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Le paradoxe des plateformes numériques : enjeux et opportunités pour la qualité et l'autonomie au travail : exploration des modèles concurrents d'Uber et d'EvaBujold, Éliane 08 1900 (has links)
Ce mémoire porte sur la qualité du travail dans l’économie de plateformes. Nous nous intéressons plus particulièrement au transport rémunéré de personnes par automobile, un secteur qui fut fortement bouleversé par l’arrivée massive des plateformes numériques au cours des dernières années. Nous souhaitons comprendre en quoi et par quels moyens les plateformes numériques, bien qu’elles témoignent de nouvelles possibilités de contrôle sur les travailleurs, constituent aussi de nouveaux espaces de pratiques émergentes d’émancipation. À travers ce rapport dialectique, nous porterons une attention toute particulière à l’autonomie, une notion qui nous apparaît transversale pour appréhender la qualité du travail dans cet univers hautement digitalisé.
Comment et dans quelle mesure l’autonomie apparente associée au travail de plateforme confère-t-elle aux travailleurs les moyens d’améliorer la qualité de leur travail et de s’émanciper? À l’inverse, cette autonomie apparente dissimule-t-elle de nouvelles modalités de contrôle et d’assujettissement ?
Afin d’explorer ces questions, nous avons choisi d’explorer deux plateformes concurrentes : la populaire plateforme Uber, multinationale et figure de proue de cette nouvelle économie, et la plateforme Eva, une alternative coopérative dite « socialement responsable » et québécoise. Des entretiens semi-dirigés avec des chauffeurs travaillant sur l’une ou l’autre des plateformes, ou simultanément avec chacune d’entre elles, permettent une compréhension nuancée de l’expérience des travailleurs et des logiques autonomes et hétéronomes qui traversent celle-ci.
La recherche interroge finalement le concept de zone grise d’emploi, récemment mobilisé dans la littérature sur l’économie de plateformes. Nous souhaitons mettre en relief comment les zones grises dans lesquelles sont plongés les travailleurs de plateformes participent à nourrir ces rapports dialectiques d’autonomie/contrôle et d’émancipation/assujettissement. Autrement dit, nous souhaitons voir si ces travailleurs sont en mesure de s’approprier ces zones grises d’emploi de manière à initier des expérimentations émancipatrices, en tension avec l’investissement hétéronome de ce même espace par les employeurs. / This thesis focuses on the quality of work in the platform economy. We are particularly interested in the remunerated passenger transportation by automobile, a sector that has been greatly disrupted by the massive arrival of digital platforms in recent years. We wish to understand how and in what ways digital platforms, although they demonstrate new possibilities of control over workers, also constitute new spaces of emerging emancipatory practices. Through this dialectical relationship, we will pay particular attention to autonomy, a notion that appears to us to be transversal to the understanding of the quality of work in this highly digitalized universe.
How and to what extent does the apparent autonomy associated with platform work give workers the means to improve the quality of their work and empower themselves? Conversely, does this apparent autonomy conceal new modalities of control and subjugation?
In order to explore these questions, we chose to explore two competing platforms: Uber, a multinational and figurehead of this new economy, and Eva, a local cooperative alternative known as “socially responsible”. Semi-directed interviews with drivers working on either platform, or simultaneously with both, allow for a nuanced understanding of the workers' experience and the autonomous and heteronomous logic that cross it.
Finally, the research questions the concept of the grey zone of employment, recently mobilized in the literature on the platform economy. We wish to highlight how the grey zones in which platform workers are immersed contribute to nourishing these dialectical relationships of autonomy/control and emancipation/subjugation. In other words, we want to see if these workers are able to appropriate these grey areas of employment in order to initiate emancipatory experiments, in tension with the heteronomous investment of this same space by employers.
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