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Le mythe du forçat dans le roman français du XIXe siècle ou Prométhée désenchaîné

Tarouilly, Julie 29 November 2012 (has links)
En un siècle troublé, né du séisme de 1789, le bagne, lieu de fracture, peut se comprendre comme le modèle spatial du doute, de la contrainte et de la souffrance, des fins et des commencements. Surtout, il est le fondateur du forçat, personnage de tous les paradoxes, repoussant les limites, animé de la fièvre des résurrections. Dans un roman cherchant à affirmer son identité, au milieu des récriminations d’une Histoire en mouvement, que signifie le surgissement en littérature, comme une invitation à imaginer l’inimaginable, de cet homme déchu, de ce coupable révélé, qui ne se satisfait d’aucune finitude et représente pourtant la finitude elle-même ? A la frontière de la réalité et du mythe, le bagnard, cet être du dehors, éclairé de la lumière étrange que projette sur lui le lieu extrême du bagne, apparaît comme un personnage nécessaire à la mise en place du roman, pêle-mêle vindicatif d’observations et d’inventions, composé du silence et de la parole. Il réunit en effet les cheminements de la différence et de la quête propres aux drames romanesques. Cet être de l’opposition – chez Victor Hugo, Balzac, Paul Féval ou encore George Sand – s’impose donc ainsi qu’un héros. L’imagination des romanciers le transfigure et lui offre le pouvoir du symbole. Comme le Titan révolté de l’Antiquité, le forçat romanesque du XIXe siècle suggère la vérité mythique d’une humanité à la recherche du sens. / In a troubled century, ensuing from the upheaval of 1789, the penal colony, place of divide, can be interpreted as a spatial model of doubt, constraint and suffering, of endings and beginnings. Above all, it is the founder of the convict, character of multiple paradoxes, pushing back the limits, motivated by the heat of resurrections of a History in motion, what is the meaning of the emergence, in literature, as an invitation to imagine the unimaginable, of that fallen man, that uncovered culprit, who is not satisfied with any finiteness yet stands for finiteness himself? Halfway through reality and myth, the convict, that man from outside, lit up by the weird light that the extreme place that is the penal colony sheds on him, appears as a necessary character for the setting up of the novel, vindictive hodge-podge of observations and inventions, made of silence and speech. It links, indeed, the development of the notions of difference and quest that are inherent to fictional drama. This being of opposition – in the works of Victor Hugo, Balzac, Paul Féval or else George Sand – imposes himself as a hero. The imagination of the novelist transfigures him and gives him the power of the symbol. As the rebellious Titan of Antiquity, the convict of the 19th century suggests the mythic truth of mankind in search of meaning.

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