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Recherches sur les fédérés et l'armée romaine (de la fin du IIe siècle après J.-C. au début du VIIe siècle après J.-C) / Research on Federates and the Roman army (from the end of the second century AD to the beginning of the seventh century AD)

Sartor, Guillaume 08 December 2018 (has links)
La présente recherche sous la direction de J.-M. Carrié, a porté sur les fédérés (foederati), ces combattants barbares servant dans leurs contingents ethnico-tactiques sous commandement de leurs chefs ethniques. Les fédérés étaient fournis par des groupes ethniques alliés de l’Empire dans le cadre de traités (foedus/foedera, spondê/spondai, synthêkê/synthêkai) : des gentes foederatae, enspondoi, hypospondoi, ces termes soulignant le lien diplomatique entre l’Empire et la gens. A la dimension diplomatique, s’ajoute la dimension militaire exprimée dans le vocabulaire de l’alliance (societas, symmachia), de l’auxiliariat (auxilium) ainsi que dans celui de l’amitié (amicitia/philia). L’analyse terminologique montre que les auteurs anciens utilisent le vocabulaire classique comme un filtre qu’il faut dépasser pour appréhender les fédérés. Une analyse fine et contextualisée des sources restituant une stratigraphie sémantique et révélant les anachronismes d'historiens décrivant d'après la situation de leur époque des phénomènes passés, a permis de souligner cette évolution masquée par la continuité terminologique. L’apparition des termes techniques foederati et phoideratoi au Ve siècle ne doit pas tromper. Il faut interpréter le terme foederati à partir des années 400 comme le recours à un terme républicain ancien pour désigner un nouvel aspect d’une réalité connue des Romains – celle des contingents fournis par les alliés selon des traités – notamment depuis le basculement stratégique des guerres danubiennes sous Marc Aurèle qui annoncent les difficultés à venir de l’Empire au IIIe siècle – puis aux Ve et VIe siècles – et la nécessité pour ce dernier de trouver des solutions aux périls pesant sur l’ordre impérial : le recours au substantif foederati permettait de nommer des combattants levés par traités auprès de gentes établies sur le sol impérial (gentes foederatae intra fines imperii), les Goths incarnant, après Andrinople, les premières gentes établies par traités dans l’Empire, alors que le terme désignait les contingents ethnico-tactiques fournis par des gentes foederatae extérieures au territoire impérial. Il faut distinguer les foederati extérieurs fournis par les gentes foederatae extérieures des foederati impériaux fournis par les gentes établies dans l’Empire à partir des années 380-400. Si le phénomène des foederati est ancien, les admissions territoriales de gentes par foedera/spondai lui conférèrent de nouveaux aspects. Par l’établissement territorial de gentes intra fines imperii, l’Empire appliquait à des groupes un mode de gestion de relations romano-barbares réservé aux gentes extérieures au territoire impérial : la conclusion de traités. Pris dans une logique de rapports de force, sur son sol et sur ses confins, l’Empire devait utiliser ces gentes selon ses intérêts. L’étude montre que l’Empire tenta de maîtriser le phénomène en intégrant les foederati au système militaire impérial suivant des besoins militaires, tactiques et stratégiques. Le recours aux chefs comme médiateurs entre leurs gentes, leurs fédérés et l’Empire a été fondamental. La volonté de contrôle de l’Etat impérial se mesure également à l’intégration des foederati au système logistique (ravitaillement, rémunérations, entretien) de la machine de guerre impériale. On peut se demander si l’Etat impérial n’a pas conçu les foederati comme un outil permettant de gérer différemment les ressources militaires, humaines et financières nécessaires à la défense de l’Empire. A cette fin, l’idéologie impériale a développé un discours justifiant l’emploi par l’Empire de ses gentes foederatae avec des objectifs stratégiques répondant aux défis auxquels l’Empire fut confronté de la fin du IIIe siècle au début du VIIe siècle. / The federates (foederati, symmachoi, auxiliares) were soldiers recruited among barbarian groups (gentes) – settled inside or outside the Empire – who committed by treaties (foedus/foedera ; spondê/spondai) to provide the Emperor with warriors serving on their owns.The study tries to show that the Empire attempted to control this phenomenon by including the foederati to the imperial military system in accordance with military needs and specific tactics.The will of control from the imperial state is also measured by the integration of the foederati into the imperial logistical system during military operations (food supplies, payment, and maintenance).One can wonder if the imperial state didn’t create the foederati as a tool allowing to manage – in a different way – the military, human, and financial resources required to the defense of the Empire.To that purpose, the imperial ideology seems to have set up a speech to justify and legitimate the employment by the Empire of these gentes foederatae (enspondoi, hypospondoi) with strategic goals/aims, in agreement with the challenges the Empire was confronted by from the end of the 3rd century to the beginning of the 7th (century).

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