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L'art de la guerre au temps des croisades (491/1098 - 589/1193) : Du théocentrisme irrationnel aux influences mutuelles et adaptations pragmatiques dans le domaine militaire

Tami, Alan 13 April 2012 (has links) (PDF)
Jusqu'aux croisades, les rencontres entre l'Orient musulman et l'Occident chrétien avaient été réduites à des échanges commerciaux anecdotiques ainsi qu'à de rares pèlerinages en Terre sainte. Et alors que les musulmans méprisaient souverainement des peuplades septentrionales vouées, selon eux, à l'égarement et à l'ignorance, les Occidentaux avaient fait de la jeune religion orientale et de ses sectateurs l'Antéchrist de leur eschatologie apocalyptique. Tous étaient imprégnés d'un théocentrisme intransigeant ne laissant aucune place à un Autre ignoré ou abhorré, si ce n'est celle de l'Ennemi. Il fallut donc une guerre généralisée entre ces deux ensembles civilisationnels aux antipodes pour qu'enfin ils se rencontrent et se côtoient durablement, jusqu'à estomper en partie des préjugés et des images déformées longtemps entretenus. Paradoxalement, la guerre et ses principales émanations (la stratégie, la tactique, l'armement et l'architecture militaire) allaient être les causes d'une meilleure connaissance mutuelle. En cherchant à répondre au mieux au défi militaire lancé par l'adversaire, chacun fut contraint de scruter les intentions, la mentalité, et surtout l'art de la guerre de l'autre ; ainsi, on n'hésita pas à en copier les concepts et les procédés jugés profitables, de même que les deux camps firent montre, dans ce domaine, d'une adaptabilité multiforme exceptionnelle. En somme, loin de la vision répandue présentant les croisades comme des conflits séculaires purement religieux ayant opposé de manière manichéenne deux conceptions monolithiques et hermétiques du monde et de la guerre, il semblerait en réalité que la Syrie du XIIe siècle fut d'abord un creuset d'échanges dans lequel le maître mot était "pragmatisme".
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L'art de la guerre au temps des croisades (491/1098 - 589/1193) : Du théocentrisme irrationnel aux influences mutuelles et adaptations pragmatiques dans le domaine militaire / The art of war at the time of the Crusades (491/1098-586/1193) : From irrational theocentrism to mutual influences and pragmatic adaptations in the military field

Tami, Alan 13 April 2012 (has links)
Jusqu’aux croisades, les rencontres entre l’Orient musulman et l’Occident chrétien avaient été réduites à des échanges commerciaux anecdotiques ainsi qu’à de rares pèlerinages en Terre sainte. Et alors que les musulmans méprisaient souverainement des peuplades septentrionales vouées, selon eux, à l’égarement et à l’ignorance, les Occidentaux avaient fait de la jeune religion orientale et de ses sectateurs l’Antéchrist de leur eschatologie apocalyptique. Tous étaient imprégnés d’un théocentrisme intransigeant ne laissant aucune place à un Autre ignoré ou abhorré, si ce n’est celle de l’Ennemi. Il fallut donc une guerre généralisée entre ces deux ensembles civilisationnels aux antipodes pour qu’enfin ils se rencontrent et se côtoient durablement, jusqu’à estomper en partie des préjugés et des images déformées longtemps entretenus. Paradoxalement, la guerre et ses principales émanations (la stratégie, la tactique, l’armement et l’architecture militaire) allaient être les causes d’une meilleure connaissance mutuelle. En cherchant à répondre au mieux au défi militaire lancé par l’adversaire, chacun fut contraint de scruter les intentions, la mentalité, et surtout l’art de la guerre de l’autre ; ainsi, on n’hésita pas à en copier les concepts et les procédés jugés profitables, de même que les deux camps firent montre, dans ce domaine, d’une adaptabilité multiforme exceptionnelle. En somme, loin de la vision répandue présentant les croisades comme des conflits séculaires purement religieux ayant opposé de manière manichéenne deux conceptions monolithiques et hermétiques du monde et de la guerre, il semblerait en réalité que la Syrie du XIIe siècle fut d’abord un creuset d’échanges dans lequel le maître mot était "pragmatisme". / Until the Crusades, the encounters between the Muslim East and the Christian West had been limited to anecdotal trade exchanges as well as rare pilgrimages to the Holy Land. While the Muslims intensely despised dedicated northern tribes, in their opinion, to misguidance and ignorance, the West had made the young Eastern religion and its followers the Antichrist of their apocalyptic eschatology. All were imbued with an uncompromising theocentrism leaving no room to another ignored or abhorred, except that of the Enemy. This necessitated a general war between these two civilizational sets of the antipodes so that finally they meet and come together permanently, to the extent of partly diminishing prejudice and distorted images which were long maintained. Paradoxically, the war and its principal emanations (strategy, tactics, weaponry and military architecture) would be the causes of better mutual understanding. In seeking to best meet the military challenge launched by the enemy, everyone was forced to scrutinize the intentions, attitudes, and especially the art of war of the other, so they did not hesitate to copy the concepts and procedures deemed beneficial, as both sides made shows in this area, a multifaceted exceptional adaptability. In short, far from the common vision with the crusades as purely secular religious conflicts that opposed in a Manichean manner two monolithic and hermetic conceptions of the world and war, it would seem that Syria of the twelfth century began as a crucible exchanges in which the watchword was "pragmatism".

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