. Le Paléolithique supérieur y est bien représenté dans des sites en grotte mais également de plein air. Les industries lithiques découvertes dans ces gisements ont permis des études typo-technologiques qui n’ont malheureusement pas toujours été accompagnées de datations absolues et de cadre stratigraphique. Dans l’état actuel de nos connaissances, l’Aurignacien semble être la culture du Paléolithique supérieur la mieux représentée dans les chrono-séquences des gisements choisis pour étude. La plupart des recherches paléolithiques en Iran se sont focalisées sur la région du Zagros, c’est pourquoi, afin de combler un no man’s land archéologique, nous avons choisi de travailler sur l’Alborz. Nous nous sommes donc appuyés sur deux sites découverts récemment : Garm Roud (Āmol, Māzandarān), unique site du Paléolithique supérieur en contexte stratigraphique connu dans cette vaste région de l’Iran et daté de 33.878±3300 CalBP et Délazien (Semnān), site de surface qui se situe au Sud de la chaîne de l'Alborz dans le désert central.L'étude typo-technologique de ces deux assemblages nous a permis de pointer des similitudes reconnaissables au niveau des stratégies et des modalités de débitage orientées préférentiellement vers une production lamellaire. Nous avons, a contrario, relevé un certain nombre de dissemblances matérialisées par la présence-absence de certains outils appartenant au fond commun aurignacien. Ces observations confirment ainsi l’attribution de ces ensembles lithiques, notamment celui de Délazian, au Paléolithique supérieur.Enfin, pour terminer notre étude, nous avons comparé les résultats des analyses typo-technologiques des sites iraniens avec celles émanant de sites hors Abortz comme ceux du Levant ou encore, ceux plus éloignés de l’Asie du Sud-ouest. Le constat qui se dégage de notre approche est une évidente hétérogénéité des traditions lithiques à l’Aurignacien qu’il convient d’interpréter en fonction de la nature des sites, des environnements naturels divers et certainement, des gestions différentielles des territoires. / More than a century ago, prehistoric research was carried out over a vast area of south-west Asia extending from the Levant to Zagros and the Caucasus. The Upper Paleolithic is well represented in cave sites but also in the open air. The lithic industries discovered in these deposits have allowed typo-technological studies which unfortunately have not always been accompanied by absolute dates and stratigraphic framework. In the current state of our knowledge, the Aurignacian seems to be the culture of the Upper Paleolithic best represented in the chrono-sequences of the deposits chosen for study.Most Paleolithic research in Iran has focused on the Zagros region, so in order to fill an archaeological no man's land we have chosen to work on the Alborz. We therefore relied on two recently discovered sites: Garm Roud (Āmol, Māzandarān), the only site of the Upper Paleolithic in stratigraphic context known in this vast region of Iran and dated 33.878 ± 3300 CalBP and Délazien (Semnān), site south of the Alborz range in the central desert.The typo-technological study of these two assemblages enabled us to point out recognizable similarities in terms of strategies and debitage modalities oriented preferentially towards lamellar production. On the other hand, we have noted a certain number of dissimilarities materialized by the presence-absence of certain tools belonging to the Aurignacian common fund. These observations thus confirm the attribution of these lithic assemblages, notably that of Delazian, in the Upper Paleolithic.Finally, to conclude our study, we compared the results of typo-technological analyzes of Iranian sites with those from sites outside Alborz such as those of the Levant or those further away from South-West Asia. The conclusion that emerges from our approach is an obvious heterogeneity of the Aurignacian lithic traditions which should be interpreted according to the nature of the sites, the various natural environments and certainly, the differential management of the territories.

