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Enjeux des modèles politiques d'intégration pour les relations intergroupes.Kamiejski, Rodolphe 12 December 2011 (has links)
Le processus de catégorisation sociale occupe une place centrale dans la psychologie des relations intergroupes comme fondement des stéréotypes, des préjugés et de la discrimination. Il est aussi au cœur des débats sur les modèles politiques d’intégration interrogeant différentes voies possibles du vivre ensemble. Pour construire une société harmonieuse et cohésive, doit-on être aveugle aux différences ethniques, culturelles ou religieuses comme le prône la tradition républicaine française et donc éviter la catégorisation, ou faut-il, au contraire, reconnaître et mettre en valeur les différences culturelles et religieuses à l’instar d’une politique de multiculturalisme ? L’objectif général de cette thèse est de combler le manque de recherche sur une telle problématique en France en examinant de manière systématique l’influence du modèle républicain et du multiculturalisme sur les relations intergroupes, croisant le point de vue du groupe majoritaire et des populations minoritaires.Une première série d’études (N=338) visait à développer un instrument mesurant l’adhésion aux principes du modèle républicain. Elles révèlent deux facteurs distincts caractérisant cette adhésion : la citoyenneté, associée au à des attitudes favorables à l’égard du multiculturalisme et des minorités, et la laïcité, porteuse de préjugés et de conservatisme. L’étude 3 menée auprès de minoritaires (N=42) atteste du traitement égalitaire qui caractérise la citoyenneté, promotrice d’intégration et non d’assimilation.Dans une deuxième partie, l’étude 4 s’intéressait à analyser l’incidence causale des modèles d’intégration par leur induction expérimentale auprès de minoritaires Maghrébins (N=126). Les résultats montrent que ces modèles génèrent des effets positifs sur le bien-être, l’identification aux groupes et des orientations égalitaires. Elle souligne aussi le rôle du contact occasionné par la présence d’un expérimentateur du groupe majoritaire ou minoritaire.Usant du même protocole expérimental, une troisième et dernière partie empirique étudiait les attitudes du groupe majoritaire après induction des modèles d’intégration et des situations de contact. L’étude 5 (N=82) atteste que le multiculturalisme véhicule moins d’intolérance comparée au modèle républicain français au contact d’un expérimentateur majoritaire, mais conduit à une augmentation de l’hostilité intergroupe après rencontre d’un expérimentateur immigré. L’étude 6 (N=93) réduisant le statut hiérarchique avec un compère Maghrébin confirme la responsabilité du multiculturalisme dans l’expression d’un biais défavorable aux minorités. L’ensemble de ces résultats appuie l’idée d’effets bénéfiques partagés par les deux modèles mais distingue aussi des conditions limites à leur application. / The process of social categorization is central to the psychology of intergroup relations as the cognitive basis of stereotyping, prejudice and discrimination. It is also very much involved in current political debates about integration models and ways of managing cultural and religious diversity. In order to develop an harmonious and cohesive society, should one be blind to cultural, ethnic or religious differences as advocated by the French republican tradition, and thus avoid ethnic or religious categorization, or to the contrary, should one recognize, accept and value cultural and religious differences as advocated in a multiculturalism policy? The general aim of this thesis is to examine in a systematic manner the impact of the Republican model, and of the multiculturalism model, on intergroup relations from the perspective of both majority and minority group members.In a first series of studies (N = 338), an instrument designed to measure attitudes toward the principles of the Republican model was developed. The results indicate two distinct dimensions underlying these attitudes: republican citizenship, a dimension related to positive attitudes toward multiculturalism and minority groups, and secularism, a dimension related to prejudice and conservatism. Study 3 confirms among minority group members (N = 42) that citizenship is an egalitarian dimension, positively related to integration as an acculturation strategy rather than assimilation.In a second part, Study 4 tested the experimental effects of the integration models among participants of North African origin (N = 126). The results revealed a positive effect of both models on well-being, group identification and egalitarianism. The group membership of the experimenter (minority vs. majority group member) was also shown to be important.Using the same experimental paradigm, a third and final part concerns the reactions of majority group members. Study 5 (N = 82) showed that multiculturalism is more effective than the Republican model to reduce prejudice but only when the experimenter is a majority group member. The reverse is observed when the experimenter is a member of a minority group. Study 6 (N=93) showed that this effect does not stem from the fact that the minority group member has the high status of the experimenter..Overall, the results suggest that both models can generate positive effects but that there are conditions that can prevent the materialization of these effects.
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Droit de cité ! : construction et dilution d’une politique municipale d’intégration des étrangers dans les villes de Lyon, Nantes et Strasbourg (1981-2012) / Construction and disappearance of local policies on “integration” : a study of Lyon, Nantes and Strasbourg (1981-2012)Flamant, Anouk 05 December 2014 (has links)
Depuis le début des années 1980, les élus locaux ont progressivement construit leur capacité à répondre au « problème » de l’intégration des étrangers. Cette mise à l’agenda politique a émergé en raison de sollicitations de la part du pôle associatif de l’espace local de la cause des étrangers et d’une dynamique de territorialisation des politiques d’ « intégration des étrangers » encouragée par l’État. Toutefois, c’est avec l’arrivée de nouvelles équipes municipales en 1989 que les exécutifs municipaux ont accru leurs revendications pour de nouvelles compétences sur cette thématique. Cette dynamique d’affirmation de nouvelles compétences pour les villes s’est poursuivie au cours des décennies 1990 et 2000 aussi bien dans l’espace européen que face aux autorités étatiques. Néanmoins, l’institutionnalisation d’une politique municipale d’ « intégration des étrangers » peine à avoir lieu en raison d’un engagement politique qui reste limité et de la montée en puissance d’un paradigme concurrent, celui de la « discrimination ethno-raciale ». Finalement, les exécutifs municipaux ont délaissé une action visant à résoudre les phénomènes de discriminations et d’exclusion socio-économiques des populations étrangères et de leurs enfants. L’enquête menée met en lumière plusieurs ressorts de cette dynamique générale. En premier lieu, elle permet de démontrer la force de la variable politics dans la conduite de l’action publique. Ensuite, l’enquête permet de saisir le rôle joué par la scène européenne dans le processus de contestation de la suprématie des autorités étatiques par les villes. Enfin, l’analyse des dispositifs mis en place par les trois villes étudiées révèle l’usage du critère ethnique dans le façonnement de la figure de l’ « étranger » visé par les actions municipales d’ « intégration ». / Since the early eighties, local politicians have started to claim their competencies to solve the « problem » of « integration ». Activists in favour of migrants and some national organisations have acted to make that “problem” a top priority on the political agenda. With new mayors elected in Lyon, Nantes and Strasbourg in 1989, cities have been clearly determined to increase their competencies on this topic in front of the State. This process was also noticeable at the European level in network of cities even if French cities stressed out the specific French philosophy of integration. In the 2000s, the setting up of units dedicated to “integration” reveals how local policies on “integration” have started to be institutionalised. However, the rising issue of the fight against discrimination has provoked the disappearance of an active local policy to solve the socio-economic issues migrants and ethnic minorities are facing. Our analysis reveals how politics do matter in policies and how the European level is seen as an opportunity to criticize the supremacy of the State. Last but not least, whereas France is described to be blind to ethnic communities, we stress out how city actions are laying down ethnicity to determine who is a « foreigner ».
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