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L’œuvre de Nicolas de Vérone : intertextualité et création dans la littérature épique franco-italienne du XIVe siècle / The works of Nicolas de Vérone : intertextuality and creation in XIVth century epic Franco-Italian literature

Colin, Chloé 11 September 2009 (has links)
Nicolas de Vérone est un poète franco-italien du XIVe siècle, courtisan de Nicolas Ier d’Este, à qui il dédicace, en 1343, une de ses œuvres. Il a écrit 3 poèmes épiques de forme métrique identique mais d’inspirations profondément différentes : la Pharsale (3166 vers) raconte la guerre armée qui opposa César et Pompée en Thessalie pour la maîtrise de Rome, la Prise de Pampelune, ou Continuation de l’Entrée d’Espagne (6116 vers), est un récit qui se rattache à la tradition des aventures de Roland et de Charlemagne en Espagne avant la défaite de Roncevaux et la Passion (994 vers) narre les derniers jours de la vie du Christ.Ces 3 chansons de geste sont rédigées en franco-italien, cette langue hybride purement littéraire et probablement jamais parlée qui permet aux auteurs italiens d’adapter la geste et les héros français à un public aristocratique et bourgeois d’une Italie du Nord déjà pré-humaniste. Chacune puise son contenu à des sources clairement identifiées : les Fet des Romains, compilation française d’histoire ancienne du XIIe siècle, l’Entrée d’Espagne, épopée carolingienne d’un anonyme Padouan, la Chronique de Turpin et les Evangiles, auxquels il convient d’ajouter quelques légendes apocryphes largement répandues au Moyen Age.Les thématiques sont classiques et la lutte armée y occupe une place de choix mais le cadre des aventures narrées est singulièrement novateur en ce qu’il ne conserve aux différents éléments surnaturels de la tradition épique qu’une place minime et purement ornementale : le divin se réduit jusqu’à l’inconsistance et Dieu est un Dieu caché.Cela vient du fait que l’esprit de la chanson de geste est réinterprété à l’aune des conceptions pré-humanistes : le héros épique s’apparente désormais à un personnage romanesque et l’épaisseur psychologique qu’il gagne lui confère un statut nouveau d’homme placé au centre du monde. Le projet politique de Nicolas de Vérone est d’une étonnante modernité et prône une véritable démocratie, à l’image de la République romaine des libertés. Le sens moral de l’œuvre réserve à la prudence une place centrale en en faisant le fondement de toute action juste et droite.C’est que le sens philosophique des textes est lui-même tout à fait inédit : l’auteur concilie les vertus chrétiennes classiques et une sagesse néo-stoïcienne. Ainsi, l’humilité se fait ascèse et la mort héroïque du martyr de la foi s’apparente aux exemples des sages antiques. L’exigence de modération et la volonté de ne s’étonner de rien (nihil mirari) bien loin de la fortitudo épique, ainsi que le respect de sa nature apparaissent comme des impératifs nouveaux. Nicolas de Vérone ne nie pas la difficulté d’un tel idéal et réserve une place, à côté de la vertu absolue du sage, pour une sagesse domestique purement humaine et une parénétique. La morale s’est faite optative. / Nicolas of Verona was a 14th Century Franco-Italian poet, courtier to Nicolas Ist of Estonia, to whom, in 1343, he dedicated one of his works. He wrote 3 epic poems identical in their metrical form but each of profoundly different inspiration: La Pharsale (3166 verses) speaks of the military war between Caesar and Pompey of Thessaly for the control of Rome, la Prise de Pampelune, or Continuation de l’Entrée d’Espagne (6116 verses) is an account which relates to the traditional adventures of Roland and of Charlemagne of Spain prior to the defeat at Roncesvalles and the Passion (994 verses) narrates the last days of Christ.These 3 chansons de geste were written in Franco-Italian, a purely hybrid literary language which was probably never spoken but which enabled Italian authors to adapt la geste and French heroes for a already pre-humanist North Italian aristocratic and bourgeois audience. Each draws its content from clearly identifiable sources: The Fet des Romains, a French compilation of 12th Century ancient history, l’Entrée d’Espagne a Carolingian epic about an anonymous man from Padua, The Chronicles of Turpin and The Gospels to which it would be proper to add certain apocryphal captions commonly used in the middle ages.The set of themes are classical and the military struggle plays an important role but the setting of the adventures which are told is particularly innovative in that it only keeps a minimal and purely ornamental role for the supernatural elements of traditional epic: The divine is reduced to insubstantiality and God is a hidden God.This stems from the fact that the spirit of the chanson de geste was re-interpreted insofar as was possible in the pre-humanist conception. Henceforth the epic hero had similarities to storybook characters and the psychological depth he acquired conferred him a new status that of a man placed in the centre of the world. The political project of Nicolas of Verona was of an astonishing modernity and advocated a true democracy in the image of the freedom of the Roman Republic. The moral sense of the work reserves a central role for caution by making it the foundation of every fair and just action.The philosophical sense of the text is in itself totally original: the author reconciles classical Christian virtues and neo-stoic wisdom. Thus, humility becomes ascesism and the heroic death of the martyr for his faith is allied to that of an ancient sage. The demand for restraint and the determination to be surprised by nothing (nihil mirari), far from the epic fortitudo, as well as the respect for the nature of man appear as new imperatives. Nicolas of Verona doesn’t deny the difficulty of such an ideal and sets it along side that of the absolute virtue of the sage for purely human domestic wisdom and a parenetic. The moral is of the essence.
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La diction des chants parénétiques : de Kallinos à Tyrtée [édition, traduction, interprétation] / The diction of the parenetic songs : from Kallinus to Tyrtaeus [edition, translation, interpretation]

