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Prévention de la maladie de Lyme : facteurs sociaux et priorisation des interventionsAenishaenslin, Cécile 09 1900 (has links)
La maladie de Lyme est la maladie vectorielle la plus fréquente dans les pays tempérés et est en émergence dans plusieurs régions du monde. Plusieurs stratégies de prévention existent et comprennent des interventions qui visent les individus, comme le port de vêtements protecteurs, et d’autres qui sont implantées au niveau collectif, dont des interventions de contrôle des tiques dans l’environnement. L’efficacité de ces stratégies peut être influencée par divers facteurs, dont des facteurs sociaux tels que les connaissances, les perceptions et les comportements de la population ciblée. Elles peuvent également avoir des impacts parallèles non désirés, par exemple sur l’environnement et l’économie, et ces derniers peuvent s’opposer aux bénéfices des interventions jusqu’à remettre en cause la pertinence de leur mise en œuvre. Aussi, ces facteurs sociaux et les impacts des interventions sont susceptibles de varier selon la population ciblée et en fonction du contexte épidémiologique et social. L’objectif de cette thèse était donc d’étudier les principaux facteurs sociaux et enjeux d’importance à considérer pour évaluer l’efficacité et prioriser des interventions de prévention pour la maladie de Lyme dans deux populations exposées à des contextes différents, notamment en ce qui concerne leur situation épidémiologique, soient au Québec, où l’incidence de la maladie de Lyme est faible mais en émergence, et en Suisse, où elle est élevée et endémique depuis plus de trois décennies. L’approche choisie et le devis général de l’étude sont basés sur deux modèles théoriques principaux, soient le modèle des croyances relatives à la santé et celui de l’aide à la décision multicritère.
Dans un premier temps, les facteurs associés à la perception du risque pour la maladie de Lyme, c’est-à-dire l’évaluation cognitive d’une personne face au risque auquel elle fait face, ont été étudiés. Les résultats suggèrent que les facteurs significatifs sont différents dans les deux régions à l’étude. Ensuite, l’impact des connaissances, de l’exposition, et des perceptions sur l’adoption de comportements préventifs individuels et sur l’acceptabilité des interventions de contrôle des tiques (acaricides, modifications de l’habitat, contrôle des cervidés) a été comparé. Les résultats suggèrent que l’impact des facteurs varierait en fonction du type du comportement et des interventions, mais que la perception de l’efficacité est un facteur commun fortement associé à ces deux aspects, et pourrait être un facteur-clé à cibler lors de campagnes de communication. Les résultats montrent également que les enjeux relatifs aux interventions de contrôle des tiques tels que perçus par la population générale seraient communs dans les deux contextes de l’étude, et partagés par les intervenants impliqués dans la prévention de la maladie de Lyme.
Finalement, un modèle d’analyse multicritère a été développé à l’aide d’une approche participative pour le contexte du Québec puis adapté pour le contexte suisse et a permis d’évaluer et de prioriser les interventions préventives selon les différentes perspectives des intervenants. Les rangements produits par les modèles au Québec et en Suisse ont priorisé les interventions qui ciblent principalement les populations humaines, devant les interventions de contrôle des tiques. L’application de l’aide à la décision multicritère dans le contexte de la prévention de la maladie de Lyme a permis de développer un modèle décisionnel polyvalent et adaptable à différents contextes, dont la situation épidémiologique. Ces travaux démontrent que cette approche peut intégrer de façon rigoureuse et transparente les multiples perspectives des intervenants et les enjeux de la prévention relatifs à la santé publique, à la santé animale et environnementale, aux impacts sociaux, ainsi qu’aux considérations économiques, opérationnelles et stratégiques. L’utilisation de ces modèles en santé publique favoriserait l’adoption d’une approche « Une seule santé » pour la prévention de la maladie de Lyme et des zoonoses en général.
Mots-clés : maladie de Lyme, prévention, facteurs sociaux, perception du risque, comportements préventifs, acceptabilité, priorisation des interventions, contrôle des tiques, aide à la décision multicritère, analyse multicritère, Québec, Suisse, « Une seule santé » / Lyme disease is the most common vector-borne disease in temperate countries and is emerging in many parts of the world. Several prevention strategies exist and include strategies at the individual level, such as wearing protective clothing, and at the population level, including tick control interventions in the environment. The effectiveness of these strategies can be influenced by various factors, including social factors such as knowledge, perceptions and behaviors of the target population, and by their potential impacts on various sectors such as on the environment and on the economy. Also, these social factors and impacts are likely to vary according to the epidemiological and social context of the target population. The objective of this thesis was to study the main social factors and issues of importance to consider for the prioritization of preventive interventions for Lyme disease in two populations living in different contexts, particularly with regard to their epidemiological situation, that is in Quebec, where the incidence of Lyme disease is low, but emerging, and Switzerland, where it is high and has been endemic for more than three decades. The approach and the design of this study were based on two main theoretical models, namely the Health Belief Model and the multicriteria decision analysis approach.
Factors associated with risk perception, that is the cognitive assessment of a person facing a risk, for Lyme disease were studied initially in the target populations. The results suggest that factors significantly associated with a high level of risk perception are different in the two regions. Then, the impact of knowledge on Lyme disease, exposure, perceptions on the adoption of individual preventive behavior and on the acceptability of tick control interventions were compared. The data suggest that the impact of these factors varies according to the type of behavior and interventions, but that the perception of efficacy is a common factor strongly associated with both aspects, and could be targeted in communication campaigns. The results also show that issues related to tick control interventions as perceived by the participants are common in both contexts, and shared by the stakeholders involved in the prevention of Lyme disease.
Finally, a multi-criteria analysis model was developed using a participatory approach for the Quebec context, adapted to the Swiss context and allowed to prioritize preventive interventions according to different stakeholder perspectives. Rankings produced by these models prioritized interventions that primarily target human populations in preference to tick control interventions. Applying the multi-criteria decision analysis approach in the context of Lyme disease prevention led to the development of a versatile decision model that can be adapted to different contexts, including the epidemiological situation. These studies show that this approach can offer a rigorous and transparent way to integrate the multiple perspectives of stakeholders and issues of prevention including those relating to public health, animal and environmental health, social impacts, as well as economic, operational and strategic considerations. Their use in public health practices could facilitate the adoption of a practical and applied “One health” approach to Lyme disease and other zoonosis prevention.
Keywords: Lyme disease, prevention, social factors, risk perception, acceptability, prioritization of interventions, tick control, Multi-criteria decision analysis, MCDA, Quebec, Switzerland, "One health"
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