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Polyphonies féminines : exister et résister à travers l’hybridité poétique et sa traduction : Amelia Rosselli, Toni Maraini, Dahlia Ravikovitch et Yona WallachCarraro, Marta 08 1900 (has links)
Cotutelle Université de Montréal et Université Sorbonne Nouvelle / Ce travail se propose d’étudier la poésie d’Amelia Rosselli (1930-1996), de Toni Maraini (1941), de Dahlia Ravikovitch (1936-2005) et d’Yona Wallach (1944-1985) sous l’angle de la contestation. L’objectif principal est d’analyser l’hybridité poétique et son potentiel politico-contestataire chez ces femmes qui, à travers leur écriture, se rebellent contre les diktats du système patriarcal.
L’après-guerre en Italie (Rosselli et Maraini) et la fondation de l’État d’Israël (Ravikovitch et Wallach), deux époques marquées par une forte valorisation du virilisme militariste et héroïque, constituent les contextes d’énonciation de ces œuvres. Selon notre hypothèse, c’est aussi en raison de cette valorisation du virilisme que l’expression poétique de ces femmes se conçoit comme une bataille : chacune à sa manière, les auteures aspirent à une révolution sociétale, concernant en particulier le statut des femmes et de leur écriture. Quelles sont les modalités de configuration de cette bataille, et comment celle-ci se reflète-t-elle dans la poésie de nos auteures ? Comment leur écriture s’exprime-t-elle en tant qu’espace de négociation au sein de la langue des pères ?
Cette réflexion prendra la notion d’hybridité comme point de départ, examinant l’idée d’une expression contestataire qui émanerait des interstices mêmes du discours dominant (Bhabha). L’étude sera développée en trois parties principales. D’abord, il s’agira de montrer en quoi l’absorption et l’altération du langage masculin peuvent être utilisées par les femmes comme un outil de révolte aboutissant à un langage renouvelé. Ensuite sera abordée une autre manière, plus subtile, de s’approprier la langue et le pouvoir masculins : l’appropriation et l’ingestion du corpus des hommes, entendu au double sens de matière littéraire (intertextualité) et de corps stricto sensu (cannibalisme). Enfin, nous verrons comment le sujet-femme se déplace à la conquête de l’espace et du temps – ceux-ci étant définis comme des dimensions du privilège masculin – qu’elle hybride aussi. Nous constaterons que la traduction est consubstantielle à cette opération d’hybridation : l’acte traduisant se réalise par une nouvelle cannibalisation du corpus, lequel est alors déplacé vers une autre dimension spatio-temporelle, elle aussi conséquemment hybridée. En étudiant des textes en langue originale (italien, français, hébreu) et dans leurs langues de traduction (anglais, français, italien), nous verrons comment celle-ci agit comme une caisse de résonnance pour poursuivre le geste originaire de bataille et le prolonger dans une autre dynamique à même d’en amplifier le caractère hybride et d’en attiser la flamme contestataire.
À travers ces nouvelles pistes interprétatives qui mettent de l’avant la dimension subversive de la poésie de ces auteures, ce travail démontre comment, substituant aux catégories fixes imposées par la société patriarcale une vision plus fluide du monde, l’écriture hybride des femmes fait de la page un espace révolutionnaire depuis lequel un nouveau paradigme peut surgir. / This thesis analyzes the poetry of Amelia Rosselli (1930–1996), Toni Maraini (1941), Dahlia Ravikovitch (1936–2005), and Yona Wallach (1944–1985) from the angle of protest. The main aim of this research is to study the subversive potential of poetic hybridity, as it shows in the work of these women poets. Through their writing, in fact, they rebel against the dictates of the patriarchal system.
The context of these works are post-war Italy (Rosselli and Maraini) and the founding of the State of Israel (Ravikovitch and Wallach), both periods marked by militarist virilism and heroic values. According to my hypothesis, such virilism is one of the reasons why the poetic expression of these women is conceived as a battle. Each in their own way, the authors aspire to a social revolution, which focuses on the status of women and their writing. Which shapes does this battle take, and how is it reflected in the poetry of these authors? How is their writing expressed as a space for negotiation within the language of the fathers?
Starting from the notion of hybridity, this thesis investigates the idea of a protest expression emanating from the interstices of the dominant discourse (Bhabha). This work is divided into three main parts. Firstly, I show how women appropriate and alter male language as a tool of dissent, thus creating a renovated language. Secondly, I focus on the appropriation and ingestion of the corpus of men: both in the sense of literary material (intertextuality), and as body stricto sensu (cannibalism). Finally, I analyze how the woman-subject conquers and hybridizes space and time, which have been normally defined by male privilege. The act of translation is directly connected with the process of hybridization. Translating, in fact, resolves in a new cannibalization of the corpus, which is then moved to another space-time dimension.
By approaching the texts in the original languages (Italian, French, Hebrew), as well as their translations (English, French, Italian), I show how the translation acts as a sounding box, amplifying the original intention of battle. Thanks to these new interpretive trajectories, focusing on the subversive dimension of these authors’ poetry, this work highlights the transformative power of substituting fixed categories imposed by patriarchal society with a more fluid vision of the world. Thus, the hybrid writing of women has the potential to transform the written page into a revolutionary space from which a new paradigm can emerge.
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