Année, Magali 15 November 2014 (has links)
La singularité et la fonction holoparénétique particulièrement efficace des fragments de Tyrtée et de Kallinos, trop longtemps négligées par une tradition philologique étroitement homérocentrée, imposaient d’elles-mêmes que l’on revienne sur le texte de ces deux poètes-savants du VIIe siècle a. C. et, pour ce faire, que l’on s’en tienne à la lettre des manuscrits sans d’entrée de jeu s’en offusquer, et que l’on étudie pour elle-même, en ses profondeurs linguistiques, la diction qui fut la leur et qui pour la première fois, concomitamment à Archiloque, usa du mètre élégiaque. Or, outre que le fonctionnement dialectal et rythmique de leurs fragments se révèle plus fluctuant qu’il n’y paraît, leur organisation intrinsèquement « stanzaïque » reposant sur des systèmes d’échos plus phoniques que lexicaux, ainsi que l’usage répétitif de la forme rythmiquement marquée des participes moyens-passifs en -me/noj/-(o/)menoj, sont deux traits qui nous fondent à penser que c’est un « rythme sonore », ou plus précisément « phonico-pragmatique », qui devait en être le moteur. Aussi est-ce pourquoi, puisqu’on reconnaît de plus en plus unanimement au Cratyle (dialogue éminemment poiétique de Platon) un savoir linguistique aussi fiable que véritable, j’ai cherché à travers lui une méthode qui permette d’appréhender un tel état de langue. Le parcours herméneutico-philologique qui en découle, mené à l’intérieur d’un système de correspondances phonico-syllabiques centré sur le radical du verbe me/nw « rester, tenir bon », permet de se frayer un chemin dans la dimension intra- et infra-linguistique de la diction parénétique de Tyrtée et de Kallinos afin de mieux comprendre les raisons et la nature d’une efficacité qui hérite à l’évidence de traditions non narratives. / The singularity and the most effective holoparenetic function of Tyrtaeus’ and Kallinos’ fragments, too long neglected by a philological tradition narrowly focussed on the homeric model, imposed themselves for a return to the text of these two wise-poets of the VIIth century B. C. and, to do this, required that we stick to the letter of the manuscripts without first take offense, and that we study for itself, in its depths language, the diction which was theirs and that for the first time, concomitantly with Archilochus, used the elegiac meter. Now, apart from their being dialectically and rhythmically more fluctuating than it looks, their organization inherently “stanzaic”, based on echoes which are more phonic than lexical, as well as the repeated use of the rhythmically marked form of the medio-passive participles in -me/noj/-(o/)menoj, are two features that underpin us to believe that it is a "sound " or more precisely "phonico-pragmatic" rhythm which was to be their driving force. For that reason and since it is more and more established that we must trust the linguistics of Plato’s Cratylus, I have been looking through it for a method that tackles such a state of language. The resulting hermeneutic and philological journey, through out a whole system of phonico-syllabic correspondences turning around the verbal stem of me/nw “to stand firm”, helps clear a path into the intra- and infra-linguistic dimension of Tyrtaeus’ and Kallinus’ parenetic diction in order to understand better the reasons and the nature of an efficiency that inherits obviously non-narrative traditions.

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