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Le réductionnisme dans le Traité de la nature humaine de David HumeNoisette, Kim January 2016 (has links)
Résumé : À l’aube des études humiennes, Norman Kemp Smith appelait à représenter Hume « suivant toutes ses nombreuses activités », comme s’il pressentait que l’étude de la pensée humienne pouvait s’avérer un labyrinthe dans lesquels les commentaires pouvaient s’égarer et se perdre de vue. Ce pressentiment, on peut le dire aujourd’hui, s’est avéré juste, et il porte avec lui une clé de lecture : pour dépasser la représentation parcellaire, fragmentée et ultimement incohérente d’un Hume kaléidoscopique, le mieux est peut-être de s’intéresser à ses activités. La présente thèse vise à circonscrire la pratique humienne de la philosophie, ou, pourrait-on dire, du travail épistémologique et conceptuel, dans l’espace de son magnum opus, et cela à l’aide d’une clé de lecture : celle du réductionnisme. Si le Traité est une oeuvre que l’on peut qualifier d’empiriste, on ne saurait la lire seulement par ce biais ou par celui de questions localisées, et nous montrons que le projet du Traité ne peut se comprendre qu’en voyant comment Hume tente d’y réduire la et les connaissances à des dépendances ou à des parties de sa propre théorie de la nature humaine. Pour cela, nous procédons via quatre chapitres. D’abord, nous tentons de circonscrire les caractéristiques les plus importantes du projet humien, c’est-à-dire de ce que Hume avait l’intention de développer à travers les contenus particuliers du Traité ; ensuite, nous nous concentrons sur la base dont Hume part et dont il se servira pour accomplir des réductions, base que l’on peut appeler une théorie des perceptions doublée d’une théorie de l’esprit (principes, facultés, relations) ; ces deux théories, couplées à un standard strict pour obtenir le statut de « vraie idée » ou d’idée intelligible, semblent amener de par leurs prémisses assez directement au scepticisme, et c’est pourquoi on traitera du scepticisme avant d’évoquer les aspects « naturalistes » du Traité au-delà des éléments de base de la théorie des perceptions et de l’esprit, soit une manoeuvre qui ne suit pas tout à fait l’ordre humien d’exposition mais nous semble suivre un certain ordre des raisons ; enfin, la quatrième partie nous permettra de passer en revue diverses réductions opérées par Hume, celles qui mènent au scepticisme pyrrhonien mises à part, ce qui nous permettra de voir quelles sont les limites et les problèmes afférents à son réductionnisme particulier. Refondateur, systématique et totalisant dans ses intentions, le Traité suit bien plus qu’un projet simplement empiriste, et on verra que dans la démarche humienne l’empirisme apparaît davantage dans les conclusions qu’au point même de départ. En le lisant comme le lieu et la conséquence d’une orientation que l’on peut dire réductionniste, on peut trouver dans le Traité un fil conducteur qui, en dépit de problèmes plus ou moins importants rencontrés en cours de route, ne se rompt pas. / Abstract : At the dawn of Hume studies, Norman Kemp Smith called to study the philosopher “in all his manifold activities,” as if he foresaw there a serious risk for the comments to lose themselves as well as each other. Today, it can be said that Kemp Smith’s foreseeing was legitimate. Fortunately, it is possible to find here a reading key: in order to go beyond fragmented and ultimately incoherent readings of Hume, the better way to proceed may consist into focusing on his activities. The present dissertation aims at delineating Hume’s practice of philosophy, or rather his conceptual and epistemological work, in his magnum opus, by focusing on why, how and when he makes reductions. As well-known, the Treatise is an empiricist work, but can never be fully understood if one focuses only on that aspect or on local and tangential questions, and we aim at showing that the Hume’s project and development of said project can only be understood by following how the philosopher tries to reduce most (if not all) knowledge to dependencies of his own theory of human nature. In order to do that, we proceed through four chapters. First, we circumscribe the most important features of the project before and behind the Treatise, which is, what Hume intended to develop through the particular contents of the work. Second, we focus on the conceptual basis from where Hume accomplishes reductions, a basis we call his theory of perceptions, on which is grafted a theory of mind (principles, faculties, relations). These theories, associated to an intention to boil down everything into perceptions as well as to a strict standard to give a mental content the status of a “true idea,” seem to lead straight to skepticism, and this is why the third chapter will focus on the skeptical overtones of the Treatise before looking into aspects commonly referred to as “naturalist.” Though this maneuver does not exactly follow Hume’s own order of exposition, it follows, we think, a specific order of reasons. Finally, on the fourth chapter we review various reductions Hume proceeds (apart from those that lead to a Pyrrhonian skepticism), which will allow us to highlight the limits and problems that stem from his particular breed of reductionism. Following a foundationalist, systematic and totalizing project, Hume’s Treatise is much more than simply empiricist, and as we will see the empiricist aspect appears more as a set of conclusions than as a starting point. Read as both a place and an effect of a reductionist orientation, the Treatise shows a common threat which, in spite of sometimes important problems met on the spot, never breaks.
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