Consacrée à l'industrie lithique du Magdalénien moyen et supérieur-final dans les Pyrénées occidenta-les, cette analyse se propose d'atteindre trois objectifs principaux : <br /> * la présentation du cadre chronologique et environnemental de cette région à la fin du Pléisto-cène, ainsi que des débats scientifiques qui la concernent,<br /> * la constitution d'une séquence de référence restituant l'évolution diachronique des industries lithiques,<br /> * et l'ébauche d'une comparaison avec les régions avoisinantes, afin d'intégrer les Pyrénées occidentales dans la dynamique culturelle du Magdalénien à une échelle plus large, notamment pour percevoir les influences auxquelles cette zone est soumise.<br /><br />Quatre raisons majeures justifient le choix de cette zone :<br /> * sa localisation – au carrefour de trois ensembles culturels et sur l'une des deux voies de cir-culation inévitable entre l'Europe occidentale et la péninsule ibérique – ,<br /> * la concentration géographique de ses gisements,<br /> * l'étude approfondie des industries lithiques qui montre que la réputation de monotonie peine à cacher une diversité qui pourrait être chronologiquement significative<br /> * et l'apparition de nouvelles techniques d'analyses lithiques depuis les dernières grandes syn-thèses consacrées à cette région.<br /><br />Deux méthodes d'étude ont été utilisées :<br /> * synthèse bibliographique pour la reconstitution du cadre chronologique et environnemental et pour faire un état des recherches consacrées à cette région.<br /> * et analyse de l'industrie lithique de trois gisements archéologiques selon une méthode qui prend en compte les matières premières exploitées, les modes de fabrication des supports d'outils et la produc-tion des outils.<br />Les sites ont été choisis en raison de leur longue séquence stratigraphique – Bourrouilla à Arancou (64) et Duruthy à Sorde (40) – ou pour la qualité des informations fournies – Arbouet (64).<br /><br />Les résultats aboutissent à deux types d'interprétations. Ils permettent de caractériser les gisements en eux-mêmes et de comprendre le lien entre les Pyrénées occidentales et les régions voisines. Plusieurs tendan-ces apparaissent :<br />L'approvisionnement en matières premières siliceuses est essentiellement local. Et ce, en dépit des constatations faites dans les Pyrénées centrales, par exemple, où quelques gisements ont livré des silex collec-tés dans le nord de l'Aquitaine.<br />Ces industries ne montrent pas de particularismes techniques et s'inscrivent donc pleinement dans le cadre technologique général et la variété du Magdalénien. Sauf dans de rares cas, la conduite de l'exploitation des nucléus atteste d'un fort « opportunisme » dans la mesure où le bloc guide les choix techniques au sein d'un vaste ensemble de possibles.<br />Malgré l'existence de probables faciès d'activité, des modifications diachroniques de la composition techno-typologique de ces industries sont perceptibles. En effet, le croisement entre les analyses strictement techniques et celle de l'outillage montre que :<br /> - l'outillage est riche en lamelles de type scalène et/ou en lamelles à dos tronquées dans les pé-riodes les plus anciennes,<br /> - l'outillage typé « Magdalénien supérieur » apparaît progressivement avec les burins de La-can, les pointes à cran puis les pointes à dos et les grattoirs unguiformes,<br /> - la fin du Magdalénien supérieur voit s'enrichir la palette technique avec l'apparition d'un dé-bitage de type carénoïde qui vient s'ajouter au fond commun de la production très variée des lamelles au Mag-dalénien moyen et supérieur,<br /> - l'extrême fin de la période révèle l'utilisation d'une nouvelle chaîne opératoire : celle desti-née à la production de supports massifs, obtenus par percussion dure rentrante, pour les pointes à dos. Elle est accompagnée de l'apparition d'une nouvelle production laminaire, au percuteur dur. Cette constatation est d'autant plus surprenante qu'elle a été réalisée au sein d'une industrie encore très magdalénienne dans ses composantes aussi bien lithique qu'osseuse.<br />Enfin, la confrontation des résultats de l'analyse de l'industrie lithique avec les sources bibliographi-ques disponibles pour les gisements contemporains prouve que, en l'état de la recherche, les gisements des Py-rénées occidentales s'apparentent plutôt à ceux du nord de l'Aquitaine qu'aux aires culturelles les plus pro-ches, c'est-à-dire les Cantabres et les Pyrénées. Ces résultats doivent cependant être nuancés en raison de l'absence de certains outils nord-aquitains (conformément aux Pyrénées centrales et aux Cantabres).<br /><br />Ce travail a eu pour but de dresser un bilan bibliographique approfondi des données disponibles pour la fin du Paléolithique supérieur dans les Pyrénées occidentales, mais aussi de démontrer que l'étude de l'industrie lithique est susceptible d'apporter des résultats majeurs et novateurs. Il s'est agi :<br />¬ de réfuter définitivement le postulat d'une zone pauvre en matières premières lithiques exploitables à travers l'analyse de leur mode d'approvisionnement,<br />¬ d'élaborer, pour la fin du Paléolithique supérieur, une nouvelle séquence de référence qui tient compte de la technique d'obtention des supports lithiques mais aussi de l'outillage. Elle demande désormais à être confirmée par l'étude de gisements non retenus dans le cadre de la thèse. Cependant, elle a d'ores et déjà montré que Bourrouilla et Duruthy – au moins – possèdent des clés fondamentales pour la compréhension de la transition entre la fin du Paléolithique supérieur et le Mésolithique,<br />¬ et de démontrer que, au Magdalénien, l'influence des deux « régions culturelles » les plus proches – Pyrénées centrales et Cantabres – n'était pas plus marquée que celle, plus éloignée, du Périgord.<br />De multiples pistes de recherches possibles sont ainsi esquissées.