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La relégation des récidivistes en Guyane française. Les relégués au bagne colonial de Saint-Jean-du-Maroni, 1887-1953.Sanchez, Jean-Lucien 03 December 2009 (has links) (PDF)
Notre thèse porte sur l'étude de la colonisation pénale de la Guyane française par des relégués internés au bagne colonial de Saint-Jean-du-Maroni. La loi sur la relégation des récidivistes votée le 27 mai 1885 entraîne l'exil à perpétuité au sein d'une colonie de délinquants et de criminels récidivistes. De 1887 à 1953, la Guyane va ainsi recevoir plus de 17 000 condamnés destinés à devenir des colons et à s'intégrer au tissus économique et social de la colonie. Les cibles de cette loi sont essentiellement des délinquants récidivistes condamnés pour des délits de vol simple, d'escroquerie et de vagabondage et leur "élimination sociale" repose sur une mécanique unique dans l'histoire du droit pénal français. La relégation aménage en effet une "présomption irréfragable d'incorrigibilité" qui repose sur un quantum, c'est-à-dire sur un nombre de peines qui, si elles sont toutes inscrites au casier judiciaire d'un condamné récidiviste, entraînent le prononcé obligatoire pour le magistrat de la peine de la relégation. Cette loi détermine ainsi un seuil positif qui consacre l'existence de criminels et de délinquants dits incorrigibles. Notre travail repose donc d'une part sur l'analyse de la construction de la catégorie pénale de criminels incorrigibles que la relégation vient consacrer en droit à partir de 1885 et s'articule d'autre part sur les modalités d'application de cette mesure sur le sol de la métropole puis sur celui de la colonie. Le processus d'élaboration de la relégation s'effectue au sein d'une configuration politique qui conduit les législateurs à subir de multiples pressions et à tenir compte des conclusions dégagées par un grand nombre d'acteurs extérieurs à la sphère parlementaire. L'origine de cette loi est ainsi fortement conditionnée par des experts du crime et des peines, par des magistrats et par des statisticiens qui vont construire dans leurs domaines d'activité respectifs une représentation de la criminalité qui repose sur une distinction fondamentale à partir de la seconde moitié du XIXe siècle : le partage entre criminels d'accident ou d'occasion et criminels d'habitude ou incorrigibles. Ces derniers correspondent à tous ceux que la pénalité classique, c'est-à-dire l'emprisonnement, ne parvient plus à "corriger" et les multiples récidives dont ils sont coupables manifestent aux yeux des législateurs leur dangerosité avérée. Dans ce schéma, la relégation permet de garantir à la métropole sa sécurité en les exilant hors d'elle et permet d'espérer leur relèvement grâce à un changement de "milieu" salvateur. Mais la relégation, en étiquetant comme incorrigibles tous les condamnés qu'elle atteint, ne manque pas de les signaler comme tels sur le sol de la colonie. Le stigmate de l'incorrigibilité poursuit ainsi les relégués en Guyane et, partagé par les acteurs en charge de les condamner en métropole, il est également partagé en Guyane par les acteurs en charge de faciliter et d'organiser leur réinsertion. Loin de faciliter leur installation sur place, la relégation s'apparente ainsi à une condamnation aux travaux forcés et les relégués demeurent une main-d'œuvre essentiellement employée aux besoins d'un bagne colonial.
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Le bagne colonial dans le roman français, 1851-1938 : genèse et structure / Penal colony in French novel, 1851-1938 : Genesis and structureBouaziz, Mansour 05 March 2019 (has links)
Le personnage du forçat est omniprésent dans la littérature française du XIXe et du début du XXe siècle. La représentation du monde des travaux forcés dans les bagnes portuaires et plus tard extra-métropolitains est à la croisée de la représentation plus large de la criminalité au XIXe siècle, selon un développement historique concomitant avec l’expansion coloniale. Les faits divers, ces petits bulletins d’alerte lancés comme une basse continue sur la cité, changent la manière de percevoir la criminalité. Obéissant à une structure particulière, le fait divers va remodeler la représentation littéraire de la criminalité. C’est ici qu’intervient le personnage du forçat. En effet, jouissant d’un statut particulier (mort/vivant/revenant), il offre aux romanciers des « conditions de possibilité » inédites jusque-là dans le monde des lettres. Jean Valjean, Monte-Cristo et Chéri-Bibi, pour ne citer que les plus connus, sont devenus des modèles dans ce qu’on peut appeler le « roman de la chiourme », (sous)-genre qui se développe en France à partir de 1830. Ainsi, Valjean donnera l’archétype du « forçat innocent », le converti miraculé et la réincarnation de Jésus-Christ. Monte-Cristo sera le Vengeur par excellence, dont le parcours donnera le modèle du genre – la vengeance étant un topos inévitable de la littérature populaire du XIXe siècle et jusqu’à nos jours. Chéri-Bibi quant à lui, au début du XXe siècle, incarne un tournant dans l’histoire du genre ; il serait au roman de la chiourme ce que Don Quichotte fut pour le roman de chevalerie : une somme et un dépassement. L’étude que nous proposons, centrée sur la « genèse et la structure » du roman du bagne, est un voyage à rebours dans l’histoire de ce genre qui ne dit pas son nom. / The character of convict is omnipresent in French literature of the nineteenth and early twentieth centuries. The representation of the world of hard labor in metropolitan and colonial prisons is at the crossroads of the broader representation of crime in the nineteenth century, according to a concomitant historical development with colonial expansion. The miscellaneous news, these little newsletters launched continually on the city, change the way of perceiving crime. Obeying a specific structure, this type of news will reshape the literary representation of crime. This is where the character of the convict comes in. Indeed, enjoying a special status (dead/alive/revenant), it offers novelists "conditions of possibility" unseen until then in the world of letters. Jean Valjean, Monte-Cristo and Chéri-Bibi, to name only the well known, have become models in what we can call the "novel of the convicts", literary (sub)-genre which develops in France from 1830 onwards. Thus, Valjean will give the archetype of the "innocent convict", the miraculous convert and the reincarnation of Jesus Christ. Monte-Cristo will be the Avenger par excellence, whose course will be the model of the genre - revenge being an inevitable topos of popular literature of the nineteenth century and until today. As for Chéri-Bibi, at the beginning of the twentieth century, embodies a turning point in the history of gender; it would be to the novel of the convict what Don Quixote was for the chivalric romance: a sum and a surpassing. The study we propose, oriented on the "genesis and structure" of the prison novel, is a reverse journey in history of this literary genre that does not say its name.
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